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Des journalistes de BFM TV se sont fait poursuivre par la foule à Toulouse, ce samedi. En protestation, nombre de médias locaux ont décidé de boycotter la couverture médiatique du mouvement des gilets jaunes. Parce que désormais, pour apparaître dans les actualités, il faudra être gentil avec les journalistes. Un lynchage, c’est violent, choquant, humiliant. Mais la violence, le goût du choc et l’humiliation que génère au quotidien BFM TV, on en parle ?

BFM TV, c’est la chaîne qui est capable de passer la journée de samedi à camper aux Champs-Elysée pour diffuser ses images de “violence”, pour ensuite prendre des airs affligés en plateaux avec les invités et répéter, toutes les deux phrases, “c’est inacceptable”. On est à la limite de se demander si ces journalistes n’allaient pas tendre les pavés aux manifestants pour avoir leurs belles images et ainsi pouvoir dire, en retour, plateau, “regardez ces barbares !”. C’est cette chaîne cynique et schizophrène dont on entendait la présentatrice oser dire, sans rire, “il ne faut pas oublier que dans tous les autres endroits à Paris et en France la mobilisation se passe dans le calme”… Sans en montrer la moindre image.

BFM TV, cette chaîne qui, on s’en souvient tous, est allée jusqu’à mettre la vie des otages de l’hypercasher en danger pour continuer à faire son beurre sur l’angoisse liée au terrorisme. BFM TV, la chaîne qui fait le plein d’audience et de frics de ses annonceurs quand le pays est en deuil.

BFM TV, ou “Télé Macron”. Tout le monde se souvient du check entre Ruth Elkrief et le président. Ces liens sont avérés et loin du “complotisme” dont les journalistes affublent systématiquement les Français. En octobre 2016, on apprenait l’entrée dans son équipe de campagne de Bernard Mourad, banquier d’affaires à l’ascension fulgurante, conseiller de Patrick Drahi, propriétaire de BFM TV. Deux ans plus tôt, Macron donnait le feu vert au rachat de Numéricable par SFR, propriété de Patrick Drahi, un mois après son arrivée à Bercy en août 2014 alors que son prédécesseur, Arnaud Montebourg, freinait cette opération en raison des pratiques d’évasion fiscale de Drahi (qui réside en Suisse, possède une holding au Luxembourg et des actions à Guernesey). D’où le renvoi d’ascenseur : Drahi envoie son fidèle lieutenant Mourad assister leur « ami commun » (Challenges, octobre 2016) en tant que conseiller spécial « en charge des questions et relations avec les sphères économiques. Cet ancien banquier d’affaires devrait également apporter une aide précieuse, grâce à ses réseaux, dans la recherche de financements pour la campagne présidentielle ». Alors, on fantasme ?

BFM TV, c’est cette chaîne qui ne compte sur son plateau que des éditorialistes, des patrons et des universitaires (généralement hommes et blancs ), chargés de distribuer bons et mauvais points entre les smicards gilets jaunes, les syndicalistes, les usagers et les “casseurs”, au chaud dans leur costard. Et à la fin, c’est toujours Macron qui gagne. En parallèle, des journalistes petits soldats de terrain, contraints ou de bon cœur, sont chargés de récupérer des témoignages d’usagers “en colère” dans les gares lors de grèves nationales SNCF.

Pourquoi les journalistes diffusent-ils l’avis d’usagers perturbés par les grèves de la SNCF (alors que ça ne sert à rien) ?

BFM TV, c’est Macron s’il était une chaîne de télé : l’élément de l’époque qui concentre le pire de la logique capitaliste, le pire de la collusion entre les élites, le pire du mépris du peuple et le pire de la violence sociale.