Ils produisent du fromage dans le 93. Certains en vendent même à Marseille. Ils sont partout, autour de vous. Ce sont les reconvertis. Loin de se cantonner à l’univers des pâtes molles et dures, ils investissent vos boulangeries, vos brasseries, vos ateliers, vos fermes. Le post-confinement et le constat que le monde d’après était en fait le même que celui d’avant, mais avec un masque porté sous le nez, ont accéléré la tendance. Pour Frustration, je raconte ma tentative de reconversion. Avertissement : expérience totale.
Je l’évoquais dans un précédent papier, j’envisage depuis pas mal d’années de plaquer ma carrière dans l’informatique et de goûter aux joies de la menuiserie. Et si j’en crois la quantité de témoignages disponibles en ligne, je suis loin d’être le seul à envisager de prendre la poudre d’escampette.
La reconversion pour tous
Il existe deux teams chez les reconvertis.
D’un côté, la team des visages apaisés, revigorés par l’abandon d’une situation professionnelle jugée insatisfaisante, épanouis dans un choix guidé par la passion. Des salariés du tertiaire aux titres LinkedIn ronflants entrepreneurs d’eux-mêmes. Des cadres supérieurs aux fonds de démarrage économisés sur une rémunération indécente. Des professions intellectuelles ubérisées, ou en voie de l’être, qui fantasment le travail manuel.
Dans l’autre team, les visages fatigués des gueules cassées de la guerre pour l’emploi. Des travailleurs de première ligne aussi flexibles qu’utiles à la société, rarement évoqués autrement qu’en statistiques. Majoritaires, mais leurs histoires inspirent moins les employés de bureau en pause dej salade sodebo devant l’écran. Des extras de la restauration reconvertis en poseur de fibre optique. Des livreurs chauffeurs Uber. Des travailleurs handicapés devenus agents d’accueil.
Au-delà de la marotte médiatique, l’attrait grandissant envers les témoignages de reconversion illustre le projet politique porté par les gouvernements successifs. Celui de « Gagner la bataille des compétences » que Muriel Pénicaud, ex-ministre du Travail, formulait en préambule d’un projet de loi au nom digne d’une mauvaise dystopie d’inspiration Orwellienne mis en image par IstockPhoto.
Il n’y a ni pénibilité au travail, ni rémunération trop basse, ni pénurie d’emplois, mais que des gens insuffisamment formés qui ne sont pas à leur place. Pas question de changer les règles du jeu, plutôt de faire en sorte que chacun s’y soumette par une configuration professionnelle qu’il accepte. Une vision du monde qui voit dans le travailleur une matière molle, façonnable à l’envie, reprogrammable par une formation adéquate. Un Menschenmaterial, « matériel humain », rappelait Johann Chapoutot dans son essai sur l’apport du Nazisme au management moderne (on n’est pas dans le point Godwin si on a Chapoutot en ref, c’est la règle). Et peu importe si cette volonté de fluidifier les parcours professionnels met à la poubelle des décennies d’expertise dont on déplorera plus tard la disparition.
Tous promis donc, un jour ou l’autre, à la reconversion, mais à des degrés divers. Car il existe bien reconversion et reconversion. Celle par choix des relatifs gagnants de la compétition sociale, et celle subie, qui traduit l’exigence de flexibilité du marché du travail. Si les reconvertis par choix espèrent s’extraire de l’emprise du monde du travail grâce à une activité qui leur plaît vraiment, les reconvertis par nécessité, rattrapés par l’impératif économique, n’ont pas d’autre choix pour assurer leur survie que de boucher les trous. À eux s’applique une logique implacable : Dura flex sed flex, le flex est dur mais c’est le flex.
