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Dimanche soir, les résultats n’ont pas été très surprenants par rapport à ce qui avait été anticipé : en déclenchant des élections fondamentales – puisqu’elles déterminent le gouvernement du pays – sans permettre qu’une campagne se déroule avec ses débats de fond, que les partis puissent s’organiser que les citoyens aient la possibilité de s’interroger sur leurs préférences, Macron a favorisé le Rassemblement National qui était, au moment de la dissolution, en pleine dynamique. Analyse et préconisations :

Une élection dont il faut questionner la légitimité

Il faut commencer par là : puisque tous nos partis politiques adorent les élections, qu’ils y ont tous intérêts, ne serait-ce que se financer, pour régler leurs débats internes ou pour obtenir plus de visibilité, personne n’a remis en cause la tenue de cette élection en seulement 3 semaines. Et ce, alors que les délais étaient si courts que celles et ceux qui auraient voulu s’inscrire sur les listes électorales n’ont pu le faire. On répondra que des délais aussi courts sont permis par la Constitution, mais lorsqu’il s’agit de l’usage de son article 49-3, tout le monde s’indigne, et à juste titre. Mais il existe dans le monde politique français une sorte de jouissance du vote, qui est perçu comme le moment clef pour observer les rapports de force à l’œuvre dans la vie institutionnelle… et quelles que soient ses conditions.

On notera que la seule audition publique des candidats par des membres de la société civile a été faite par… le MEDEF.

Or, les conditions étaient mauvaises, très mauvaises. Outre le délai très court pour des élections cruciales (à comparer avec les six mois de débat et de discussion que suscite l’élection présidentielle quand elle a lieu), le système médiatique a tourné en plein régime en faveur d’une alternance Rassemblement National. Jordan Bardella, déjà nettement plus exposé et mis en valeur que ses concurrents lors des élections européennes, a continué de susciter l’admiration des médias de milliardaires, alors même qu’il s’est montré peu clair, contradictoire et qu’il a renoncé à toute une partie de son programme social en quelques jours.

On notera que la seule audition publique des candidats par des membres de la société civile a été faite par… le MEDEF. L’organisation patronale a fait passer un grand oral à tous les candidats, y compris la gauche, et personne ne semble avoir contesté cet état de fait, alors même, qu’à notre connaissance, la Fondation Abbé Pierre, la CGT ou la CFDT, n’ont pas eu le même honneur.

Depuis 2022, l’extrême-droite se maintient, la gauche (même unie) baisse légèrement, Macron s’effondre

Une élection de ce genre, est-ce la démocratie ? On peut en douter. Les résultats disent en revanche des choses de ce que pense et veut la population à un instant T, c’est indéniable. L’absence de campagne a clairement empêché ces opinions d’évoluer, les conversations de se faire… Il n’en demeure pas moins que les tendances sont assez claires :

  • Le Rassemblement National et ses alliés ont rassemblé un peu plus de 10 millions de votants. C’est-à-dire davantage que lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, où Marine Le Pen avait rassemblé un peu plus de 8 millions de personnes. Mais Eric Zemmour en avait réuni près de 2 millions et a été laminé lors de ces législatives, ce qui maintient le bloc d’extrême-droite à un niveau comparable entre les deux scrutins.
  • Le Nouveau Front Populaire, alliance entre la France Insoumise, le Parti Socialiste, le Parti Communiste et le Parti Écologiste, a réuni un peu moins de 9 millions de votants, contre 7,7 millions pour le candidat Mélenchon (LFI) en 2022. En additionnant les scores des candidats des autres partis de gauche à l’époque, on obtient un total gauche plus important en 2022 (10,7 millions) que le score de l’alliance NFP en 2024. La gauche dans son ensemble, alliée, a donc plutôt baissé, sans s’effondrer.
  • C’est en revanche le cas du parti présidentiel (qui change si souvent de nom qu’on ne sait plus, à la longue) qui est passé de près de 10 millions de votants au premier tour de la présidentielle de 2024 à moins de 6,5 millions voix lors de ces législatives anticipées. C’est une bérézina, méritée, pour Macron.
  • Une grande partie des votants de l’élection présidentielle de 2022 se sont abstenus en 2024 : dimanche dernier, 16,4 millions personnes ne se sont pas rendus aux urnes contre 12 millions en 2022. L’élection législative est plus technique, nettement moins lisible, et la faible durée de la campagne a permis une mobilisation certes plus forte que lors de ce même type de scrutin, mais pas à la hauteur d’une présidentielle.

