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Ce n’est plus un secret : Xavier Bertrand, une des figures de la droite, fait campagne pour devenir Premier Ministre de Macron. L’idée fait visiblement son chemin chez les macronistes.
Pourquoi cette hypothèse ? Parce que celui-ci serait susceptible de « faire consensus » entre la droite et le centre gauche. En effet, avec le temps et aidés de journalistes politiques lamentables, Xavier Bertrand est parvenu à gratter l’image d’un modéré, d’un représentant de la « droite sociale ». Tarification à l’acte, mise en place de la franchise médicale et du médecin traitant, service minimum, opposition au mariage et à l’adoption pour les homosexuels… tout son bilan et ses prises de position nous disent pourtant le contraire et nous rappellent qu’il est l’un des personnages les plus nocifs de la politique française des 20 dernières années
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Macron peaufine son coup d’Etat 

Alors qu’après avoir dissous l’Assemblée nationale, Macron n’a pas obtenu de majorité et que la gauche est arrivée en tête et dispose d’une majorité relative, rien n’a changé. Macron refuse de nommer Lucie Castets proposée par le Nouveau Front Populaire comme Première ministre, le gouvernement normalement démissionnaire d’Attal reste en place et continue de prendre des décisions politiques. 
Macron a arbitrairement repoussé la nomination d’un nouveau gouvernement à la mi-août soi-disant en raison des Jeux Olympiques. La vraie raison, nous le disions dans cet article, est que Macron essaie de gagner du temps pour parfaire son coup d’Etat, c’est-à-dire maintenir les macronistes au pouvoir, malgré la défaite, par une alliance de dernière minute avec la droite de LR, alliance qui existait déjà de facto à la fois sur le plan idéologique et dans les votes à l’Assemblée. 

“Le chef de l’Etat souhaiterait trouver une personnalité consensuelle à gauche comme à droite, mais dont la désignation au poste de Premier ministre donnerait une impression de cohabitation »

Le Monde, 30 juillet 2024

Un article édifiant du Monde est depuis venu confirmer ce plan. On y apprend que Macron profite de la “trêve politique” qu’il a lui même déclarée (et qu’il ne respecte en rien) pour essayer de trouver et nommer un Premier ministre qui lui permette de feindre une cohabitation tout en continuant pareil : “Le chef de l’Etat souhaiterait trouver une personnalité consensuelle à gauche comme à droite, mais dont la désignation au poste de Premier ministre donnerait une impression de cohabitation » nous dit la journaliste. Macron ayant visiblement déclaré, refusant la logique de l’alternance, que « l’urgence du pays n’est pas de détruire ce qu’on vient de faire, mais de bâtir et d’avancer ».

Depuis, la presse nous apprend aussi que Xavier Bertrand, figure importante de LR, élu local, multiple fois député, ministre sous Chirac et Sarkozy, pourrait remplir ces conditions

Les macronistes pourraient donc s’apprêter à nous expliquer qu’il est plus légitime que LR qui a fait 5,41% aux élections législatives et dont le groupe a 38 députés, accède via Xavier Bertrand au poste de Premier ministre, plutôt que Lucie Castets, candidate du Nouveau Front Populaire, groupe majoritaire arrivé en tête des élections.

Un profil typique du petit bourgeois arriviste 

Le parcours de Xavier Bertrand est aussi ennuyeux que classique. Fils de deux parents banquiers, il devient agent d’assureur pour un assureur suisse (Swiss Life) mais souhaite “faire de la politique” depuis toujours. 

Il fréquente les lieux de pouvoir, rejoint la franc-maçonnerie à 30 ans, et parvient à vivre finalement de la politique avec la succession de postes classiques : adjoint au maire, assistant au parlementaire, député… lui permettant de gagner progressivement en influence au sein de la droite. 

Xavier Bertrand : un saboteur de l’hôpital et du remboursement des soins 

Sous Chirac, en 2004, il devient secrétaire d’Etat chargé de l’assurance maladie. C’est lui qui, sous la direction de Philippe Douste-Blazy (à l’époque ministre en charge des Affaires sociales), porte et met en place l’abjecte réforme de l’assurance maladie. 

