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“Faire plus pour ceux qui ont moins”, est, sans rire, le slogan du discours de Macron sur la pauvreté, qui se tient ce jeudi matin. Après avoir faire tout pour ceux qui ont tout, le président se penche la larme à l’œil sur “les pauvres”. Comme d’habitude, la presse a repris complaisamment les éléments de communication du président, et l’a accompagné dans sa volonté de montrer un “visage social” aux Français qui désormais le détestent très majoritairement.  Ainsi entends-on parler d’un “virage social” du gouvernement. Après avoir gavé les riches, est venu le moment de donner quelques miettes aux pauvres, et les bourgeois ont la larme à l’œil devant tant de bonté. Pourtant, à y regarder de près, le plan pauvreté du gouvernement n’a absolument rien d’un cadeau aux “pauvres”. Voici pourquoi :

  • Le leitmotiv du gouvernement est “l’accompagnement”. Des allocataires du RSA, des demandeurs d’emploi, etc. Plutôt que d’augmenter le niveau des prestations, l’objectif est de fliquer tout le monde, pour vérifier que chacun prend la route de l’emploi (de merde et mal payé de préférence).
  • A l’anglo-saxonne, le gouvernement se concentre sur “les plus en difficulté”. Après avoir dégradé l’assurance-maladie pour tout le monde, il propose d’étendre un peu la CMU-C, cette complémentaire santé à bas coût pour les bas revenus. Après avoir précarisé l’ensemble des salariés, dont les salaires n’augmentent plus, il fait tout pour donner n’importe quel emploi aux gens. Après avoir fermé les portes de l’université à tous les jeunes de milieux populaires, il va faire quelques mesurettes pour aider les plus pauvres d’entre eux à ne pas décrocher à l’école.
  • Macron a introduit son discours en définissant la pauvreté comme, on cite “le résultat d’accident de la vie, de batailles perdues…”. Ce faisant, il fait de la pauvreté un coup de malchance, un accident de parcours individuel bien triste mais qui ne remet en aucun cas en cause le système. Avec Macron et son “plan pauvreté”, il n’y a plus d’exploitation, d’aliénation, de mépris de classe et de mauvaise répartition des richesses : il n’y a que des petits accidents bien tristes et des individus qu’il faut “accompagner” de façon paternaliste.
  • La philosophie de tout ça c’est que le modèle social doit être destiné, de façon très fliquée, aux “plus en difficulté”, qu’on considère de haut et avec la plus bourgeoise des compassions. Là où le combat ouvrier avait permis la mise en place d’un système de solidarité globale ponctionnant les revenus du capital, les libéraux rêvent d’un modèle où seuls les “nécessiteux” bénéficient d’un petit transfert de richesses. Et encore pas vraiment, puisque la plupart des dispositifs reposent sur des ressources de l’Etat, collectée par l’impôt de tout le monde, et non sur les cotisations, qui ponctionnent les richesses produites par l’économie capitaliste.
  • D’ailleurs, Macron a bien rappelé que pour aider les “derniers de cordée”, il fallait des “premiers de cordée”, et que notre système productif actuel est indispensable pour sauver les pauvres, alors que c’est précisément l’inverse qui se passe. Bref, le salut des pauvres, ce sont les riches : il fallait oser.

Bref, il n’y aucun “virage social” dans ce plan pauvreté. Il se situe en grande cohérence avec l’action de torpillage de notre modèle social issu du combat de classe à la Libération. A travers les miettes qu’il nous donne, Macron continue de voler ce qu’on a.