Il y a tout juste un an, alors que pour une fois notre élection présidentielle ne se jouaient pas entre deux blocs d’accord sur l’essentiel mais faisant semblant d’être très fâchés (Royal-Sarkozy, Hollande-Sarkozy), une frange “réaliste” et “responsable” de la bourgeoisie et petite bourgeoisie française misait tout sur le candidat Macron, au nom de la nécessaire “lutte contre les populismes” et “la montée des idées de l’extrême-droite”. Au second tour, ils traitaient de collabos toutes celles et ceux qui doutaient de leur envie d’aller glisser un bulletin ultra-libéral pour contrer Marine Le Pen. A les entendre, nous vivions dans les années 30, la peste brune était partout et la défiance envers les étrangers, scaaaandaleuse, se diffusait.
Eh bien ça y est, chers antifascistes de salon, c’est le moment de sonner le tocsin ! L’Assemblée Nationale est sur le point de voter la loi anti-immigration la plus dure que nous ayons connu, dans un esprit qui n’a rien à envier aux emportements d’un Donald Trump que le tout Paris condamne à longueur d’antenne. Cette loi triplera la durée maximum de détention des migrants, et cela inclura les enfants, puisque le ministre de l’intérieur Gérard Collomb a jugé qu’il ne fallait pas être “trop laxiste” en empêchant des mineurs de se retrouver dans ces centres de rétention aux conditions lamentables.
Pendant ce temps, des bandes de jeunes fascistes agressent les étudiants mobilisés, mais ça n’a pas l’air d’émouvoir beaucoup le gouvernement, même si ce n’était pas arrivé depuis des décennies. Les spécialistes es “retour des années 30” ne voient pas le parallèle entre la constitution de milices fascistes anti-vermine communiste à l’époque et la façon dont un doyen d’université se sent moralement autorisé à applaudir l’action d’hommes cagoulés massacrant une bande d’étudiants occupant un amphi, à Montpellier.
Ces gens ne voient pas le rapport, parce que leur vision du fascisme et des années 30 est un fantasme de riche, d’intellos inconséquents qui ont besoin de temps en temps de se trouver un combat, pour ne pas être seulement les brosses à reluire des riches et de l’ordre établi. Ils ont trouvé “la lutte contre l’extrême-droite” mais ça pourrait être tout autre chose, de l’écologie la plus inoffensive (éteignez votre lumière 1 minutes pour “make your hypocrisy great again”) au macramé.
Bande d’enfoirés.