Celle-ci a instauré les franchises médicales, c’est-à -dire une somme qui reste à la charge de l’assuré en cas de remboursement par l’assurance maladie. Ces franchises injustes ont créé des barrières financières pour les patients les plus vulnérables et des inégalités pour les personnes atteintes de maladies chroniques. 

Cette réforme a également mis en place “le médecin traitant”, une galère pour les patients (et les médecins), surtout dans les déserts médicaux. Le “médecin traitant” a surtout permis de justifier d’autres baisses de remboursements : dans les cas où les patients n’auraient pas déclaré en avoir un ou dans ceux où les malades auraient besoin de consulter un spécialiste sans passer d’abord par le médecin traitant. 

Elle est aussi à l’origine de la “tarification à l’activité” (le T2A), réforme néolibérale, qui a grandement détérioré l’hôpital public et privé : accroître les logiques productivistes dans un domaine qui devrait y échapper s’est traduit par une surcharge de travail pour le personnel hospitalier, des fermetures de lits, des blocages de salaires, une diminution de la qualité du soin… Cette réforme avait déclenché des mobilisations de la part des syndicats. En vain. 

Xavier Bertrand : au cœur de “l’affaire du Médiator” 

En 2005, il se mobilise en faveur du traité pour le traité sur la constitution européenne. Ce référendum où le non l’emportera, sera trahi en 2007 par Sarkozy, vivement soutenu par Xavier Bertrand, qui fera passer le texte sous une autre forme, cette fois sans faire appel aux citoyens. 

C’est également l’année où il devient ministre de la Santé du gouvernement De Villepin (toujours sous Chirac). En 2006, la Haute autorité de santé recommande le déremboursement du Mediator, un médicament antidiabétique, qui ne présenterait selon elle “aucun intérêt de santé publique”. Xavier Bertrand refuse de dérembourser. On apprendra plus tard, par Le Canard Enchainé, que deux de ses conseillers de l’époque étaient payés par le laboratoire Servier, fabricant du Mediator. 

En 2006, la Haute autorité de santé recommande le déremboursement du Médiator, un médicament antidiabétique, qui ne présenterait selon elle “aucun intérêt de santé publique”. Xavier Bertrand refuse de dérembourser.

Problème : le Mediator était en réalité une substance dangereuse, qui, selon plusieurs études, a tué des centaines de personnes en France. Des professionnels de santé alertaient les autorités sur sa dangerosité depuis 1998, et il aura fallu attendre près de 10 ans, en 2009, pour qu’il soit retiré du marché

Un sarkozyste qui a réduit le droit de grève et les acquis sociaux

Il devient par la suite, entre 2007 et 2009, ministre du Travail, des Relations sociales, de la Solidarité et de la famille sous la présidence Sarkozy. 

C’est lui qui met en place une “réforme du service minimum” c’est-à-dire une limitation du droit de grève, un droit pourtant fondamental et inscrit dans la Constitution. L’objectif était de limiter l’impact des grèves dans les services publics et en particulier dans les transports, et donc de les rendre moins efficaces. Cela est passé par un service garanti ainsi que l’obligation de déclarer la grève au moins deux jours à l’avance. Cela inclut aussi la contrainte pour les grévistes de se déclarer individuellement, ce qui peut être dissuasif et augmente pour eux le risque de pressions et de représailles. 
Cette mesure, passée en force, avait évidemment été rejetée par la quasi-totalité des syndicats. 

Pourquoi vouloir nuire au droit de grève des travailleurs et travailleuses du service public ? Pour mieux détruire leurs acquis sociaux. C’est dans ce but qu’il s’est lancé dans la réforme des régimes spéciaux de retraites en 2007-2008. La réforme visait les cheminots, les agents de la RATP, EDF et GDF, la Banque de France, l’Opéra de Paris et la Comédie Française. Les régimes spéciaux sont des droits acquis de haute lutte par les travailleuses et les travailleurs des différents secteurs pour compenser des conditions de travail souvent difficiles. C’est à eux, et sans prendre en compte les spécificités des conditions de travail des différents secteurs, que Xavier Bertrand s’est attaqué en allongeant la durée de cotisation, en augmentant l’âge de départ à la retraite et en supprimant certains avantages (entraînant une perte de pouvoir d’achat pour les bénéficiaires). S’en prendre aux acquis sociaux de ces secteurs c’est aussi faire baisser leur attractivité auprès des travailleuses et des travailleurs, et démotiver pour des emplois aux conditions de travail difficiles. C’est par exemple le cas dans la RATP qui n’arrive plus à recruter et où tout le monde démissionne : bizarre pour des “privilégiés” non ? Une fois de plus, et toujours en vain, les syndicats se sont fortement mobilisés avec des manifestations et des grèves. 

