Mardi 27 juin, la police a exécuté sommairement un lycéen de 17 ans pour un délit routier.
Nahel, 17 ans, conduisait sans permis à Nanterre. Il a été arrêté par des policiers, dont un l’a mis en joue en lui disant qu’il lui tirerait une balle dans la tête s’il continuait d’avancer. Paniqué, le lycéen a tenté de poursuivre sa route : le policier lui a tiré une balle dans le cœur.
Dans un Etat de droit, ce qui n’est pas le cas de la France de manière de plus en plus évidente et grossière, la peine de mort est abolie, et un délit routier (conduite sans permis, refus d’obtemperer…), qui plus est de la part d’un gamin de 17 ans, ne se sanctionne pas par une exécution sommaire.
C’est une évidence, une évidence morale, légale, démocratique…
Ce n’est plus une évidence pour notre pouvoir taré qui justifie tout, blanchit tout, même les horreurs.
Ainsi, et comme d’habitude, la police s’est empressée de mentir, des sources policières racontant que le conducteur aurait “foncé sur un policier”, et comme d’habitude, c’est la vidéo qui a rétabli un semblant de vérité, cette donnée nouvelle qui montre parfois au monde des réalités auparavant complètement invisibilisées. Sans elle, c’est une fois de plus la version policière qui aurait été prise pour argent comptant.
Attention ce sont des images difficiles à regarder :
Après la police, ce sont les macronistes, bien sûr, qui se sont empressés de défendre le criminel en uniforme, à la manière de Caroline Abadie, vice-présidente de la commission des lois, tenant absolument à rappeler que “c’est la police qui détient le droit de faire usage de la force” et que “quand il y a un barrage de police, on s’arrête. Point barre”. Sauf que non, toujours pas “point barre” quand on parle de l’exécution sommaire d’un lycéen d’un quartier populaire pour un délit routier.
Hier soir, et c’est bien normal et sain, la jeunesse de Nanterre s’est révoltée contre le meurtre de l’un des leurs.
Une impunité policière totale
Beaucoup appellent à la justice en n’y croyant à peine. Et pour cause.
Si la police se sent autorisée à exécuter des lycéens c’est parce qu’elle sait que son impunité est totale et que l’IGPN, la “police des police” (constituée de policiers), est une farce.
Ses conclusions ces dernières années, et celles du pouvoir, pourraient presque faire rire par leur niveau d’obscénité si l’on ne parlait pas de vies enlevées ou brisées par des institutions devenues tarées.
Quelques exemples :
- Théodore Luhaka a une déchirure anale de 10 cm suite à son arrestation ? Ce n’est pas un viol, c’est simplement son pantalon qui a glissé avant qu’il ne tombe accidentellement sur la matraque télescopique.
- Une centaine de lycéens agenouillés et humiliés à Mantes-la-Jolie ? C’est tout à fait normal.
- Adama Traoré, 24 ans, meurt lors de son interpellation ? C’est d’épuisement, parce qu’il a couru 450 mètres.
- Zineb Redouane, Algérienne de 80 ans, prend une grenade en plein visage, elle hurle ensanglantée qu’elle a été visée par un policier avant de mourir sur le bloc opératoire ? C’est la faute de l’opération de ses fractures au visage, aucun lien avec la police donc (la phrase de Castaner à ce sujet est assez incroyable : «Zineb Redouane est sur son balcon, elle ne manifeste pas, elle est atteinte par une grenade lacrymogène, elle va à l’hôpital parce qu’elle est blessée dans ce cadre-là, et l’enquête indique qu’elle meurt d’un choc opératoire. Alors je veux bien qu’on accuse la police de tout !”).
- Jérôme Rodrigues est éborgné en plein live Facebook ? Il n’y aucun élément qui puisse faire penser à un tir LBD, non vraiment rien, peut-être une balle de ping-pong, peut-être que l’œil était mal calé dans l’orbite, le mystère est complet.
- Geneviève Legay, 73 ans, a le crâne fracassé lors de la dispersion d’une foule pacifique ? Elle est tombée toute seule, sûrement un problème d’équilibre et de “sagesse”.
- Steve est mort noyé à Nantes, 14 autres personnes sont “tombées” dans la Loire après une charge policière ? Il n’y a vraiment, mais alors vraiment rien qui puisse attester du lien de corrélation entre ces deux évènements (à part une centaine de témoins).
- Cédric Chouviat ? Il est tombé tout seul.
- Et Gabriel, 14 ans, à la gueule tuméfiée ? Pareil, et un policier a “peut-être” trébuché…
On pourrait continuer cette longue liste presque à l’infini. Elle donne une idée de l’indéfectible soutien de toute la hiérarchie, d’un appareil d’Etat qui couvre absolument tout, jusqu’à l’absurde.
L’appareil judiciaire est lui aussi transformé en véritable usine à blanchir, avec une indulgence exceptionnelle dont peu de citoyens ont la chance de bénéficier. En 2017, Streetpress se penchait sur 10 ans de violences policières et les cas de 47 interpellés morts bien que désarmés pour constater qu’aucun policier n’avait jamais le fait le moindre séjour en prison.
L’extrême droite est déjà au pouvoir : la présomption de légitime défense pour les flics
En 2022, beaucoup d’électeurs de gauche se sont décidés à faire barrage sur la mesure proposée par Le Pen de présomption de légitime défense accordée à la police.
Pourquoi cette mesure fait-elle aussi peur ? Pourquoi est-il aussi facile d’en évaluer les conséquences immédiates ? Pour la simple et bonne raison que cette mesure est déjà en place de fait, parce que la police, massivement d’extrême droite, a déjà tous les droits. Qui croit sérieusement qu’à parole contre parole, c’est celle de la victime de violence policière qui est écoutée, contre celle du policier ? Qui a l’impression que l’absence de cette loi ait empêché l’impunité de ceux qui ont tué Steve, Cédric Chouviat, Zineb Redouane, Rémi Fraisse, Adama Traoré et beaucoup d’autres ?
Mais il y a plus.
En février 2017, le gouvernement de Bernard Cazeneuve (sous François Hollande), que les chiens de garde médiatiques et Fabien Roussel tentent de nous faire passer pour “le renouveau de la gauche”, passait une loi qui autorisait l’usage des armes à feu par la police dans les cas de refus d’obtempérer.
Cette loi précise que les policiers ne doivent agir de la sorte qu’“en cas d’absolue nécessité” et de “manière strictement proportionnée” : loin d’encadrer, ces précisions sont en réalité un permis de tuer, car sujettes à interprétation (dont on a vu qu’elle est toujours en faveur des policiers) là où, avant, ils devaient démontrer la situation de légitime défense, quant à elle plus strictement définie.
Depuis Macron, la police a obtenu un pouvoir fou, ce dernier lâchant absolument tout aux syndicats de policiers, afin que cette dernière continue efficacement son travail de répression politique.
Rien d’étonnant donc que ça soit l’année dernière, en 2022, que le triste record de tués lors de refus d’obtempérer ait été atteint avec 13 décès de la sorte.
Faisons éclater notre colère, montrons à ce pouvoir taré qu’on ne laissera plus la police exécuter nos jeunes impunément.