Ces chiffres sont intéressants pour comprendre ce que pensent les Français, mais n’aident pas forcément à savoir qui va l’emporter lors du second tour. Car ce qui compte avec les législatives, ce n’est pas tant le total des voix que leur répartition sur le territoire. Mieux vaut avoir partout des candidats qui ont fait partout 25% que quelques candidats qui ont fait localement plus de 60%. C’est le cas de la gauche NFP, et en particulier les candidats France Insoumise, qui surperforme dans les circonscriptions populaires d’Île-de-France. La gauche a de véritables bastions qui lui permettent de réunir beaucoup de gens sous son drapeau. Mais le Rassemblement National a réussi à percer quasiment partout sur le territoire : ses candidats sont en tête dans de très nombreux endroits du pays. Auparavant localisé dans la région PACA puis dans le nord du pays, le RN est désormais populaire dans l’Ouest de la France, par exemple. 

Le RN aura le pouvoir si les macronistes lui donnent

Par conséquent, il y a nettement plus de chances que cela soit le Rassemblement National qui obtienne une majorité de députés à l’Assemblée Nationale que la gauche unie. Quant à Macron et sa clique, ils ont définitivement perdu toute chance de pouvoir à nouveau gouverner ce pays. Cette bande de délinquants en col blanc, de massacreurs de droits sociaux, d’oppresseurs de la jeunesse des quartiers, éborgneurs de gilets jaunes et tueurs de libertés publiques, n’a eu que ce qu’elle méritait. 

Mais quelle tristesse de voir le RN plébiscité par un cinquième de la population, et absolument partout, excepté dans les centre-villes de métropoles. Nous n’avons eu de cesse de le montrer durant cette courte campagne électorale : le RN envisage de livrer à la classe dominante tout ce qu’elle demande. Dans le même temps, il compte organiser un régime d’apartheid à l’égard de toute une partie de la population, et veut transformer la France en régime autoritaire raciste. Il est clair que ce cinquième de la population a exprimé, par son vote, son consentement à continuer de se faire piller par plus riche qu’elle, du moment que sont opprimés et pourchassés les plus pauvres et moins blancs qu’elle. Prenons une seconde pour dire que c’est stupide et dégueulasse d’agir ainsi, quel que soit la façon de tourner la chose. 

Le système d’élection à deux tours, par circonscription locale (pour des députés qui ont un mandat national) est une bizarrerie constitutionnelle française destinée, initialement, à favoriser une certaine stabilité du régime républicain. Désormais, un parti d’extrême-droite très autoritaire semble être en mesure de tirer parti de ce système, qui, si rien n’est fait, contribuera à l’installer durablement à la tête du pays.

Ce qui est vraiment dommage dans la position du Front populaire, c’est qu’elle fait abstraction de tout ce qui lie macronistes, LR, et extrême-droite. Pourquoi se désister en faveur de quelqu’un comme Gérald Darmanin qui a mené une politique clairement raciste et autoritaire ces dernières années ?

A court terme, la seule manière d’empêcher ça est d’obtenir des candidats et électeurs macronistes qu’ils renoncent à une élection qu’ils ont de toute façon perdu et soutiennent la gauche contre le risque fasciste. Mais, sans aucune surprise, ce n’est pas ce que toute une partie d’entre eux ont prévu de faire. Lors des fameuses triangulaires, c’est-à-dire une configuration où trois candidats, ayant dépassé le pourcentage de voix qui leur permet la qualification, sont au second tour, les candidats macronistes ne se sont, à ce jour, pas tous désistés. De telle sorte que c’est le candidat en tête, le plus souvent RN, qui risque de l’emporter.

Le soir de l’annonce des résultats, l’alliance de gauche, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, a été très (trop) claire : tous les candidats de gauche arrivés en troisième position vont se désister pour laisser le candidat macroniste mieux placé recueillir les voix de leurs électeurs et, ainsi, gagner face au RN. L’objectif est, au mieux, de priver le RN de majorité (être le plus gros groupe à l’Assemblée Nationale), et, au pire, de le priver de majorité absolue (avoir plus de la moitié des députés de l’Assemblée Nationale).