En 2008, il porte la “loi sur la modernisation du marché du travail”. Dans le langage de la droite, “moderniser le marché du travail” veut dire casser nos droits au profit du patronat. Ça n’a pas loupé, puisqu’entre autres choses cette réforme a nettement allongé les périodes d’essai (la phase de début du CDI où l’entreprise peut licencier le salarié sans avoir à rendre de comptes) : celle-ci est passée à deux mois pour les ouvriers et les employés alors qu’elle ne durait avant que quelques semaines, à 3 mois pour les techniciens et agents de maîtrise, et à 4 mois pour les cadres. Sauf que les périodes d’essai sont généralement renouvelables (cela peut dépendre des secteurs) ce qui fait qu’elles peuvent depuis durer jusqu’à 8 mois dans certains cas. La réforme lançait également l’expérimentation du “CDD de projet”, des contrats liés à la réalisation d’une mission, réclamés par le Medef, ce qui accroît l’incertitude des salariés et donne aux entreprises de nouvelles méthodes pour contourner les CDI. 

« Je savais qu’ils étaient très très bien avec Xavier Bertrand. (…) Quand vous reprenez le nombre d’Ehpad et de cliniques qu’ils ont obtenus dans le département de l’Aisne, dans le 02, où Bertrand a fait sa carrière politique… Tout le monde le savait et tout le monde le disait. » 

Jean-François Rémy, apporteur d’affaires d’Orpea dans le nord de la France, cité par Victor castanet (Les fossoyeurs)

En 2022 sortait Les Fossoyeurs, l’enquête du journaliste Victor Castanet qui fit grand bruit sur les graves cas de maltraitance dans les Ehpad et cliniques Orpea. Il se trouve que le marché des autorisations d’Ehpad et de cliniques a explosé (entre 2002 et 2010) au moment où Xavier Bertrand était “l’homme fort de la santé”. On trouve ainsi dans cette enquête des témoignages accablants, comme ceux du Dr Patrick Métais, ancien haut dirigeant d’Orpea : « Vous comprenez maintenant, Victor, pourquoi on se sentait tout-puissant, chez Orpea ? On avait le ministre de la Santé de l’époque dans notre poche (…) Qu’est-ce que vous voulez de plus ?”, “Je pense que, plus encore que sur les autorisations, Bertrand nous aidait à être financés”, “Le ministre avait clairement le pouvoir de débloquer des crédits ou d’accélérer des financements. Le patron de Clinéa me le disait ou Marian le sous-entendait. Il disait : “J’appelle qui il faut”, ou encore : “J’appelle l’assureur !” Je ne sais pas si tout le monde comprenait autour de la table, mais c’est évident que les principaux responsables du groupe étaient au courant. Je savais que Marian avait un accès direct au ministre. Il avait son “06” et déjeunait régulièrement avec lui. Je peux même vous dire précisément où ça se passait. Ils allaient bouffer à La Closerie des lilas. »
Ce lien étroit qui aurait existé entre Xavier Bertrand et les dirigeants du groupe Orpéa semble confirmé par d’autres témoignages, comme celui de Jean-François Rémy, apporteur d’affaires d’Orpea dans le nord de la France : « Je savais qu’ils étaient très très bien avec Xavier Bertrand (…) Quand vous reprenez le nombre d’Ehpad et de cliniques qu’ils ont obtenus dans le département de l’Aisne, dans le 02, où Bertrand a fait sa carrière politique… Tout le monde le savait et tout le monde le disait. » Interrogé à plusieurs reprises sur cette question, Xavier Bertrand niera toutefois avoir eu des relations privilégiées avec Orpea. 

