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24 mars : “Coronavirus : une vingtaine de députés demandent à Philippe de solliciter l’aide médicale de Cuba”. Gorafi ? Not Gorafi ? Nous savions le système de santé publique démoli par les libéraux. Nous le savions. Mais au point d’avoir à bousculer tous les repères symboliques du capitalisme libéral, le tout couvert par Le Figaro et sous la houlette d’un ex-député LREM ! Allô Cuba ! Spectacle de leur effondrement macabre, spectacle de leur désastre à pleurer de rire s’il n’engageait la vie de dizaines de milliers d’individus ! Un monde est en train d’être mis à terre, non pas par une internationale de gauchistes déchaînés mais par un virus en soi assez bénin paraît-il… Les monstres du permafrost, c’est une autre paire de manche pour un autre cataclysme.

Et pendant ce temps, des soignants-contaminants sacrifiés, totalement sidérés, font la sélection : droite, gauche, vivra, vivra pas. Cérémonial d’un autre temps et d’un autre régime. En haut lieu on a forgé le dogme (à quelle date ?) : laisser mourir en de justes proportions et à un juste tempo, abrutir à la guerre totale sans armes (belle innovation des chargés de com’), au confinement culpabilisateur (t’as pas assez confiné jojo le gilet jaune !), au tourbillon des injonctions contradictoires (reste chez toi, va au boulot).

L’avenir de nombre de ces soignants sacrifiés ? Psychiatrie, antidépresseurs, quelques suicidés aussi inévitablement. Peu importe : “Rejoignez l’armée de l’agriculture” nous dit un ministère maîtrisant mal ses éléments de langage. Marie Darrieussecq pantoufle en écrivant son journal intime de confinement, la bagnole immatriculée 75 est bien planquée dans le garage. FIP, il est 17h34.

Mais, mais mais… il y a un mais : la possibilité d’une Interruption, d’une sortie non différée de l’impuissance. Elle porte un nom : rupture du confinement en conscience. Conscience de quoi ? Conscience de ce que la politique de confinement généralisé imposée à une population, avec le chantage à la vie (la sienne et celle d’autrui) que l’on sait, ne relève pas stricto sensu d’une politique de santé publique. Le confinement généralisé, parce qu’il ne vise qu’à ralentir le rythme d’une épidémie en étalant la mortalité dans le temps (voir les brillantes explications du chercheur Gaël Giraud sur ce point), relève d’une stratégie de contrôle social point barre.  Par confinement généralisé comprenons une méthode de gestion de l’acceptabilité de la mort par lissage du nombre des cadavres dans le temps et amoindrissement du seul pic épidémique. Il y va donc d’une technique de management moderne et non d’une politique de soin.

Aussi, la menace doit-elle être brandie : on va le rompre ce confinement. Et ils vont la faire cette grève de 30 minutes nos héroïques soignants. Une vraie mutinerie façon Fresnes ou Béziers, mais à une ample échelle : “TU PARS OU ON SORT, TU PARS OU ON ARRÊTE LE CIRQUE DES SOINS POUR SAUVER TA PEAU !” Tu as joué à la sidération le lendemain de la mascarade électorale, pathétique stratège sur choc. Nous jouerons la partition de la contre-sidération. Celle qui, toi et les tiens, vous laissera en panique, tétanisés, avec pour seule perspective l’hélicoptère qui, ce coup-ci, pourrait ne pas repartir à vide.

Il a dit quoi le poète ? Pas l’expert, pas le scientifique : LE POÈTE ! Il a dit :

Faire de l’interruption, un nouveau chemin

Faire de la chute, un pas de danse

Faire de la peur, un escalier

(F. Pessoa)


Thomas Feixa


Nous avons ouvert une nouvelle rubrique de notre magazine, “Vos Frustrations”, destinée à toutes celles et ceux qui ont quelque chose sur le cœur concernant le monde dans lequel on vit, le métier qu’ils font, les expériences qu’ils traversent, et envie de l’écrire dans un format court. Pour nous raconter vos frustrations, écrivez-nous à redaction@frustrationmagazine.fr !