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La France Insoumise et la droite se félicitent d’un amendement qui rendra la téléconsultation, c’est-à-dire le fait d’avoir rendez-vous avec un médecin en vidéo en restant chez soi, quasi-impossible. La téléconsultation est également dans le viseur du gouvernement qui souhaite dé-rembourser les arrêts maladies délivrés par ce biais s’ils ne le sont pas par le médecin traitant. Retour sur une énième illustration d’une classe politique et d’une bourgeoisie hors-sol et jamais en retard pour pourrir nos vies et nous mettre en danger. 

Cela fait maintenant plus de deux ans que nous vivons un moment de pandémie mondiale : la pandémie de covid-19. Celle-ci a tué 6,5 millions de personnes dans le monde, dont environ 156 000 en France. Cela veut dire que juste dans notre pays, c’est l’équivalent d’une ville comme Grenoble qui a été éradiqué. 

C’est le principe d’une pandémie : elle rend les gens malades. En France c’est environ 36 millions de personnes qui ont été contaminées avec des symptômes pouvant varier de tout à rien, mais parfois très violents. Par conséquent, les arrêts maladies ont augmenté ces dernières années. Ils ont notamment augmenté en 2022, liés aux nombreux retours aux bureaux des travailleuses et travailleurs auparavant en télétravail : si certains salariés envisagent de travailler depuis chez eux en étant malades, ils envisagent moins de se rendre physiquement au bureau en étant souffrants.

Tout cela ne devrait donc absolument pas nous étonner, et cela ne devrait particulièrement pas surprendre une classe dominante qui a fait profession d’humilier toutes celles et ceux qui tiennent des discours relativistes ou complotistes sur la réalité du covid. Et pourtant…

Après l’illustre Lallement, ancien préfet de police de Paris, qui disait des malades en réanimation qu’ils ne seraient pas là où ils sont s’ils avaient respectées les règles, le gouvernement, aidé des médias, a continué d’insulter les gens malades en suggérant qu’ils sont des gros fainéants qui se mettent en arrêt pour un rien. 

Ainsi le premier à avoir mené l’offensive est le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, visiblement pas au courant pour la pandémie, et qui, s’étonnant de “‘l’explosion des arrêts maladies donnés, en téléconsultation” déclarait que les arrêts délivrés en visio par un praticien différent du médecin traitant ne seraient bientôt plus remboursés… Le corps médical appréciera la sacrée confiance que le gouvernement place dans sa capacité de jugement…

Des gens qui ne foutent rien ? des glandus et des assistés ? Maître Sarah Saldmann doit sûrement parler de sa classe parasite de bourgeois.

Auparavant c’est les médias détenus par les patrons milliardaires qui préparaient la propagande : “alors pour un rhume aussi on s’arrête, ça c’est étonnant” disait avec son air effarouché le présentateur de RMC, dont le travail est de poser son cul sur un fauteuil en râlant sur “les français” (ses auditeurs), avant que Maître Sarah Saldmann n’intervienne : “On est dans une France de fragiles. (…) Moi, profession libérale, ça ne me viendrait pas à l’esprit d’être malade. (…) On est malades parce qu’on veut glander chez soi et avoir la paie qui tombe, voilà pourquoi on est malades. Mais c’est quoi ces gens qui ne foutent rien ! C’est quoi ces glandus, ces assistés et ces feignasses ! Comment vous expliquez que (…) mes confrères professions libérales ne sont officiellement jamais malades ? (…) Parfois ils sont vraiment pas bien, ils sont à l’agonie, bah ils viennent quand même.”  

Sauf que contrairement à ce que cette illuminée raconte, illuminée qui a le mérite d’assez bien illustrer, et de manière décomplexée, la pensée patronale et gouvernementale, aller au travail lorsque l’on est malade ce n’est pas être courageux c’est mettre en danger ses collègues, c’est possiblement entraîner la mort d’une mère ou d’un père âgé que l’un d’eux sera allé visiter après qu’on l’ait contaminé… C’est donc être un égoïste et un imbécile. 

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Par ailleurs ce qu’ignore visiblement Maître Sarah Saldmann (qui trouvait que gagner 7 000 euros par mois ce n’est pas être riche) c’est qu’il existe en France un délai de carence pour les salariés du privé : des indemnités journalières ne sont disponibles qu’au bout de 3 jours. L’argument de “rester à la maison pour voir la paie tomber” exclut déjà les arrêts courts. Par ailleurs l’indemnité journalière est égale, non pas à l’intégralité du salaire journalier, mais à 50% de ce dernier, et dans une limite de 1,8 le SMIC. Il faut donc que les bourgeois se rassurent, c’est bien, déjà, la double peine pour les malades : ils souffrent physiquement (et/ou mentalement) et, en plus, perdent beaucoup d’argent.
Certains salariés disposent toutefois d’une “prévoyance d’entreprise” qui assure un maintien de salaire, mais une étude de la DRESS de 2015 avait conclu que “les salariés couverts durant le délai de carence n’ont pas de probabilité plus élevée d’avoir un arrêt dans l’année”. 

Le gouvernement, applaudi par les médias et la bourgeoisie, aura donc…

 …avant de s’étonner du recours à la téléconsultation et à la délivrance d’arrêts maladies par ce biais… Comme souvent avec les libéraux, cela ressemble à un jeu à 4 bandes pour à la fois imposer une énième mesure d’austérité déguisée, et à forcer les gens à bosser même quand ils ne sont pas en état. 

La classe politique s'en prend à la téléconsultation , pourtant les mêmes ont favorisé Doctolib qui faisait de la téléconsultation une solution face au Covid-19
Extrait du site de Doctolib : la téléconsultation y est présentée comme “une solution idéale face au Covid-19… 

Ça, c’était le projet des macronistes.
Mais c’était sans compter LFI, alliée de circonstance de la droite, qui a décidé d’aller encore plus loin en votant un amendement proposée par une députée LR…

Cet amendement prévoit les dispositions suivantes : “les actes de téléconsultations doivent être réalisés et accompagnés par un professionnel de santé afin de permettre un meilleur encadrement de cette pratique pour éviter les abus et pour répondre aux attentes des patients”. Dans les faits, cet amendement censé “éviter les abus” (quels abus ?) rend la pratique de la téléconsultation très compliquée et un peu absurde (télé-consulter un médecin à condition d’avoir…”un professionnel de santé” avec soi…) 

La France Insoumise se félicitant de voter un amendement de droite rendant plus difficile l’accès aux soins…

Il y a donc quelque chose d’un peu obscène à voir Caroline Fiat, députée de La France Insoumise, se féliciter du vote de cet amendement lamentable par son groupe avec un euphémisme exaspérant : “encadrer la téléconsultation” (tout en tuant le principe même de la téléconsultation…). 

Le militant “Méchant Handicapé” (@queeritude) a raison de rappeler que dans notre contexte sanitaire la téléconsultation permet de limiter la transmission du virus et qu’elle apporte une réponse insatisfaisante mais une réponse quand même à la réalité des déserts médicaux. Ce dernier a également raison d’établir un lien entre le mode de vie de nos députés et leur incompréhension de la difficulté de tas de gens en France à trouver ne serait-ce qu’un médecin généraliste. 

En France se soigner coûte cher, et cela est devenu difficile par la désertification médicale et l’appauvrissement des hôpitaux. L’attaque concertée contre la téléconsultation, en voulant dérembourser une grande partie des arrêts maladie délivrés par ce biais comme la macronie, ou en voulant la rendre de facto quasi-impossible d’accès comme LR et LFI, ne va faire qu’empirer notre situation déjà bien pourrie. 


Rob Grams


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