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La loi de Sécurité globale a été adoptée par le Parlement le jeudi 15 avril à 75 voix pour et 33 contre, sur un total de… 577 députés, dont une bonne partie de playmobils qui crachent sur le peu de démocratie que l’on nous offre gracieusement sans la moindre once de culpabilité. On avait sévèrement critiqué ce projet particulièrement liberticide mais également questionné le mouvement social contre cette loi qui aura duré plusieurs mois, dont ses risques de gentrification

On apprend cette semaine qu’aux Etats-Unis, le flic Dereck Chauvin est reconnu coupable du meurtre de George Floyd, noir américain tué par la police parceque noir, malgré des tentatives d’euphémisation politico-médiatique de ce crime. Une décision qui peut-être considérée comme historique, si elle n’est pas seulement d’ordre symbolique et pour Joe Biden, l’occasion de calmer la situation d’apparence et marquer son opposition à Trump, sans pour autant résoudre le problème de fond.

Retour en France. Lors d’une conférence de presse, Gabriel Attal galère très fortement à aligner une poignée de mots au sujet d’une condamnation qui interviendrait, je cite, “dans un pays qui n’est pas… la France”. Merci pour cette belle leçon de géographie, Gabriel. A l’étranger, c’est plus ou moins condamné, tandis qu’en France, c’est flouté. Car si le Porte-parole de la macronie galère autant, c’est tout simplement parce que son gouvernement fait passer une loi de force afin de nous empêcher de filmer des policiers et leur sentiment d’impunité lorsqu’ils commettent des violences policières, vidéos qui ont pu justement permettre de rendre justice à Georges Floyd. Mais que voulez-vous, nos policiers “républicains” ne font pas d’usage disproportionné de la force, c’est bien connu. 

Cette semaine également, Mediapart révèle des trucages policiers dans l’affaire des policiers brûlés de Viry-Châtillon : des policiers ont en effet tronqué des PVs de garde à vue et ont fait sciemment condamner plusieurs innocents dont Foued, 18 ans au moment des faits, condamné à 18 ans de prison, qui en aura finalement fait 4… pour rien ! Et on apprend même que son propre avocat était dans le coup. Tiens donc, justice/police, main dans la main, on va de surprises en surprises cette semaine… 

Le problème avec la police, c’est qu’elle est intrinsèquement violente et structurellement raciste. Sa fonction même est de maintenir une forme de “paix social” hypocrite souhaitée par la bourgeoisie de ce pays, pour que l’on ne perturbe surtout pas son hégémonie sociale, politique et économique. Il y aura beau avoir une poignée de “gentils” flics, la structure même de leur métier et leurs fonctions attribuées (contrôler les pauvres, traquer les migrants, perturber les manifs et protéger le Fouquet’s) les empêcheront, de toute manière, de le faire avec “humanisme” ou certains penchants marxistes. Bah non, en fait. Des révélations s’enchaînent chaque mois en France (oui oui, bien en France, Gabi) de flics aux propos racistes, de violences et d’impunité judiciaire, mais la problématique purement politique reste la même, que nous avions résumée dans cette analyse “La police est-elle structurellement raciste ?” Spoiler alert : oui.  

“C’est la définition même d’un effet de structure : le comportement politique de la police, contrairement au reste de la population, est majoritairement d’extrême droite. Elle vote trois fois plus pour le RN que la moyenne nationale. Et ces enquêtes sont bien faites : elles ne se limitent pas au simple choix du bulletin glissé dans l’urne mais aussi aux thématiques privilégiées, ce qui témoigne de la vision du monde dont ces votes procèdent. Et on découvre, pour ceux qui ont la mauvaise foi d’en douter (et il y en a) : non, les policiers ne votent pas RN par souci de souveraineté monétaire (…)

Alors comment créer ce rapport de force ici ? La meilleure idée reste de suivre la voie tracée par ceux qui se battent depuis longtemps sur ces sujets, à commencer par le collectif Justice pour Adama Traoré. Et visiblement, ça ne passe pas par aller boire le thé avec Belloubet ou défiler sagement avec les restes cadavériques du Parti socialiste.”

Image de Une par Serge d’Ignazio