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L’épidémie de covid a, depuis son arrivée en France, évolué au rythme d’une politique de classe. Elle a redessiné ce qui restait de notre démocratie en une oligarchie sanitaire autoritaire et répressive, qui n’a qu’une seule ligne de conduite : préserver la vie et les profils des plus riches.

Comment le confinement a sauvé la vie des plus riches

Tout a commencé au début de l’année 2020 : la bourgeoisie internationale, adepte des voyages et de l’expatriation lucrative, ramène le virus en France. Dans notre pays, le patient zéro du “cluster” des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, une station de ski très touristique proche du Mont-Blanc, était un ressortissant britannique de retour d’un voyage d’affaires à Singapour, où plusieurs cas avaient été recensés. Pendant ce temps, les Français expatriés pour affaire en Chine ou en vacances en Egypte “exigeaient” que la France vienne les chercher. Donc acte. Les militaires qui sont allés chercher les expats de Wuhan sont revenus, n’ont en fait pas été testés, comme la ministre des armées l’a admis le mois dernier et un nouveau foyer de contamination s’est constitué dans l’Oise. L’épidémie était lancée.

La suite nous est racontée par l’enquête nationale EpiCov, lancée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et publiée cette semaine. On y apprend qu’au début de l’épidémie, les 10% les plus riches étaient les plus touchés. Leur mode de vie axé sur la sociabilité, les dîners, les réseaux mondains, les voyages, les a davantage exposé que les autres.

Puis le confinement a été mis en place. Et là, les choses se sont inversées : en mai, c’était les plus pauvres qui étaient les plus exposés à la maladie. Et les personnes issues de l’immigration extra-européenne : les noirs et les arabes, en gros. Autrement dit, le confinement a sauvé les plus riches : refugiés à la campagne, pouvant télétravailler (50% des cadres ont télétravaillé contre 1% des ouvriers, précise l’enquête), ils ont tout de même pu compter sur les plus pauvres, et parmi eux, les noirs et les arabes, pour continuer à faire tourner le pays.

Ce qui fait dire dans le Monde à Nathalie Bajos, chercheuse de l’Inserm ayant coordonné l’enquête : « Le confinement a été efficace, c’est indéniable, mais il a surtout profité aux plus riches. Socialement, il a même creusé les inégalités. »

Et qui paye le prix du confinement ? Ce sont les artisans et les salariés du bâtiment, les livreurs, les aides à domiciles, les infirmières, les salariés du nettoyage qui ont été les plus touchés. par des pertes de revenus conséquentes. Bref, celles et ceux que les grands et petits bourgeois ont tenu à applaudir pendant le confinement ont subi à fond la politique sanitaire qui a sauvé les bourgeois. Lesquels n’ont pourtant pas hésité à nous infliger pendant trois mois leurs journaux de confinement, leurs tribunes ridicules et leurs états-d ‘âmes stupides et égocentriques.

Comment le déconfinement a sauvé les profits des plus riches

Et ça ne s’arrête pas. Le gouvernement a fait le choix de ne pas revenir sur sa politique fiscale délirante en faveur des plus riches, et à continuer à tenir le cap qui a été fixé à Macron par ses riches donateurs, soutiens, et son cœur électoral : détruire le modèle social, soutenir financièrement les actionnaires, sauver à tout prix le capitalisme.

C’est pourquoi, plutôt que de nous préparer à la deuxième vague qui a pourtant été depuis longtemps annoncée en recrutant du personnel hospitalier, en donnant aux agences régionales de santé les moyens de suivre les foyers de contamination, en embauchant des profs et en donnant des moyens aux facs pour que les jeunes ne soient pas entassés en cours, le gouvernement a attendu que le virus revienne et réédite désormais une politique de confinement brouillonne, terrible financièrement pour la plupart des travailleuses et travailleurs, tout secteur confondu, et, ce faisant, préserve la vie et les profits des hauts cadres, des actionnaires, des rentiers. La “crise” permet d’ailleurs au gouvernement de leur donner encore davantage, via un “plan de relance” des dividendes, de nouvelles économies tueuses de Sécurité sociale et une loi sur les “séparatismes” pour diriger l’immense colère des Français vers les musulmans.

La démocratie française a disparu. Le peu qu’il en restait a été achevé par le coronavirus et l’usage politique répressif et autoritaire qui en a été fait par Macron et ses sbires pour sauver les riches. Nous vivons désormais en oligarchie sanitaire : dans ce régime politique, les enjeux climatiques et de santé publique sont gérés sous un seul et même angle, un unique précepte, une seule ligne de conduite : la préservation en toute circonstance des intérêts des plus riches.


Nicolas Framont