Archaïques, arc-boutés sur leurs privilèges et idéologues : ceux qui défendent la loi Travail sont dans le passé. Plutôt que de raccommoder leur vieille économie, allons de l’avant et changeons de système !
Depuis trente ans, rien n’est trop beau pour sauver le capitalisme, ce mode de production basé sur le fait que ceux qui travaillent ne sont pas ceux qui possèdent. Pour sauvegarder ce système perpétuellement en crise, on dépense des milliards d’argent public (paquet fiscal en 2007, sauvetage des banques en 2008, CICE en 2013, Pacte de responsabilité en 2015…), on durcit les conditions de travail des salariés (série de lois depuis 1983, la loi El Khomri n’en est que l’énième épisode) et on ouvre tous les secteurs à la concurrence pour donner du carburant à ce vieux moteur qu’est le capitalisme, en se moquant complètement des conséquences sociales et écologiques.
ET À QUEL PRIX ?
Cette sauvegarde coûte très cher à la société et rapporte gros à ceux qui en bénéficient : actionnaires et patrons ont vu leurs revenus se démultiplier depuis les années 1980. Pour eux tout va très bien ! Et c’est aussi le cas de tous ceux qu’il a fallu corrompre, plus ou moins subtilement, pour parvenir à un tel niveau d’enfumage des citoyens, pour inscrire dans la loi les intérêts des riches : députés PS et LR, ministres et ex-ministres, éditorialistes et chroniqueurs, syndicalistes « réformistes » et « représentants de la jeunesse », experts dans la santé, l’écologie ou l’économie, qui chaque jour transforment les vieilles lunes de la sauvegarde des intérêts de l’élite en un projet « moderne » et « dans l’intérêt de tous ». Il est de plus évident que la sauvegarde du capitalisme est incompatible avec la démocratie.
FINISSONS-EN !
Si nous sommes dans la rue aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour faire retirer ce projet de loi qui subordonne la loi aux volontés des possesseurs de nos outils de travail. C’est pour se rencontrer et reconstruire notre alternative : un système économique démocratique et moderne, bien plus réaliste et pragmatique que l’actuel. Il nous semble à nous, collectif d’un magazine politique indépendant appelé FRUSTRATION, que, pour saper chacun des piliers du vieux système et instaurer le nouveau, trois grands changements doivent avoir lieu :
1/ TRANSFORMER TOUTES LES ENTREPRISES EN SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES :
Les Sociétés Coopératives et Participatives (anciennement SCOP : Sociétés Coopératives Ouvrières de Productions), ça existe déjà ! La France en comptait plus de 2 000 en 2013, pour un total de 46 000 salariés. Quelques principes simples : un minimum de 51 % du capital de l’entreprise appartient à ceux qui y travaillent, les décisions sont prises collectivement, les responsabilités sont soumises à l’élection (un individu = une voix), la répartition des bénéfices est délibérée entre tous. Les avantages de ce système sont énormes : chaque décision est beaucoup plus raisonnable, respectueuse de ceux qui travaillent et de la société que celles qui sont prises par des exécutifs extérieurs à l’entreprise, soucieux de leur taux de profit plutôt que de toutes ces considérations « éthiques » ou « écologiques » qui ne sont toujours qu’un habillage marketing. C’est dans les Sociétés Coopératives que les écarts de salaire sont les plus faibles ! (de 1 à 3 dans la coopérative de thé issue de la lutte des Fralib à côté de Marseille !). Comment généraliser les coopératives à l’ensemble de la société ? Il existe de nombreuses solutions : prendre le pouvoir politique et contraindre les entreprises à cette mutation, créer un mouvement populaire de rachat et expropriation d’entreprises, fédérer toutes les initiatives locales au sein d’un grand mouvement associatif. Il faut vite réfléchir à ça ! Bien entendu, si la délibération démocratique au sein d’une entreprise produira des décisions beaucoup plus saines et réfléchies que des actions menées au nom du 15 % de bénéfice annuel, il est tout de même nécessaire de recréer un cadre législatif susceptible d’encadrer les rapports entre coopératives, pour éviter qu’une concurrence ne mène à une forme d’auto-exploitation, et pour soumettre la production à des impératifs écologiques et sociaux.