Première tentative
2018. La France vient de remporter la Coupe du monde et le Covid n’existe pas encore, époque bénie où au lieu de bosser je visionne un nombre important de vidéos de menuiserie d’Olivier Verdier. Après avoir expérimenté successivement dans ma vie pro burn-out et bore-out, je me situe dans une sorte de purgatoire professionnel. Mes doigts ne mériteraient-ils pas d’être remplis d’échardes plutôt que de taper sur un clavier d’ordinateur ? Mon cul ne serait-il pas mieux derrière l’établi d’un atelier froid vaguement réchauffé par un radiateur soufflant d’appoint Leroy Merlin plutôt que visé dans un fauteuil design à écouter des boomers exiger une solution technique niveau Netflix pour leur outil informatique utilisé en interne par trois personnes ?
Très vite, j’identifie une piste prometteuse. La Mairie de Paris propose de passer le CAP menuiserie en cours du soir. Comme il ne m’est pas envisageable de tout plaquer sur un coup de tête, ce plan serait une porte de sortie idéale. Inscriptions à partir de fin août, rendez-vous est pris.
9 h 30, le jour J. Je me connecte au site à l’ergonomie digne de l’intranet de la Cogip. Les inscriptions ouvrent à 10 h, en outre il est précisé que l’ordre d’enregistrement des candidatures n’augmente en rien les chances d’être retenu. Je n’en crois pas un foutre mot. Un mensonge éhonté de barquette de ravioli frais chèvre épinard qui promet 2 portions alors qu’il est évident qu’il n’y en a qu’une, comme pour séparer le bon grain des dalleux de l’ivraie des mesurés.
9 h 59. Je passe en mode achat de place de concert et bourrine F5, prêt à déchainer les enfers. Les places sont chères, et il sera impossible d’en choper une sur Leboncoin 10 min après la mise à disposition.
10 h. Le bouton d’inscription apparaît. Je remplis le formulaire, indique des informations liées à mon état civil, mon niveau d’étude, ma situation professionnelle, ainsi qu’un court texte de motivation. À 10 h 03, l’inscription est validée.
3 semaines plus tard, mail automatique de la mairie de Paris. Refus par manque de place.
En quête de sens
Je retente ma chance les années suivantes. Mêmes refus, mêmes motifs. Ma démarche de reconversion piétine, mais pas question de me décourager. La perspective de trouver du sens me fait tenir.
Sens. Le mot revient de manière presque systématique dans les témoignages de reconvertis. La perte de sens, le désengagement des talents etc etc toi-même tu connais la ritournelle. Qu’exprime-t-il, au fond, ce mot sens ? Et la possibilité de s’en interroger, qui est un luxe en soi pas permis à tous. J’identifie derrière comme un non-dit, le cache-sexe d’une réalité plus crue. Et si, plus que l’absence de sens, le problème c’était ce N+1 à qui on a envie de décoller une balayette à chaque fois qu’on le croise dans le couloir ? En d’autres termes, les conditions de travail toxique incarnées par ce supérieur hiérarchique.
Car le sens ne fait pas tout, et beaucoup de reconvertis ne détestent pas tant leur job que les conditions dans lesquelles le travail s’effectue. La multiplication de procédures absurdes, de petits chefs, du reporting, du présentéisme, des méthodes de management toxiques qui normalisent le surmenage et le harcèlement. On ne peut douter par exemple du sens immense de l’activité des personnels soignants qui pourtant jettent l’éponge à cause de l’enfer qu’impose le lean management à l’hôpital, ou du rôle social des facteurs dont le temps accordé aux personnes âgées est désormais un service tarifé.
Ce sens, comme une évidence que la situation professionnelle que l’on cherche à fuir n’en contient pas, et n’en contiendra jamais, et que la tant convoitée reconversion en serait chargée. « Fuir, et en fuyant, chercher une arme », écrivait Deleuze à propos de Bartleby, ce personnage de la nouvelle éponyme de Melville. L’histoire d’un employé consciencieux qui, du jour au lendemain et sans raison apparente, refuse de travailler. La reconversion serait-elle donc l’arme à chercher ?