Après un remaniement, il retrouve sa place de député et prend la tête de l’UMP (qui s’appelle aujourd’hui Les Républicains). Cette parenthèse ne dure pas longtemps puisqu’il redevient ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé entre novembre 2010 et mai 2012. Le 4 mai 2012, alors que le deuxième tour de l’élection présidentielle est proche, il signe avec un décret avec le Premier ministre François Fillon qui fait entrer en vigueur une nouvelle norme pour protéger l’exposition professionnelle à l’amiante en… 2015. En 2014, la CGT porte plainte contre François Fillon et Xavier Bertrand pour “mise en danger d’autrui” en raison de ce délai d’application incompréhensible. L’abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle à l’amiante, prévu par le décret, était en effet préconisé par de nombreux scientifiques et l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail depuis 2009. Pour la CGT, « à l’évidence, cette période transitoire se justifie par des motifs économiques au détriment de la santé publique ». L’amiante serait responsable de 10 à 20% des cancers du poumon. 

Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand vit grassement et pilonne l’écologie

En 2015, Xavier Bertrand devient président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Gros cumulard, il est contraint de se plier à la nouvelle loi sur le cumul des mandats et quitte alors son mandat de maire de Saint-Quentin. Il quitte également son poste de député. Pas fou, et inquiet de ne toucher “que” 6 725,18 nets par mois en tant que président de région et d’agglomération, il décide de compenser en faisant voter une indemnité de 4 000 euros bruts par mois pour son poste de conseiller municipal de Saint-Quentin (qu’il a, lui, conservé). Face aux critiques, et n’ayant visiblement peur de rien, celui-ci argumente en disant que son revenu avait chuté, celui-ci touchant auparavant 12 346,19 euros net par mois d’argent public (dont une grosse partie non imposable). Mais son culot ne s’arrête pas là puisqu’il ajoutera “et je précise que je suis 5% au dessous du maximum”, tout en faisant baisser les indemnités des élus régionaux.  

En 2020, un article de Médiapart nous apprenait qu’une plainte avait été déposée contre Xavier Bertrand, conduisant à l’ouverture d’une enquête par le procureur de Lille pour “détournements de fonds publics” à propos du financement de banquets et de séminaires pour les élus LR et UDI du conseil régional des Hauts-de-France. 

Xavier Bertrand, proche des chasseurs, avait le soutien du parti d’extrême droite Chasse, Pêche nature et traditions.

Au niveau de sa politique, celui qui donne une image d’une droite “ouverte”, “moderne” et “modérée” s’est notamment distingué pour avoir “réduit drastiquement les subventions aux associations écologistes locales”, comme nous l’explique le journal Reporterre. Il faut dire que Xavier Bertrand, proche des chasseurs, avait le soutien du parti d’extrême droite Chasse, Pêche nature et traditions. En retour, il confiera la commission chargée de l’environnement à Guy Harlé d’Ophove, ancien élu Front National devenu président de la Fédération des chasseurs de l’Oise. Or on connaît l’inimitié réciproque entre les représentants des chasseurs et les associations écologistes. Les résultats ne se sont pas fait attendre : une association de jardins partagés a par exemple vu ses subventions supprimées tandis qu’on assistait à “une évolution spectaculaire des sommes allouées aux chasseurs par le conseil régional”. 

Le programme de Xavier Bertrand : s’en prendre aux étrangers et nous faire bosser plus

Dans le discours médiatique – et parfois même de sa bouche – Xavier Bertrand appartiendrait à ce qu’on appelle parfois “le gaullisme social”. Cette fumisterie désigne une sorte de “gaullisme de gauche”, c’est-à-dire une sorte de droite social-démocrate, qui, bien que servant avec zèle le capital, aurait quand même à cœur de faire des compromis avec des mesures sociales envers les travailleuses et les travailleurs. Ce flou conceptuel s’appuie sur une situation historique très précise : lorsque, de haute lutte, des progrès sociaux ont pu être arrachés dans l’après-guerre alors que les gaullistes étaient au pouvoir. L’idée d’un gaullisme social fait donc abstraction du contexte historique qui explique que le capital ait été contraint de faire quelques concessions, à savoir un parti communiste ultra puissant et un risque révolutionnaire dans toute l’Europe, pour nous faire croire que cela aurait, en réalité, été le fruit d’options idéologiques charitables de la droite gaulliste. 
Depuis, cette étiquette, essentiellement journalistique et rarement définie, est accolée de temps en temps à des personnalités de droite dont on espère qu’elles pourraient plaire à des électeurs de gauche dont on s’imagine qu’ils tendraient l’oreille à la seule évocation de l’adjectif “social”, et cela sans même avoir besoin qu’on leur donne le moindre exemple réel de propositions ou de mesures “sociales”.

