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“C’est l’illibéralisme à visage humain”, vient de raconter un chroniqueur du Figaro sur le plateau de “C à vous”. Raphaël, tout le monde se l’arrache. Enfin “tout le monde”, “tous les journalistes” hein, pour qui le monde se résume à eux-mêmes et à une centaine de gens sur Twitter. En quelques jours, la couverture presse du bonhomme est impressionnante et produit ce mécanisme moutonnier-satisfait si rigolo dans le monde médiatique : “puisque tout le monde parle du même mec, il faut tous qu’on parle du même mec puisque tout le monde parle de ce même mec”. Tout tourne donc en rond autour de Raphaël Gluscksmann, nouvel espoir “de la gauche”.

Consensuel comme tout, poli, parisien, qui se sent plus chez lui “à Londres ou à New York qu’en Picardie” – c’est ce qu’on apprend à Science Po, la mondialisation heureuse d’un coté, les ploucs de province de l’autre – Glucksmann est le fils du philosophe du même nom, qui a marqué (ou pas) son époque par ses envolées lyriques floues et consensuelles.

Il est le candidat idéal des journalistes, car plein de bonnes intentions, de belles idées, de certitudes pas dérangeantes du tout et qui ne préconise aucune mesure qui mette quiconque en danger – ni les sous de quiconque en danger, évidement. Il veut donc “sauver la démocratie libérale” contre “les populismes”, il veut “lutter contre les inégalités sociales qui menacent nos démocraties” sans parler de riches, de classes sociales ou de mouvement social : Les bourgeois respirent, personne n’est montré du doigt.

Glucksmann est l’énième figure permettant à nos élites de frissonner un peu au son des slogans et des grandes idées mais sans devoir mettre les pieds dans une manifestation (le bruit, la foule, brrr quel cauchemar) ni s’engager à faire quoi que ce soit ou à changer un iota de leur mode de vie. Mais offre le privilège de pouvoir répéter toute la journée que “l’écologie c’est très TRÈS important”, “les inégalités sociales c’est GRAVE olala” et puis “la montée des populismes m’inquiète ÉNORMÉMENT” .

Et tout ce beau monde ira voter Macron ou n’importe quel candidat de la finance quand il leur faudra choisir entre leur portefeuille et leurs belles idées – celles-ci n’engageant de toute façon à rien en terme de fiscalité, de restriction des vols Paris-New York (“j’ai plein d’amis là-bas”) et de changement institutionnel (“on a quand même besoin d’une élite politique”). Entre temps, Raphaël leur aura donné de bons petits moments de politiques “de gauche”, comme l’avait fait Benoît avant lui, de bons petits “débats avec des intellectuels”, de bonnes petites pétitions bien tournées, de belles photos avec un regard mi-taquin mi tournée vers l’Espoir.

De quoi se tenir chaud dans sa bonne conscience et sa résidence secondaire en Corse.