Beaucoup, en réalité, des aspirants au sens n’ont pas encore entamé de démarche concrète de reconversion. Comme si la simple perspective de sens était en soi suffisante. Jouer avec l’idée de se reconvertir, un appel d’air rendant la pilule du train-train quotidien moins amère. On jure de sauter le pas, bientôt. Dans un futur proche.
Un nouvel espoir ?
Les années passent. Autour de moi, on se reconvertit, de manière plus ou moins heureuse : maisons d’hôtes insolites, fermes agroécologiques pédagogiques, vente pyramidale de compléments alimentaires Herbalife. J’envisage d’abandonner.
Puis arrive septembre 2021 et son nouveau mail automatique que j’imagine négatif. Un rappel au bon sens annuel, le bon sens défini comme la capacité à se comporter en homo economicus raisonnable. Mais à l’ouverture, coup de théâtre.
Bingo, ma persistance a payé. Ou peut-être est-ce dû au fait que cette année, par rapport aux précédentes, j’ai la chance de vivre une période de chômage. Si le mail me semble n’afficher que peu d’ambiguïté sur la sélection de ma candidature, la pièce jointe me fait douter.
Un vert réconfortant comme une forêt de pins, mais accompagné d’une formulation énigmatique en haut à gauche « candidature retenue sous réserve d’évaluation ». Le doute se pose sur le caractère éliminatoire de l’évaluation. Suis je réellement sélectionné, ou suis je présélectionné pour une évaluation qui sera elle déterminante ?
J’exhume un post de forum sur ce cher site de l’air du bois, identique en tout point à ma situation. A priori, les commentaires indiquent qu’il ne s’agit pas d’un test éliminatoire, mais surtout de vérifier les connaissances de base du candidat dans le but de constituer des groupes de niveau.
Je n’y repense pas trop. En vue du jour fatidique, je mémorise des essences de bois grâce à une brochure de parquet et m’interroge sur la possibilité de trouver une tenue pro qui conjugue style et praticité sans ressembler à un startuper en bleu travail à 250 balles en quête de street cred.
Savoir jouer des coudes
8 h 15, 15e arrondissement de Paris, le jour de l’évaluation. Le réveil a sonné dur pour un samedi. Superstitieux, j’ai déposé avant de quitter mon domicile un baiser sur l’icône de David Graeber accrochée au-dessus de ma cheminée, saint patron des bullshit jobs, petit ange parti trop tôt.
Nous sommes une vingtaine d’aspirants reconvertis à patienter dans le hall du lycée technique. Personne ne parle, chacun regarde ses chaussures, le doigt sur la couture du pantalon. À vue d’œil, des trentenaires en quête d’autre chose, sans parvenir tout à fait à mettre précisément le doigt sur les modalités de cette autre chose. Je me fonds sans effort parmi ces profils fait du même bois que moi (vous l’avez ?).
Après 10 minutes d’attente, le directeur du lycée se pointe enfin et révèle le programme de la matinée : test sur table de 45 minutes, immédiatement suivi d’un entretien individuel de motivation. Bon sang, cette reconversion s’annonce en mode hard. Une procédure qui s’explique par des demandes d’inscriptions toujours plus nombreuses : plus de 400 inscrits cette année sur le site de la Mairie de Paris, 160 à défiler aujourd’hui, pour seulement 40 places. 1 personne sur 4. 1 personne sur 4 sera sélectionnée.
On vit vraiment dans une société
Direction une salle de classe au premier étage. Covid oblige, chacun prend place à une table individuelle. Je déballe mes affaires. J’étais loin d’imaginer un processus aussi sélectif à l’heure où il est si facile de rentrer à Sciences Po depuis que l’école a renoncé au concours.