Ce n’est pas rien : dans le premier cas, le RN n’obtiendra pas la possibilité de former un gouvernement. Dans le second cas, il devra faire appel à d’autres groupes parlementaires pour faire voter ses lois, ou utiliser le triste article 49-3 de la Constitution pour passer en force… Ce qui est vraiment dommage dans la position du Front populaire, c’est qu’elle fait abstraction de tout ce qui lie macronistes, LR, et extrême-droite. Pourquoi se désister en faveur de quelqu’un comme Gérald Darmanin qui a mené une politique clairement raciste et autoritaire ces dernières années ? N’est-ce pas risqué d’afficher une solidarité “républicaine” avec les macronistes ? Ne peut-on pas craindre que cela renforce l’idée d’une gauche insoumise intégrée au système dominant et d’un RN “anti-système” ? On aurait pu imaginer un désistement du Front Populaire dans de nombreux cas, mais pas systématique et en particulier pas en faveur des anciens ministres de Macron ou d’un candidat LR. 

La classe médiatique française s’est livrée à une véritable orgie de fake news trumpiennes pour pouvoir installer l’idée d’une France Insoumise anti-républicaine et “extrême”.

Cela semble d’autant plus risqué que ce gage de respectabilité “républicaine” aux partis bourgeois ne s’est pas avéré payant. Car les médias et les politiques avaient préparé le terrain ces trois dernières semaines, ainsi que les mois précédents : la France Insoumise a été accusée des pires méfaits, à commencer par l’antisémitisme, en raison de son soutien aux victimes palestinienne du nettoyage ethnique en cours à Gaza. La classe médiatique française s’est livrée à une véritable orgie de fake news trumpiennes pour pouvoir installer l’idée d’une France Insoumise anti-républicaine et “extrême”. Apparemment, les électeurs n’ont pas été dupe de la manœuvre puisque le gros des partisans de la gauche ont maintenu leur fidélité à l’alliance NFP, malgré cette campagne massive de dénigrement. Mais en revanche, ce socle de mensonges permet aux candidats macronistes de se maintenir et de risquer la victoire du RN en tête (si tant est que leurs électeurs se reportent sur le NFP plutôt que sur le RN, ce qui n’est pas prouvé, au contraire). En se disant inquiet des fausses accusations qui pèsent sur LFI, ils peuvent en toute bonne conscience ignorer les réelles abominations que porte le RN.

C’est triste, mais éviter d’avoir un gouvernement d’extrême-droite, pour la première fois depuis 1944, dans notre pays, repose sur la conscience morale de politiques macronistes dont on a pu observer, ces sept dernières années, l’absence totale de scrupule et de sens civique. Bref, on est mal barré.

Que faire ?

1- La gauche à la croisée des chemins : repli sur soi ou renouveau des pratiques et des discours

La baisse des votants de gauche par rapport à 2022 doit nous alerter, ainsi que la mauvaise répartition géographique de ce camp sur le territoire national. Comme nous le disons souvent ici, les Français ne sont pas rétifs aux idées de gauche, bien au contraire. L’année dernière, ce n’était pas un mouvement social d’extrême-droite qui mettait des millions de personnes dans la rue, comme jamais dans notre Histoire, et partout dans le pays, notamment les petites villes. C’était un mouvement de défense de la Sécurité sociale, conquête historique de la gauche. Alors, que s’est-il passé ? Il y a tout d’abord la montée du racisme dans toute la société. C’est une vague de fond idéologique que la gauche n’est pas parvenue, à ce jour, à contrer.

Et puis il semble que l’incarnation politique de ces idées de gauche ne fasse pas rêver, ne suscite pas de l’adhésion, voire de la répulsion. ça n’a échappé personne et, depuis plusieurs années, on s’écharpe à gauche sur ce sujet. Il existe plusieurs positions : 

