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Gabriel Attal a toujours vécu de l’argent public, en grenouillant dans les milieux politiques. Il est désormais Ministre des comptes publics et veut « donner aux contribuables l’opportunité de s’informer et d’exprimer leur avis sur l’utilisation qui est faite de leurs impôts », à l’aide d’un nouveau site à la con : « En avoir pour mes impôts ». Si déjà nos impôts pouvaient ne pas servir à rémunérer Gabriel Attal, ce serait un grand pas en avant. Nul doute que cette consultation ne vise pas à recueillir de tels constats : elle va être utilisée politiquement dans des objectifs dangereux, comme le montre la manière dont sont construits le site internet et surtout le questionnaire qu’il contient. Confusion entre cotisations sociales et impôts, bidouillage des questions pour faire disparaître les mesures fiscales favorables aux entreprises, confusion entre l’intérêt des riches et celui des travailleurs, ce site est une énième démonstration des objectifs funestes de ceux qui prétendent nous gouverner.

Dans le pays, le consentement à l’impôt bat de l’aile. Ce n’est aucunement parce que les Français n’auraient pas conscience du coût d’un accouchement en France, contrairement à ce que prétend Gabriel Attal. La raison de ce problème de consentement, c’est que d’une part, les services publics se dégradent progressivement tandis que les Français payent de plus en plus d’impôts et que d’autre part, les entreprises en payent de moins en moins (le taux de TVA, par exemple, a augmenté fortement pour financer le CICE). A aucun moment, le site du gouvernement ne présente le manque de recettes fiscales dû aux innombrables cadeaux faits aux entreprises ces dernières années. Certaines questions du questionnaire de cette consultation sont à ce titre éclairantes :

Où est la case “Socialiser tout le système de production”? 

 

Aucune distinction n’est faite entre le type d’impôts et entre ceux qui les payent. Si on pense que les entreprises et les riches doivent payer plus d’impôts et qu’en même temps il faut baisser la TVA, on répond quoi à cette question ? Dès lors, personne ne répondra qu’il faut augmenter les impôts, et on peut être certain que quand le gouvernement présentera les résultats de cette « enquête » il s’en servira pour justifier d’énièmes cadeaux aux plus riches et aux grandes entreprises, comme il l’a fait massivement jusqu’à présent, même si ça ne se voit évidemment pas dans son questionnaire. 

Vous aussi vous cherchez la réponse « Impôt sur la fortune » supprimé par Macron ? Bah ça y est pas. Étonnant non ? Une « bonne » réponse au questionnaire ci-dessus est que l’impôt sur les sociétés existe quant à lui  toujours actuellement (encore heureux !). Sauf qu’il a baissé massivement, passant de 33% à 25% ces dernières années, et ça le questionnaire l’ignore volontairement.

Gros progrès dans la technique de tabassage des manifestants, de gazage des lycéens, et de tir de LBD dans la tronche de l’individu random qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Il doit falloir sans doute répondre « beaucoup améliorée » à cette question. 

Par ailleurs, à aucun moment le site internet ne présente la contribution des différents impôts au budget de l’État. En 2022, la TVA a représenté 38 % des recettes fiscales brutes, selon l’INSEE, tandis que l’impôt sur les sociétés n’en a représenté que 18% et l’impôt sur le revenu 24%. Tout le monde paye la TVA, et pour les plus pauvres c’est une part considérable de leur revenu qui s’envole ainsi.

Le site confond volontairement impôts et cotisations

Le graphique de l’Insee que vous ne verrez jamais sur le site du gouvernement.

Pour masquer ce fait, le site « En avoir pour mes impôts » mélange volontairement impôts et cotisations sociales, ce qui permet de baisser la part relative de la TVA. Depuis des années, les gouvernements successifs entretiennent la confusion entre impôts et cotisations sociales. En multipliant les exonérations de cotisations sociales compensées par le budget de l’État, ils fiscalisent de fait progressivement le financement de la protection sociale. Le but est de faire disparaître les cotisations sociales au profit de l’impôt, car les deux logiques sont très différentes. L’impôt est la redistribution d’un revenu pour contribuer au financement du budget de l’État et des collectivités, tandis que la cotisation est une partie du salaire qui est socialisée (différence entre salaire brut chargé et salaire net) en échange de prestations couvrant collectivement les risques inhérents à l’existence (retraites, famille, maladie, accident du travail et autonomie). 

Le patronat milite pour la fiscalisation de la protection sociale, car il est facile d’échapper à l’impôt par les nombreux dispositifs d’optimisation fiscale, alors qu’il est très difficile d’échapper aux versements à faire à l’Urssaf, car ils sont proportionnels aux salaires du bulletin de paye. L’État quant à lui aimerait liquider la gouvernance des caisses de Sécurité sociale, gérée en partie par les syndicats, et sur laquelle il aimerait récupérer complètement la main.

Si nos impôts servent à faire un site aussi pourri, c’est vrai qu’on peut s’interroger.

Vous l’aurez compris ce site est globalement une bonne daube comme les macronistes savent nous les mijoter. Le titre est en lui-même tout un programme « En avoir pour ses impôts », comme si on payait des impôts uniquement pour la contrepartie qu’on allait en retirer individuellement et non pas pour permettre à tous de vivre correctement. Par ailleurs, on peut remplir autant de fois qu’on le souhaite le questionnaire : aucune identification n’est demandée, donc le gouvernement présentera les résultats qui l’arrangent. 

Seul endroit du site où la vérité surgit soudainement : le paragraphe décrivant la dette publique et indiquant à juste titre que « Les dépenses publiques de la France sont plus élevées que ses recettes. Cette situation crée chaque année un déficit qui est financé par des emprunts qui captent une partie de l’épargne nationale et internationale. Ces emprunts sont rémunérés par le versement d’intérêts, aujourd’hui très faibles voire négatifs sur les nouveaux emprunts. ». Ah bon on croyait qu’il fallait réformer les retraites, car les taux d’intérêts étaient trop élevés ? On ne sait pas ce qui est arrivé au consultant de McKinsey qui a dû pondre cette phrase ; il a peut-être trop vite copié-collé un article de Frustration, qui sait ? En tout cas, si on a des camarades infiltrés dans la mafia macroniste, qu’ils nous préviennent, ça peut être utile à la lutte des classes en cours.


Guillaume Etiévant