Il en serait à présent de même en joaillerie, en maroquinerie, en pâtisserie, etc. Beaucoup de filières de reconversions adoptent un mode de recrutement ultrasélectif. Nos vies basées sur la compétition seraient devenues si insatisfaisantes que la compétition s’exporterait jusqu’à la porte de sortie ? La perspective m’étourdit. À recréer des processus de sélection identiques à ceux du marché de l’emploi, on prend le risque de le faire à l’insu et au profit des mêmes, de favoriser ceux qui ont déjà les codes de l’employabilité.
S’émanciper d’un système en mobilisant toutes les ressources et compétences acquises grâce audit système pour espérer tirer son épingle du jeu constitue un sacré paradoxe. Comme beaucoup de reconvertis j’ai la volonté d’entretenir, vis-à-vis du travail et du monde, un rapport plus sain, plus authentique. Apaisé. Tant pis si ce vœu pieux de prendre un virage à 180 degrés devient un 360 lorsque l’on espère sortir gagnant d’un Squid Game en lycée technique. L’éthos du reconverti, c’est l’art du compromis. Venir charger de bonnes intentions vite laissées dans le hall d’entrée lors d’une journée comme celle-ci. Si je veux aller plus loin, il me faut garder profil bas et me fondre dans le moule. J’attends sagement à mon bureau.
Tu peux pas test
On nous distribue les tests, une dizaine de feuilles agrafées. Vu le temps que je passe devant un clavier, j’ignore si je suis encore capable de manipuler un stylo pendant presque une heure. Prévoyant, j’ai acheté la veille un kit règle équerre et rapporteur en plastique chez Gifi. Peut-être faudra-t-il dessiner des trucs.
Le test commence par donner le cadre : concevoir une cuisine pour la famille Dubois. L’humour des auteurs me fait déjà me sentir comme à la maison.
Suivent des exercices de mathématiques, où il faut prendre des côtes, calculer des superficies, convertir des unités entre différents ordres de grandeur, appliquer les règles de proportionnalités, des exercices de lecture de tableau et graphique, avec report des abscisses ordonnées, des exercices de compréhension écrite du besoin de la famille Dubois pour sa cuisine encastrée.
Puis une partie libre, où le candidat peut briller. « Comment envisagez-vous la filière bois au 21e siècle ? » Je m’arme de ma plus belle plume. « Le bois c’est l’avenir, pensez à l’impact écologique des menuiseries en matériaux synthétiques par rapport aux traditionnelles en bois. » Immédiatement après l’avoir écrit, je renie mon laïus inspiré en me disant que le correcteur allait sûrement en lire 10 des comme ça. Trop tard.
En dernière page, un exercice demande de redessiner un motif complexe par symétrie. Mon kit Gifi me sert enfin.
Une démarche individuelle dans la logique d’individualisation du travail
Je dépose mon test complété sur le bureau du surveillant, et fonce faire la queue à l’entrée de la salle des entretiens de motivation.
Il va falloir se vendre. Je redoute la prise de parole malgré une maîtrise certaine du bullshit d’entretien d’embauche — “mon principal défaut c’est que je suis perfectionniste” — cependant mon discours est-il assez solide ?
J’imagine le pire. Je flippe de ne pas me montrer assez éloquent. J’ai la vision cauchemardesque d’une finale du concours Eloquentia où le paternalisme bourgeois d’Édouard Baer et de Leïla Bekhti trancherait que je suis le moins civilisé parmi tous ces barbares de banlieue venus s’exprimer. Peut-être aurais-je dû me faire encadrer, prendre un coach, histoire de maximiser mes chances de succès par rapport aux autres.
Car la reconversion est une démarche individuelle par essence. Il s’agit de s’extraire de sa situation insatisfaisante, afin d’en acquérir une qu’on espère plus satisfaisante. Dans la file d’attente, je ressens comme une tension qui me prend aux tripes. Les autres la ressentent-ils aussi ?
