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C’est Pâques, les cloches sont passées : « Il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire. »

Ce doux carillon est celui de Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du MEDEF qui nous demande de faire des efforts pour sauver son système tout pourri, destructeur de vie et de planète, le tout pour que nous ayons le choix entre 8 sortes de lardons différents au supermarché et que des petits gosses de bourges puissent fonder une start up quand ça leur chante.

Qui est cet homme qui nous demande de faire des efforts, dix ans après la dernière crise économique ?

Cet homme dont le nom reflète la classe sociale a été élu président du MEDEF en 2018. On pensait toucher le fond aristocratique avec son prédécesseur Pierre Gattaz, qui était le fils d’Yvon Gattaz, ancien président du CNPF (ancien nom du MEDEF), mais non : Geoffroy Roux de Bézieux est l’héritier d’une famille de banquiers lyonnais (depuis au moins Louis XV) croisée avec une famille aristocratique au 19e siècle. C’est cette subtile alliance de nobles et de bourgeois qui a formé la grande bourgeoisie française qui règne toujours et plus que jamais sur nos vies.

Geoffroy Roux de Bézieux (on dira « GRDB » pour ne pas postillonner notre conscience de classe) est un cliché social vivant : établissement privé catholique à Neuilly, prestigieuse école de commerce, haut cadre de l’Oréal puis associé d’un fond d’investissement dans le numérique, il est – naturellement « père comblé de 4 enfants » et passionné de rubgy (il a acheté son propre club). Catholique pratiquant comme les Mulliez (Auchan) ou de Castries (Axa), il était contre le mariage pour tous. Mais avant tout, GRDB est très peiné que les Français aient des a priori sur des patrons et c’est pourquoi il a publié en 2007 un bouquin, tellement c’est triste. Persuadé que les patrons sont les vrais martyrs de notre époque, il est allé jusqu’à inventer de toute pièce le fait qu’un patron de PME se suiciderait tous les deux jours.

En 2008, GRDB pensait que la solution à la crise était plus de capitalisme, et c’est donc en toute logique qu’il est plus macroniste que Macron. En octobre, face aux manifestants contre les ordonnances travail il l’enjoignait à « ne pas céder » car « ceux qui manifestent sont obnubilés par l’égalitarisme », le péché suprême pour les grands bourgeois.

Comme tout grand bourgeois qui se respecte, GRDB estime que notre dette publique est colossale, et que la priorité qu’il veut faire porter par le MEDEF est – très original – la baisse des dépenses publiques. Naturellement, ce mec se fout des services publics, et comme Macron il doit penser qu’on met un « pognon de dingues » dans nos minima sociaux. Mais votre vie, il arrive à peine à s’y intéresser : interrogé le 29 juin sur le montant du SMIC, il s’est trompé de 110€. Alors vous pensez bien que vos 5€ d’APL, il n’en a rien à carrer, bande d’égalitaristes.

Geoffroy Roux de Bézieux, grand bourgeois banal et chiant, mais éminent ennemi du peuple, est né avec une cuillère en argent dans la bouche. Il n’a eu qu’à bouffer le fric dont sa classe sociale se goberge, et nous demande de suer encore, par notre travail, pour faire survivre le système économique qui les arrange tant.