La dernière canicule a permis d’illustrer la réalité du changement climatique, mais aussi la façon avec laquelle cette réalité est désormais traitée par nos « élites » politiques et médiatiques : comme un sujet d’indignation, de pétition, de sensibilisation, mais pas d’action. Concrètement, rien n’est fait pour orienter notre économie vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de surconsommation d’énergie et d’exploitation excessive des animaux.
Les bourgeois verts sont bloqués au stade politique du « faire prendre conscience » : Yann Arthus Bertrand nous sort son nouveau film vu du ciel, destiné à alerter la population sur la réalité du monde qu’elle laissera à ses enfants. Les autres pétitionnent, se rassemblent, « l’urgence climatique » est présente dans la plupart des discours politiques. Macron macronne, il continue sa politique destinée à augmenter la profitabilité capitaliste de l’économie, mais il a « pris conscience », nous raconte-t-on. Donald Trump fait figure de grand méchant parce que lui ne reconnaît pas la réalité du changement climatique. C’est grave et malhonnête, c’est vrai.
Mais connaître la réalité du changement climatique et ne rien faire, c’est quoi ? Criminel, puisqu’on ne peut plus même dire qu’ils sont « inconscients ».
Prenons l’exemple de ces 200 paquebots de croisières qui pollueraient autant que toutes les voitures d’Europe. Les choses sont sans doute un poil plus complexe que ces gros titres, admettons, mais on tient tout de même là une grosse source de pollution. Une source qu’on peut tarir, sans avoir à « revenir à la bougie » comme s’entendent dire tous les écolos radicaux par des journalistes persuadés de tenir un bon mot. Une source inutile : en Europe, les occasions de s’amuser sont nombreuses, pas besoin de le faire sur une foutue poubelle géante. Ces immeubles flottants dévastent en plus des villes comme Venise, quand ils ne vont pas s’encastrer dans des îlots rocheux italiens. Autant il y a des questions écologiques sensibles, autant à la question « a-t-on vraiment besoin des paquebots de croisières ? », la réponse est un Non facile.
Je suis certain qu’on ferait voter les français – tout beaufs automobilistes « fumant des clopes et roulant au diesel » qu’ils sont – sur le sujet ils s’accorderaient majoritairement à voter une interdiction sous quelques années de ces baleines de mazout. Même les petits couples habitués des croisières se rabattraient sans souci sur une jolie villa de location sur la côte Adriatique.
Mais nos dirigeants et les prétendants à leurs places ne le souhaitent guère. Ils nous diront que les choses sont plus complexes (Que ferait un bourgeois sans l’argument de la complexité !), qu’il ne faut pas être dans une écologie trop oppressive, qu’il ne faut pas détruire des emplois (General Electric et Castorama ont le droit, certes, mais c’est « le marché », pas le méchant Etat), qu’il faut être dans une approche « réaliste » des choses : une interdiction d’un seul polluant plastique tous les 5 ans, visiblement, et énormément de campagne de sensibilisation à la fermeture du robinet pendant le brossage de dent.
Macron ne voudra pas interdire les paquebots de croisière. D’ailleurs, son secrétaire général, Alexis Kolher (l’homme que le Sénat accuse d’avoir menti face à la commission d’enquête sur l’affaire Benalla) était directeur financier de MSC, une compagnie maritime suisse leader dans le domaine des croisières (Oui, une compagnie maritime suisse) Nul doute qu’il pense que c’est une mauvaise idée. Les gentils écolos de la bande à Jadot expliqueront qu’il faut taxer, désinciter, et qu’il faudrait mieux entreprendre cette interdiction à l’échelle européenne. On leur dirait qu’on pourrait unilatéralement fermer les ports français aux paquebots, comme on ne se gêne pas pour fermer nos frontières aux migrants, ils préféreraient qu’on fasse un « grenelle » sur le sujet avant toute précipitation.
Sans interdiction, reconversion forcée, planification étatique des parties les plus écologiquement sensibles de l’économie, pas de tournant possible, ou du moins pas assez rapide. Sauf si on a le temps de ménager les actionnaires, et dans ces cas là cessez de nous faire flipper, mais il ne semble pas. Devenus verts, les bourgeois n’en sont pas moins bourgeois : la préservation de l’économie et donc de leurs portefeuilles comptent avant tout le reste. Alors ils feront durer le plus longtemps possible le stade de la « nécéssaire prise de conscience » – alors que tout le monde l’a dépassé – et ils nous reprocheront l’état de la planète quand il sera trop tard.
Conclusion : on pourra interdire les paquebots de croisière quand on aura repris le pouvoir aux bourgeois.