  • Une position de “gauche décomplexée” de la France Insoumise qui repose sur la fidélité à ses combats et ses valeurs, pour apporter de la cohérence sans préjuger de ce que pensent les électeurs. Cette position a été sanctionnée plutôt positivement dimanche, à travers l’engouement de ces bastions locaux et un vrai enthousiasme de la population urbaine (qui regroupe quand même énormément de monde et pas simplement les “bobos des centre-villes” comme les commentateurs le résument souvent).
  • Une position de “gauche complexée” qui s’excuse d’être de gauche et ne cesse de faire des concessions symboliques et programmatiques aux électrices, électeurs de droite et aux pouvoirs locaux. Très appréciée de la bourgeoisie médiatique, cette gauche prétendument pragmatique, “proche des gens” (*les gens qui aiment les flics et la bonne grosse viande), a perdu son porte-parole officiel, puisque Fabien Roussel a été éliminé au premier tour. François Ruffin, tenant plus soft d’une ligne un peu comparable, n’est pas non plus à la fête. Ces défaites et difficultés ne doivent pas réjouir car elles peuvent conduire à la victoire du RN. Mais elles montrent les limites de cette stratégie : souvent, on préfère l’original à la copie. Le saucisson Justin Bridoux au saucisson U collection.
  • Une position de “gauche sous-bourgeoise” qui consiste à tenter à tout bout de champ de rassurer l’électorat diplômé social libéral, rassurée par la candidature d’un François Hollande et qui trouve que Mélenchon parle trop fort. Cette position fait de l’union de la gauche l’alpha et l’oméga de tout succès politique. L’alliance “Nouveau Front Populaire” a exaucé ses souhaits. Mais force est de constater que cette proposition n’a pas permis de réunir autant d’électeurs qu’escompté, puisque le total gauche, uni sous la même bannière, de 2024, est donc inférieur au total gauche divisé à la présidentielle de 2022. Le constat est un peu le même que lors de la création de la NUPES il y a deux ans : l’union fait vibrer des gens déjà politisés à gauche mais elle ne permet en aucun cas de conquérir de nouveaux partisans. Le problème de la gauche n’est pas tant sa désunion que le fait qu’elle soit minoritaire dans la société. Des alliances à tout prix dans la confusion sont parfois contre-productives de ce point de vue.
  • Une position de gauche révolutionnaire, qui est incarnée par les partis d’extrême-gauche et des franges radicales des gilets jaunes, qui insiste sur l’incapacité des élections à changer nos vies et mise sur des mouvements sociaux insurrectionnels accompagnés de grève pour changer réellement la société, sans tomber dans les pièges institutionnels tendus par la bourgeoisie.

Ces quatre positions ont toutefois pour point commun de réunir des personnes et des partis très parisiens, très diplômés, avec, hors gauche révolutionnaire, une pratique de la politique très politicienne qui reste répulsive pour toute une partie de la population, notamment les abstentionnistes. Les formations politiques qui composent les trois premières positions sont très électoralistes et ne semblent pas très tournés vers la constitution d’une force de gauche de masse qui répond aux besoins immédiats de la population. La quatrième position est incarnée par des forces politiques dont les pratiques militantes peinent à massifier. Elle prend un nouvel essor à chaque nouveau mouvement social car elle répond pleinement à la défiance que les gens éprouvent (à juste titre) envers la politique institutionnelle, mais ne s’installe pas durablement dans la population.

Nous identifions le risque suivant : que face à une France rurale et des petites villes, face à la France ouvrière, employée et peu diplômée qui a massivement choisie le RN, la gauche, plutôt que de se remettre en cause et progresse en changeant ses pratiques, se replie sur elle-même.

Nous identifions le risque suivant : que face à une France rurale et des petites villes, face à la France ouvrière, employée et peu diplômée qui a massivement choisie le RN, la gauche, plutôt que de se remettre en cause et progresse en changeant ses pratiques, se replie sur elle-même. Car oui, face au triomphe d’idées nauséabondes et de progression indéniable d’un racisme qui gangrène toute la société, il peut être tentant de compter sur ses points forts et ses “safe space” où l’on se sent bien, électoralement comme affectivement. C’est ce qu’observe déjà le sociologue Benoît Coquard, avec qui je me suis entretenu avant les élections (publication de l’entretien à venir) : la France pourrait devenir comme les Etats-Unis, où la population se divise entre des Etats ultra progressistes et des Etats extrêmement conservateur, ce qui réduit toute chance de convaincre les habitants de ces derniers à des idées de gauche. Ce serait une erreur, dans une perspective de transformation globale du pays (puis du monde), de se satisfaire de cette situation. En 1871, la seule tentative de révolution socialiste que nous ayons connu, Paris et ses révolutionnaires se sont fait isoler de la France rurale, instrumentalisée par la bourgeoisie et l’aristocratie unie et ont perdu ainsi. 

