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Chaque jour, le service public qu’est France 3 nous régale d’un joli petit clip propagandiste en partenariat avec Pôle emploi, pour nous dire comment se comporter lors d’un entretien d’embauche ou encore comment effectuer sa recherche d’emploi. La présentatrice Camille t’explique ainsi tranquillou que l’on est scruté dès notre arrivée à l’entretien, mais que éh, « c’est humain ! on ne peut pas lutter », affirme t-elle, les bras tombant. 

Lutter, on le pourrait pour faire front contre la réforme de l’assurance chômage qui s’annonce destructrice, bien que prévue depuis un certain moment maintenant. Lutter, on le pourrait également afin de parvenir à surmonter la galère monstre que constitue l’accès à ses droits ou ne serait-ce que pour éviter de se faire radier de pôle emploi sans aucune raison rationnelle. 

Dans ces petites vidéos pops aux couleurs flashys et joyeusement crétines, aucun mot sur les employés eux-mêmes de Pôle emploi qui galèrent avec une charge de travail accrue dans un tout dématérialisé de plus en plus complexe, ou qui pestent sévères contre ladite réforme. On responsabilise à fond le chômeur et on couvre Pôle emploi, ses dysfonctionnements structurels et la réforme en cours. Le service public au service du gouvernement, en somme. 

Chaque soir pendant une minute sur France 3, après le JT, Fatima aura donc le droit à un sermon de chez Pole emploi sur comment se présenter face à un employeur manifestement imaginaire, ou comment se tenir bien droite sur sa chaise. Manque de pot si Fatima est voilée (vu qu’apparemment le voile est un sujet qui passionne en rédaction) : elle sera scrutée dès son arrivée à l’entretien, chose, nous dit Camille la présentatrice, tout à fait “humaine” et contre laquelle on ne peut malheureusement “pas lutter”. Il y aura donc une chance sur deux pour Fatima de se faire au final rembarrer et pas rappelée, merde, alors !

Evidemment, Fatima n’apprendra rien du tout sur d’autres sujets, comme par exemple comment ne pas trop galérer à percevoir ses dus en retard depuis trois mois et, si elle fait partie des nombreuses travailleuses dites précaires, se démerder face à la dématérialisation croissante de Pôle emploi. Faudrait pas trop déconner non plus et attendre cela d’un service public, quand même.