2/ DES FRONTIÈRES QUI RAMÈNENT LE PRIX DES MARCHANDISES A LEUR VÉRITABLE COÛT SOCIAL ET ÉCOLOGIQUE :
Un tel système coopératif semble impossible dans notre « économie mondialisée ». Ils nous ont bien eu avec ces histoires d’ouverture des frontières, nous racontant que nous nous « ouvrions au monde », alors que rien n’est plus faux dans les faits. Nous mettre en concurrence avec des salariés sous-payés et des productions sous-normées aux quatre coins du monde, voilà ce qu’ils ont fait avec leur « ouverture des frontières ». Pour que notre changement soit possible, il faut taxer les marchandises qui nous parviennent et les ramener à leur véritable coût social et écologique. Plutôt que de culpabiliser le consommateur, il faut faire en sorte que nous ne trouvions pas sur notre marché des vêtements produits par des enfants et des légumes nappés de pesticides. Beaucoup de gens refusent cette taxation des marchandises aux frontières car ils ont peur que cela rime avec nationalisme et rejet des étrangers ! Rien n’est plus faux : quel service rendons-nous au reste de la planète en laissant nos entreprises exploiter ses richesses et ses hommes loin de chez nous, dans des conditions que nous refuserions ici ? C’est notre respect des autres peuples qui doit nous pousser à fermer nos frontières aux marchandises que notre élite leur fait produire dans des conditions révoltantes ! Il y a d’autres manières de favoriser l’échange entre les peuples qu’à travers la concurrence et l’exploitation mutuelle (liens culturels, touristiques, coopérations entre démocraties, …). Alors finissons-en avec le libre-échange en Europe, stoppons celui prévu avec les États-Unis, et cessons de croire à leur fable d’une amitié entre les peuples basée sur l’exploitation de l’élite des uns sur les ouvriers des autres !
3/ POUR LES BANQUES, LA FÊTE EST FINIE :
Voilà des institutions pour lesquelles on doit être sans pitié : de plus en plus chères, les banques font payer toute la société pour la noble tâche de garder nos économies et de les investir n’importe où. Ce secteur est devenu complètement irrationnel en risquant de plus en plus la stabilité de l’économie nationale et mondiale, et nos gouvernements l’ont toujours renfloué en fermant les yeux et en n’exigeant rien en échange. « Notre ennemi c’est la finance », quelle blague ! Nous notre ennemi c’est la finance ET ses larbins, ceux qu’elle a arrosé pour continuer son règne depuis bien trop longtemps. Nous devons obtenir la nationalisation du système bancaire, son contrôle démocratique qui orientera son financement vers les secteurs qui en ont besoin et qu’on aura choisis. C’est ainsi que l’économie coopérative généralisée aura le soutien bancaire qui lui fait défaut pour l’instant. Nous pourrions aussi exiger la mise en place de tribunaux d’exception pour juger ceux qui s’engraissent sur nos crises depuis des décennies.
SE RÉUNIR POUR EN DISCUTER ET FÉDÉRER TOUS CEUX QUI VONT DANS NOTRE SENS :
Nous n’inventons rien avec ces propositions, beaucoup ont déjà pensé à tout ça avant nous. Mais nous voulons le faire sortir des chapelles partisanes et des milieux initiés. Nous ne nous adressons ni aux « gens de gauche » ni aux « anticapitalistes », encore moins aux experts. Nous nous adressons à tout CITOYEN qui se retrouverait dans ces trois propositions pour un changement de système économique. Des citoyens déjà organisés dans un quelconque collectif, qui aimeraient travailler avec nous à ce changement, ou des citoyens isolés. Nous-mêmes nous nous grefferons à toute initiative allant dans le sens de ce changement.
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Ce texte est une base de travail pour réunir tous ceux qui pensent qu’il est impératif de changer de système économique et qui veulent élaborer ensemble des propositions concrètes, convaincantes et réalistes pour y parvenir !
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