Dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites, tout le monde ne peut pas faire grève : certains ne travaillent pas ou plus, d’autres n’en ont pas la possibilité (indépendants, trop petite entreprise, statut précaire), d’autres encore occupent un poste dont l’arrêt n’aurait aucun véritable impact sur l’économie et le rapport de force actuel… L’un des moyens de participer au mouvement est de donner aux caisses de grève, pour permettre à ceux qui la font de tenir le plus longtemps possible et ainsi, de faire plier le gouvernement pour le bonheur des classes laborieuses ! Une caisse nationale existe, qui aide tous les grévistes, qu’ils soient syndiqués ou pas. Créée en 2016, la Caisse de Solidarité permet à tout le monde de donner, en ligne ou par courrier. Mais comment fonctionne-t-elle ? Peut-on lui faire confiance ? Nous avons répondu à plusieurs questions que l’on peut légitimement se poser, que l’on soit gréviste en demande d’aide ou non-gréviste voulant aider.
Qu’est-ce que la caisse de solidarité ? Qui la gère ?
La caisse de solidarité est une association loi 1901 qui est gérée par des bénévoles, majoritairement syndicalistes. Elle a été fondée en 2016 par la CGT Infocom, fédération du syndicat qui regroupe les professions de l’informatique, les consultants, les journalistes, etc. Elle se donne pour mission de collecter des fonds pour aider les participants à une grève reconductible contre une loi touchant tous les salariés ou contre un accord national interprofessionnel. Elle peut également collecter des fondes pour les participants à une grève reconductible dans une entreprise locale ou pour les victimes de discrimination syndicale ou militants poursuivis. Elle est depuis gérée avec l’aide de Sud-PTT 92.
Que devient l’argent que l’on donne ?
Échaudé par les ONG humanitaires, on se demande parfois où va l’argent. La caisse de solidarité donne sur son site ses statistiques d’utilisation et sa charte de fonctionnement. Nous avons demandé à Romain, secrétaire générale de la CGT Infocom et l’un des gestionnaires du site, comment était précisément utilisé l’argent “ 99.5 % des dons que les gens font reviennent aux grévistes. Les 0.5 % depuis le tout début, ce sont les frais de commissions des plateformes qu’on n’utilisait pas à l’époque. Désormais, on est chez HelloAsso (plate-forme de dons destinée aux associations) qui se finance avec un don facultatif que l’on peut donner en plus, qui n’est pas compris dans le don initial. Mais on utilise aussi Paypal, qui garde encore des frais.” Sortir des plateformes externes et des GAFAM reste un projet poursuivi par les bénévoles de la caisse de solidarité.
Qui bénéficie de l’argent de la caisse de grève ?
En 2016, la caisse de solidarité a récolté plus de 600 000 € dans le cadre de la lutte contre la loi travail. En 2020, contre la première tentative de réforme des retraites, plus de trois millions ! Comment est distribué cet argent ?
L’argent collectif est destiné à tous les grévistes qui font au moins deux jours consécutifs de grève. Il s’agit d’une règle de base destinée à soutenir les grèves reconductibles.
Ce sont les syndicats locaux ou collectifs de salariés grévistes qui peuvent en faire la demande, quelle que soit leur étiquette syndicale (ou absence d’étiquette). La caisse de solidarité leur laisse le soin de fixer les règles de distribution de la somme entre les grévistes. Pour Romain Altmann, cela fait partie des règles de base de la caisse : “L’argent doit aller aux grévistes et non pas à autre chose (payer une action, financer les syndicats). Il faut donner à tous les grévistes, syndiqués ou pas. Ensuite les syndicats qui font la demande doivent décider démocratiquement ou publiquement des règles de répartition de la somme versée. On veut que les grévistes soient impliqués d’un endroit à l’autre. Il y a des endroits où on va plutôt aider les bas salaires ; pour d’autres, c’est ceux qui ont plus de jours de grève ; ailleurs, c’est répartition égale. On ne veut pas court-circuiter ceux qui sont dans la lutte à la base.”
Comment demander de l’aide financière pour soutenir son mouvement de grève ?
Si dans votre entreprise, administration ou association, une grève reconductible a lieu, vous pouvez demander au syndicat qui y est implanté de déposer une demande auprès de la caisse. L’échelle du syndicat (section d’entreprise, union locale, branche…) n’a pas d’importance. “On reconnaît même des collectifs de lutte qui ne sont pas juridiquement existants. Tu n’es pas forcé d’être un syndicat pour toucher l’argent” précise Romain Altmann. En l’absence de syndicat ou de collectif formalisé, des grévistes peuvent individuellement contacter la caisse. Il faudra alors une fiche de paie attestant de la tenue des journées de grève.
Il est également possible de trouver sur le site de la caisse de l’aide pour créer sa propre caisse de grève locale, qui permet par exemple d’obtenir le soutien de son quartier ou de la ville dans laquelle l’entreprise en grève est implantée.
Une fois le dossier validé par les bénévoles de la caisse de solidarité, l’argent est transmis au syndicat, collectif ou à la personne en 48 h. L’idée est bel est bien de soutenir l’effort de grève au plus vite, pour inciter à son ancrage dans le temps et ainsi faire trembler le gouvernement.
Comment contacter la caisse ?
- Par courriel : contact@caisse-solidarite.fr
- Par téléphone : 06 86 46 18 84
- Nous rendre visite : 4 rue Guyton de Morveau ∙ 75013 Paris
- Sur les réseaux sociaux : linktr.ee/caissesoliasso