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En France, on n’a pas de pétrole mais on a pléthore de patrons-voyous, et la grande distribution excelle en la matière : Alexandre Bompard (Carrefour), Michel-Edouard Leclerc (Leclerc), la famille Mulliez (Auchan), Jean-Charles Naouri (Casino)… il n’y en a pas un pour rattraper l’autre et particulièrement en ce moment.

On apprend donc, lors d’interviews télévisés qui ressemblent fort à des opérations promotionnelles, que ces grands groupes ont désormais des centaines de millions de masques à nous vendre. Ces mêmes masques qui manquaient aux soignants et à leur propre personnel, ils les ont donc dans des quantités astronomiques, seulement maintenant ?

Il s’agit très certainement d’une manœuvre commerciale bien étudiée, d’accumulation de stock pour les délivrer au moment le plus opportun financièrement. Et ce moment est arrivé : non seulement leur produit phare est réclamé depuis des semaines, mais en plus, à partir du 11 mai, ne pas en porter dans les transports vaudra une belle amende. L’acheter est une obligation, le vendre est une belle opération.

50 millions de masques sont arrivés dans les entrepôts d’Intermarché depuis le 13 avril

Et ils s’en vantent, ces salauds. Ils ne “comprennent pas la polémique”. Michel-Edouard Leclerc se permet d’aller dire dans le JDD : “Je trouve ça dégueulasse car ça casse le front qui s’est construit entre le personnel de santé et le monde économique“. Pardon ? Quand Intermarché précise, dans un communiqué, s’être fait livrer, entre le 13 avril et le 2 mai, 50 millions de masques à usage unique, vendus par boîtes de 50, soit un million de boîtes pour 2 100 magasins, qui seront mis en vente pendant la semaine du 4 mai, qui a “cassé le front” ? Qui n’est pas allé remettre ces masques, arrivés dès le 13 avril, aux soignants ?

Leurs réactions montrent comme ils se sentent protégés par un gouvernement qui les a laissé libre d’augmenter le prix de leurs produits alimentaires, et qui les autorise maintenant à vendre des masques à prix d’or.

Pourquoi ne pas bloquer les prix ? Pour ne pas “freiner l’innovation”, nous dit la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher. Vous vous souvenez de cette femme ? C’est celle qui disait, au moment où la bourse s’effrondrait à l’approche du confinement, que c’était le moment de faire des bonnes affaires ! Et il y a deux mois, elle disait qu’il n’était “pas responsable” de porter des masques dans la rue. Eh oui, il fallait attendre que ses potes patrons de la grande distribution mûrissent leur coup commercial.

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La bénédiction d’une secrétaire d’Etat

Cette femme a le même parcours que Macron : ENA, inspection des finances puis, avec le fric et le réseau accumulé, lancement d’une entreprise… pour rejoindre ensuite le gouvernement. Petit détail de sa carrière : elle a été directrice de cabinet du directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris et membre du comité de direction. “Elle est spécifiquement chargée de la mise en œuvre de la réforme de la tarification à l’activité”, nous précise sa bio Wikipédia. Cette même réforme de la tarification qui a mis les hôpitaux dans l’état que l’on connaît.

Récapitulons : la grande distribution, avec la complicité active du gouvernement, va nourrir ses marges de nos malheurs. “Toute guerre a ses profiteurs”, observe l’Ordre des Pharmaciens, pas connu pour être un groupuscule radical, qui s’insurge, dans un communiqué : “Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution.”

Durant la Seconde Guerre mondiale, on appelait B.O.F, pour “Beurre, œuf, fromage” les personnes s’enrichissant grâce au marché noir pendant cette période.

Dans un Etat normal, ces grandes enseignes se verraient confisquer leur stock pour une distribution gratuite et équitable. Dans le monde mafieux du capitalisme macroniste, on va nous forcer à enrichir les B.O.F de la grande distribution.

AJOUT deux mois après publication : selon le cabinet Nielsen, les ventes de masques ont généré 175 millions de chiffre d’affaires depuis le quatre mai. Ces articles ont généré 14% de la croissance des produits de grandes consommations.