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Vos Frustrations est une rubrique créée pour que nos lectrices et lecteurs nous racontent leur cri du cœur du moment, le sentiment d’injustice qui les habite ou ce qu’ils ont vécu au travail ou dans leur quotidien. Aujourd’hui, nous publions la frustration de Thomas Vescovi, enseignant, que l’actuelle multiplication de témoignages, dans la presse, de professeurs racontant leur “autocensure” exaspère.

J’en ai plus qu’assez de lire ces collègues s’auto-flageller ou “tirer la sonnette d’alarme” concernant des contestations de cours ou une laïcité qui ne “serait plus enseignée”.

Vous me fatiguez ! Je préfèrerai toujours un élève qui conteste mon cours et avec qui un débat s’engage plutôt qu’une classe de légumes qui n’en n’a rien à faire de ce que j’essaie de leur raconter. Je préfèrerai toujours un élève qui pose des questions ou me parle de ses convictions politiques ou religieuses plutôt qu’une classe se contentant de reprendre mes cours sans broncher.

Est-ce que j’ai déjà été contesté ? Oui ! Est-ce que c’est grave ? Non ! Est-ce que cela m’a dérangé ? Non, sinon je change de métier. Par contre, cela m’a obligé à me former deux fois plus. A m’ouvrir sur des sujets que je ne maitrisais pas (salut les illuminatis).

Je n’en peux plus de lire que des collègues n’enseigneraient plus le génocide juif ou la laïcité. Je ne vais pas dire que c’est un mensonge, mais j’aimerais bien savoir comment ils assument ça devant l’inspection académique quand le premier sujet est majeur pour le brevet des collèges et le second au programme d’EMC de tous les niveaux du collège et au programme d’histoire de 4e.

En fait, je ne voulais pas me le dire jusqu’à présent mais je ne peux plus le nier. Ce que veulent ces collègues ce sont des classes qui se taisent et les applaudissent à chaque fin d’heure.

Du fond du coeur : arrêtez de servir la soupe aux réacs et aux racistes !

Nos problèmes ne sont ni l’enseignement de la laïcité, ni du fait religieux, mais des conditions de travail qui se dégradent. Des classes surchargées où une sélection naturelle s’opère de fait (on ne peut pas faire progresser tous les élèves dans une classe à 30). Un pouvoir d’achat en baisse depuis 20 ans. Une gestion managériale qui met une pression sur les collègues les plus fragiles (et donc souvent non syndiqué) et accentue la concurrence entre les établissements (l’un allant avec l’autre).

Et c’est sur cet état de fait qu’une contestation de cours peut, je le reconnais, nous crisper et nous énerver. Mais pas l’inverse !

A bon entendeur.

PS : deux exemples en date.

Un coup de gueule de Thomas Vescovi