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Macron était le dernier recours de la grande bourgeoisie pour modeler la France et le monde à son image. Le coronavirus et surtout sa mauvaise gestion est le révélateur des effets de plus en plus fréquents que sa politique produira sur nos vies. Il agit déjà sur nous comme un électro-choc, et les services de renseignements s’inquiètent de l’explosion sociale à venir. “Il faudra rebâtir le monde d’après”, insiste t-il, le poing fermé, lors de son allocution télévisée le 13 avril, un mois après le début du confinement. “Nous réinventer et nous retrouverons les jours heureux”. D’accord, mais sans lui et sa bande. Loin des luttes seulement défensives, des pétitions larmoyantes et des abstraites déclarations de principes, le moment est venu de s’autoriser à prévoir concrètement la société nouvelle que nous voulons, notre “monde d’après” à nous.

1 – Séparer la politique de la bourgeoisie et des gros égos pour instaurer la démocratie

Référendums, contrôle des élus, démocratie directe : les pistes ne manquent pas pour changer de régime et faire en sorte qu’être élu ne transforme pas tout le monde en bourgeois égocentrique et obsédé par son médiocre pouvoir ; tout doit disparaître. Pour un nouveau régime politique, interdiction aux anciens politiques de se représenter et quotas sociaux pour avoir des assemblées représentatives de ce que nous sommes. La solution à nos ennuis ne viendra pas d’une Roseline Bachelot réhabilitée, d’un Arnaud Montebourg retapé, d’un prochain Macron avec ses promesses de « nouveau monde » néolibéral et faussement moderne … Elle viendra de nous toutes et tous et pour rendre cela possible, il faut tout détruire et tout reconstruire.

2 – Rendre l’économie à celles et ceux qui bossent 

La dictature des petits chefs et le pouvoir des actionnaires a assez duré : leur système qui génère souffrance au travail, multiplication des jobs à la con, perte de sens et délocalisation de nos industries doit cesser. C’est à cause de ce capitalisme dirigiste et obsédé par les 15% de rémunération des actionnaires qu’on ne produit plus rien de vital ici.

Pour mettre fin à cette absurdité, assumons que c’est à celles et ceux qui travaillent de décider de ce qu’on fait de leur corps plus de 8h par jour et cles mieux à même de savoir comment produire, pourquoi et comment. En ce cens, l’entreprise collective, qui serait plus protectrice de l’environnement, par la socialisation progressive des bénéfices est une piste crédible. Cessons de réclamer à nos impôts l’argent que l’on nous vole chaque mois : reprenons l’argent à la source, où le capital prend indûment le fruit de notre travail. Les technocrates d’État qui gèrent nos services publics du haut de leurs diplômes sont également priés de rendre le volant : ils n’ont pas su nous protéger d’un virus comme ils ne savaient pas entretenir nos services et nos industries.

3 – Arrêtons de bosser pour de la merde, travaillons pour du bon

Pour préserver leurs dividendes, les grands bourgeois nous appellent à reprendre le travail comme rattraper le temps perdu, car le temps, c’est leur argent. Or non seulement, au regard de l’ampleur des dégâts, cette tâche est insurmontable, à la force de nos bras, de nos cerveaux et de nos nerfs que nous la supportons, mais en plus cela est inutile en plus d’être stupide. L’épidémie nous a permis de constater que notre pays était le champion des sacs à main de luxe mais que nous n’étions plus en capacité de produire des masques en tissu.

La relocalisation des industries et la décision collective sur ce que l’on produit, où on produit et pour satisfaire quels besoins – tandis que les salariés décident de comment on produit – est la garantie future que nous ne travaillerons pas pour de l’absurde mais du concret, ce qui fera par ailleurs le plus grand bien à l’environnement. Cette planification démocratique rendra obsolète les bullshit jobs du capitalisme. Les publicitaires, marketeurs et autres cadres en perte de sens seront priés de se reconvertir. Nous autres, travaillons moins et travaillons pour du mieux.

4 – Etendre la Sécurité sociale et instaurer la Sécurité sociale alimentaire 

Nos hôpitaux sont obligés de faire la quête pour obtenir des sacs poubelles et se protéger du virus. Comment en sommes-nous arrivés là ? Parce que depuis trente ans, les gouvernements successifs sont obsédés par la réduction comme une peau de chagrin de la Sécurité sociale et des dépenses de l’assurance-maladie. Des technocrates ont pris le pouvoir sur nos vies et la baisse des cotisations sociales a été le seul guide en matière de gestion de la sécu. Il faut changer cela, et rendre la Sécurité sociale à ses usagers et à ses professionnels. Le budget de l’assurance-maladie doit être doublé, les soignant.e.s ne sont pas des « héros » à applaudir mais des travailleuses et travailleurs à payer et à écouter !