Il y a, dans la volonté de se reconvertir et de trouver du sens, le symptôme d’un échec collectif à modifier les structures du travail, le constat qu’il n’y a plus rien d’autre à sauver que soi-même. Un ciao les gars, bon courage et dieu pour tous assez déconcertant, mais dont le procès en social-traîtrise est en même temps impossible, tant reprocher de chercher à améliorer son quotidien en changeant de travail est indécent.
Car au fond est-il vraiment possible de changer les choses de l’intérieur ? Ne vaut-il pas mieux se lever et se casser, désaffecter les structures classiques du travail et tenter d’en créer de plus saines, ailleurs ?
Des interprétations du personnage de Bartleby dessinent une figure de la résistance passive, d’un moyen d’agir contre en refusant de respecter les règles. Devant moi, la file des reconvertis avance. La question que je me pose alors, c’est est-ce que la somme de nos désirs atomisés de sens de Bartleby reconvertis penche plus du côté de la petite désobéissance civile, d’un refus tout relatif de se soumettre à un ordre capitaliste, ou du côté de cette si indigente parabole du colibri qui fait sa part et espère que tout ira mieux ?
Plus que deux personnes avant moi. L’heure du jugement se rapproche, imminente. Je me sens perdre pied. Dois-je pousser plus loin ma quête de sens ? Et si la survie d’un des reconvertis qui m’entourent dépend d’être sélectionné ou non, ne risquerais-je pas de voler sa place ? Une pensée séditieuse me traverse. Avec le monde qu’on est là, à rêver d’autre chose, à avoir fait un tout petit pas de côté, et si on prenait deux secondes pour réfléchir, que ce ne soit pas triste au lieu de s’affronter pour les canaux de sauvetages du Titanic ? Je me sens virer agent provocateur. Et si on pensait une société sans travail en abolissant carrément le travail ?
Le retour à la raison
Je fuis me réfugier aux toilettes, et en fuyant, je me demande si la reconversion est bien l’arme que je cherche. Si je veux aller jusqu’au bout de ma démarche de reconversion, il faut me remotiver, et vite.
Je me jette de l’eau glaciale au visage, me gifle les joues. Je m’imagine en soirée révéler nonchalamment à mon interlocuteur que je suis devenu menuisier, et balayer d’un air suffisant son discours de cadre matrixé par son bullshit job qu’il trouve « assez passionnant et engageant » (faux, on ne m’invite pas aux soirées, allez savoir pourquoi).
De retour dans la file. C’est à moi. Gonflé à bloc, prêt à user de mon meilleur personnal branding no jutsu, j’ai fait l’école de la vie comme Léa Seydoux, je pénètre dans la salle d’entretien, une grande salle où s’alignent une bonne dizaine de tables. Assis derrière chacune d’entre elles, deux profs de l’établissement, chargés de juger de la motivation des candidats. Malin. J’identifie direct un scénario à la good cop bad cop de la menuiserie.
« Pourquoi la menuiserie ? ». De la file d’attente, j’ai entendu quantité de réponses des candidats précédents, toutes des variations de « parce que cela me passionne ». C’est peut-être ma chance de me démarquer. Un CAP, c’est avant tout un diplôme professionnel, pas un loisir d’urbain déprimé. Lorsque la question m’est posée, je rétorque : « Eh bien parce que je souhaite en faire mon métier. Oui, mon métier, mon projet professionnel à présent. » Drop the mic, fin du game.
3 semaines plus tard, un mail automatique met un coup d’arrêt brutal à ma tentative.
La famille Dubois, j’imagine, n’était pas satisfaite de sa cuisine. Ou peut-être n’ai-je pas convaincu mes interlocuteurs. Retenterai-je ma chance l’année prochaine ? “I would prefer not to” répétait inlassablement Bartleby face aux injonctions de son employeur. “Je préférerais ne pas”. Voilà c’est à peu près mon sentiment. Je préférerais ne pas.
Et vous votre projet de reconversion, ça avance ?