logo_frustration
U

A Versailles, les riches s’amusent comme des fous pendant que les pauvres crèvent dans leur taudis. Mais QU’EST-CE QUE C’EST JOLI !

Macron reçoit cette après-midi les députés et sénateurs à Versailles, il va leur faire un beau discours puis se tirer, et eux pourront en débattre entre eux. Imaginez la scène : un pote vous fait venir dans sa grosse baraque avec héliport et jacuzzi, il vous dit que vous coûtez un pognon de dingue et que vous êtes tous une bande de fainéants, et se tire dans sa limousine, vous laissant en discuter avec les autres invités. C’est un peu ce qui va arriver aux députés et sénateurs, et on ne va pas pleurer sur le sort de ces masos qui acceptent de se faire traîner dans le Palais des oppresseurs de la France pendant des siècles sous prétexte de respecter une disposition de la Constitution mise en place sous le règne du mafieux notoire Sarkozy.
 
Oppresser le peuple depuis Versailles est un sport national pour nos délites, et ce depuis le début du XVIIe siècle : à cette époque que les gens de droite estiment être « l’âge d’or de la Fraaaance » (notamment parce que ses armateurs partait en Afrique charger à ras bord des navires d’esclaves enchaînés à même le sol puis les amener en Amérique dont les habitants étaient méthodiquement exterminés), un petit roi paranoïaque et fébrile nommé Louis XIV décidait d’entamer un chantier pharaonique, mobilisant plus de 30 000 ouvriers, et ayant provoqué des milliers de morts, jusqu’à 10 000 selon les sources.
 
Des milliers de morts pour kiffer la vibe avec sa famille et une horde de nobles venus de toute la France pour accepter de jouer les pots de fleurs à tout moment de la journée du monarque. ça le vaut non ?
 
Hélas, ce chantier à 10 000 morts n’aura pas suffit à protéger Louis XVI de la foule venu le chercher, lui et sa famille, en 1789. Si une foule de bigot nostalgique fête depuis ce décès officiel de la monarchie, Versailles est resté, monarchie ou pas, le symbole du pouvoir et de la hargne anti-peuple des gens qui règnent sur nous depuis. Napoléon, qui a perpétué la tradition de la boucherie sur peuple, y a fait quelques bricoles, puis la bourgeoisie régnante y a fuit en 1871 quand le peuple de Paris a voulu prendre son destin en main. C’est depuis Versailles que le premier ministre Adolphe Thiers, dont nombre de nos rues et boulevard portent le nom, a déclenché une invasion militaire contre sa propre capitale. Rue par rue depuis le sud-ouest Paris fut repris depuis Versailles, tandis que les anciens ennemis prussiens assiégeaient le coté Nord-Est (C’est beau l’amitié entre Nation quand il s’agit de canarder le peuple). Et le mouvement ouvrier fut exterminé ou exilé pour 10 ans.
 
Pendant le vingtième siècle, le peuple a pu un peu domestiquer sa bourgeoisie, bien que celle-ci ait reconduit la tradition tribale de la boucherie populaire en 14-18. Versailles est devenu un musée, où on n’apprend cependant guère le prix humain de sa « magnificence ». D’illustres énarques y sont nommés et touchent un salaire mirobolant tandis que des grandes entreprises comme Vinci subventionnent tel ou tel rénovation de tel allégorie de Louis XIV jouant de la harpe d’or, pour redorer leur blason et toucher la petite réduction d’impôt qui va bien.
 
Avec les résistances populaires qui s’effilochent, le triomphe du néolibéralisme contre les peuples et les succès des forces de droite ou de gauche-de droite puis « ni gauche ni gauche, de droite », pas étonnant que les présidents et leurs fidèles se remettent à baver sur Versailles. Comme tous les enfants mégalomanes de riches, ils pensent qu’un « destin exceptionnel » les attend, et donc tout ce qu’a touché un Louis XIV ou un Napoléon leur donne la trique. Est-ce pour cela que Sarkozy a modifié en 2008 la constitution pour avoir le droit d’y faire une apparition régulière devant le parlement ? Est-ce pour cela que Macron y rassemble aujourd’hui un public dévoué alors qu’il n’a rien de spécial à dire ?
 
Ce qui est sûr, c’est qu’en ce début de siècle où notre grande bourgeoisie a repris tout le poil de la bête après quelques décennies compliquées, Versailles est redevenu le meilleur endroit depuis lequel les puissants peuvent nous regarder et nous dire combien ils nous méprisent. De notre coté, ça reste le meilleur endroit pour aller les cueillir et leur rappeler que si la France semble être toujours le pays des mégalos puérils, elle doit toujours un peu être celui d’un peuple rebelle et qu’il ne faut pas pousser dans les retranchements de sa dignité.