Pendant plusieurs décennies, la gauche communiste a su briser ce schéma, en s’implantant dans les petites villes et les campagnes. Il ne faut pas oublier cet objectif, qui est la clef du succès électoral comme politique au sens plus large. Il implique de transformer les façons d’agir et de militer, comme nous l’avons si souvent prôné dans notre magazine.

2 – Organiser partout la résistance au RN

A ce jour, une victoire du RN reste une hypothèse très probable, bien qu’on ne peut pas tout à fait écarter le scénario, déjà évoqué dans nos précédentes analyses, d’une majorité “d’union républicaine” regroupant les forces politiques du Parti Socialiste à la droite non ralliée au RN. Cette union, dont on espère qu’aucun député de la FI ne sera tenté d’y participer, aurait le mérite d’une certaine cohérence idéologique, mais permettrait à Macron de poursuivre son œuvre de destruction de notre modèle social et mériterait une résistance forte de la population, qui pourrait avoir des points communs avec ce qui est décrit ci-dessous. 

Dans ma ville, Saintes (17), nous avons commencé à entendre, comme partout dans le pays, des histoires qui font froid dans le dos : ce jeune homme moqué par ses camarades de BTS parce que son père est métis. Cette collégienne harcelée durant les heures de classe par plusieurs autres enfants qui, entre autres, poussent des cris de singes, sans que la hiérarchie scolaire ne soit pour l’instant intervenue. Ailleurs, ce sont des agressions homophobes, des tags racistes, des voisins agressifs qui se sont multipliés. Ce ne sont hélas pas des situations inédites dans un pays colonial profondément marqué par le racisme. Mais la victoire électorale du RN crée une légitimation de ces attitudes et va augmenter considérablement le nombre de ses victimes. Comment agir quand la police et la gendarmerie sont composées très majoritairement d’électeurs RN, de personnalités sexistes, homophobes et racistes ?

Majorité absolue ou relative, le RN risque de nommer un gouvernement et de vouloir faire appliquer en un temps record sa politique raciste et anti-sociale. Il va être temps, pour toute une partie des fonctionnaires de ce pays, d’apprendre la désobéissance civile.

Par ailleurs, la victoire du RN reste probable, en raison de l’attitude navrante – mais hélas pas surprenante – des candidats de l’ex-majorité présidentielle. Majorité absolue ou relative, le RN risque de nommer un gouvernement et de vouloir faire appliquer en un temps record sa politique raciste et anti-sociale. Il va être temps, pour toute une partie des fonctionnaires de ce pays, d’apprendre la désobéissance civile. Il va falloir que les enseignants refusent les directeurs, que les salariés de France Travail ne coupent pas les allocations comme exigé, que les employés de société HLM refusent de signer les ordres d’expulsion… Mais tout seul, isolé, comment agir ainsi ?

Localement, nous nous sommes réunis à quelques-uns et avons commencé à concevoir les contours d’un Réseau de Résistance Citoyenne. Nous avons prévu une première réunion la semaine qui suivra le second tour, avec quelques angles simples : 

  • Nous voulons créer un rendez-vous régulier pour toutes les personnes victimes ou inquiètes de la montée des idées d’extrême-droite et leur application institutionnelle.
  • Nous voulons pouvoir mener des actions d’interventions, de protection et d’entraide pour toutes les personnes vulnérables.
  • Nous voulons faire en sorte que personne ne sente seul.e dans ce contexte grave et dangereux et que tout le monde puisse venir sans être rompu aux codes du militantisme et du syndicalisme. Nous voulons recréer un engagement facile, souple et surtout accueillant. 

Peut-être que la constitution d’un réseau de résistance de ce type, si elle fonctionne, et partout dans le pays, peut apporter une réponse au manque d’enthousiasme populaire vis-à-vis de nos idées. Car pour une fois, l’action politique va se faire sans échéance électorale, avec pour seul objectif l’entraide. 

N’est-ce pas la meilleure réponse à celles et ceux qui veulent que nous nous entre-déchirions ?


Nicolas Framont et la rédaction


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