L’idée d’un gaullisme social fait donc abstraction du contexte historique qui explique que le capital ait été contraint de faire quelques concessions, à savoir un parti communiste ultra puissant et un risque révolutionnaire dans toute l’Europe, pour nous faire croire que cela aurait, en réalité, été le fruit d’options idéologiques charitables de la droite gaulliste. 

Xavier Bertrand prétend donc appartenir à cette “droite sociale et populaire”. Pourtant, quand on y regarde de plus près, les positions de l’ancien ministre, conseillé par des types comme Michel Bettan, vice-président d’Havas, n’ont rien ni de “social”, ni de “populaire”. Elles sont en réalité celles d’un ultra-libéral. 

En effet, celui-ci souhaite “sortir définitivement des 35 heures”, transformer le système de retraites vers un système mixte avec de la capitalisation (le rêve des capitalistes) tout en augmentant l’âge de départ (une mesure massivement rejetée par les français) et s’en prendre à l’indemnisation des chômeurs.  

Xavier Bertrand prétend donc appartenir à cette “droite sociale et populaire”. Pourtant, quand on y regarde de plus près, les positions de l’ancien ministre, conseillé par des types comme Michel Bettan, vice-président d’Havas, n’ont rien ni de “social”, ni de “populaire”.

Mais il n’y a pas que sur le travail que Xavier Bertrand est profondément réactionnaire. Celui qui donne parfois l’image d’un centriste modéré appartient à une droite extrêmement dure y compris sur les droits des étrangers et des LGBT. Candidat en 2017 (à la primaire de l’UMP pour se présenter aux présidentielles), celui-ci promettait encore, dans le journal d’extrême droite Valeurs Actuelles, l’abrogation de la loi ayant ouvert le mariage et l’adoption aux couples homosexuels. Il souhaitait également, comme le RN, supprimer l’Aide médicale d’Etat (qui permet aux étrangers pauvres de bénéficier de soins) et le droit du sol. Au niveau de la sécurité, Xavier Bertrand veut abaisser la majorité pénale à 15 ans, soit bien en dessous de la majorité civile, ce qui peut signifier concrètement mettre des enfants en prison. 

Au niveau macroéconomique, Xavier Bertrand, qui envisageait aussi de se présenter en 2022 avant de finalement renoncer, propose, comme relevé par Marianne, de diminuer drastiquement les “impôts de production” ce qui appauvrirait considérablement l’État. Le gouvernement appliquerait alors des politiques d’austérité, appauvrissant toujours plus les services publics, pour compenser. 

Il n’y a pas que sur le travail que Xavier Bertrand est profondément réactionnaire. Celui qui donne parfois l’image d’un centriste modéré appartient à une droite extrêmement dure y compris sur les droits des étrangers et des LGBT. 

On peut donc résumer assez simplement la logique de Xavier Bertrand : favoriser les capitalistes et les entreprises, martyriser les travailleuses et les travailleurs, les pauvres, les étrangers et les homosexuels. En gros : le macronisme en encore un peu pire. 

L’éventualité de voir Xavier Bertrand devenir Premier ministre de Macron s’inscrit dans une stratégie de conservation du pouvoir par les macronistes, malgré une défaite électorale. Bertrand, façonné par une carrière politique marquée par des réformes antisociales et des relations troubles avec des lobbys puissants, est une figure perverse : modéré en apparence, mais aux actions et positions profondément réactionnaires. Sa nomination, si elle se concrétisait, ne serait qu’une continuité et une exacerbation du macronisme dans ses pires aspects. Cette fausse cohabitation renforcerait la domination d’une droite dure et annoncerait des attaques violentes contre les acquis sociaux et les droits des plus vulnérables.


Rob Grams


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