Dans le même temps, la sécurité sociale doit s’étendre à d’autres aspects de la vie. La Sécurité sociale alimentaire, qui fournirait des aliments sains à l’ensemble de la population par cotisation des personnes et des entreprises, permettrait de financer une agriculture biologique, locale et émancipatrice pour nos paysans.

5 – Lutter contre les inégalités à l’école et leurs conséquences

Les enfants ne sont pas à égalité face à la réussite scolaire, pas seulement aujourd’hui mais aussi en temps non-confiné. La différence, c’est qu’aujourd’hui cela se voit davantage !

Il faut en finir avec le mythe du mérite qui justifie toutes les inégalités en postulant que chacun est individuellement responsable de sa réussite ou de son échec et ainsi, de la position sociale qui en découle. Ni la caissière de supermarché exposée, ni le cadre en télétravail n’ont “mérité” leur place.

Non seulement un enfant qui fait des études longues coûte plus cher à la société que celui ou celle qui arrête tôt, mais il en tire aussi une position sociale plus avantageuse, avec des conditions de travail et de vie plus faciles. Il faut en finir avec cette double injustice.

Donnons à tous les enfants les mêmes moyens d’apprendre, en renforçant considérablement les moyens donnés pour y réussir, avec des effectifs moins lourds dans les classes, un accompagnement individualisé pour les enfants les plus éloignés de l’école, une généralisation de la scolarisation dès 2 ans,  une offre de colonies de vacances gratuites pour tous les enfants…

Donnons à chacune et chacun le même droit à l’école, en offrant la possibilité à celles et ceux qui ont arrêté tôt de reprendre des études et d’obtenir des diplômes tout en étant rémunéré.e.s pendant ce temps ; les travailleurs les plus exposés et malmenés dans la division du travail doivent avoir la possibilité de changer de métier et de position sociale.

6 – On a un gros problème avec la police et il doit être réglé 

Le harcèlement policier, l’impunité dont jouissent ceux qu’on appelle désormais les “FDO” – terme qui évoque davantage la milice gouvernementale qu’ils sont qu’une force de police chargée de la protection des populations – doivent nous interroger sur ce que pourrait être une police qui ne serait pas exclusivement dédiée à la protection d’un ordre injuste. Que faire de cette milice et quelle police voulons-nous ? En particulier dans le département de la Seine-Saint-Denis, où la police a toujours pu expérimenter son maintien de l’ordre brutal dans un premier temps, en toute impunité et dans l’indifférence générale, en témoigne les nombreux cas de violences policières en cette période de confinement.

7 – Sortir de l’impossible équation de la mondialisation et des traités européens 

L’Union Européenne, ou comment avoir supprimé notre droit d’agir sous prétexte « d’amitié entre les peuples ». Jusqu’à présent, l’ensemble des forces politiques nous a bercé avec de jolies comptines sur la possibilité de “changer l’Europe”, d’en faire une union sociale et humaniste, mais c’est impossible :  l’UE a été conçue par et pour des marchands de charbon et d’acier, et son objectif principal aura toujours été de favoriser le développement du capitalisme sur le vieux continent.

Il en va de même des traités de libre-échange qui n’ont jamais eu d’autres objectifs que d’exploiter là-bas et de mettre sous pression ici, apportant virus, destruction de la planète et de la vie. Si l’on veut la paix dans le monde et la coopération entre pays il faut des échanges équitables et égalitaires. Le libre-échange est, en régime capitaliste, l’inverse de cela.

ll faut donc cesser immédiatement d’appliquer les règles européennes du marché européen et du droit de la concurrence et bazarder toutes les règles budgétaires absurdes qui nous pourrissent la vie. 

Notre histoire sociale et collective nous montre que nous ne sommes pas destinés à subir la médiocrité des possédants. Parce que nous avons été déshabitués à croire en nous-même et en nos semblables, nous nous refusons souvent à considérer sérieusement ce qu’un monde sans parasites technocrates, financiers et politiciens pourrait être. Pour cesser de subir, considérons la suite sans peur du ridicule. Désormais, parce que l’épidémie montre clairement le mur de l’incompétence bourgeoise et de la croissance capitaliste, la raison est dans notre camp. Et si nous y faisions basculer la fierté et l’espoir ?