Pour Fatima Ouassak, la cofondatrice du “Front des mères” (premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires), le lieu de notre rencontre pour réaliser cet entretien semble être une évidence. Il s’agit de la petite ville de Bagnolet où elle réside dans le 93 en région parisienne, un territoire de luttes historiques et d’immigration composé d’avenues et de places au noms de révolutionnaires passés : Marx, Angela Davis… La place Nelson Mandela, où nous nous retrouvons dans un café, se révèle être le lieu de rencontre des bagnoletais pour “refaire le monde” et le “bilan d’une grève”, sans oublier de déjouer les “traquenards de périodes électorales”… Le premier ouvrage de Fatima, La Puissance des mères : Pour un nouveau sujet révolutionnaire, l’un des livres les plus enthousiasmants et percutants de cette rentrée, s’inscrit pleinement dans cette dynamique historique et militante. En partant de son expérience personnelle de mère aujourd’hui de deux enfants, elle raconte les luttes collectives victorieuses, les discriminations systémiques de l’Etat et du capitalisme subies, ou encore comment l’on a cherché à gentrifier et à récupérer leurs combats. Son livre se révèle être un véritable manifeste, celui des mères comme sujet politique à part entière au service des enfants présents et de demain, et contre toutes les oppressions de l’ordre social établi. Rencontre, par Selim Derkaoui et Nicolas Framont.
Présente-toi un peu, quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a amené à écrire ce livre ?
Je suis née au Maroc dans le Rif (région montagneuse du Maroc), puis arrivée à l’âge d’un an en France avec mes parents. Mon père était ouvrier et déjà présent dans un foyer depuis plusieurs années, et on s’est installés à Lille Sud où il travaillait. J’allais à l’école, j’ai fait des études supérieures puis j’ai travaillé dans la politique de la ville, avant de créer une coopérative de consultantes où j’étais amenée à faire des diagnostics, des rapports d’étude, comme sur les discriminations à l’accès à l’emploi ou bien sur les violences intra-familiales. C’est grâce à cette approche professionnelle, non par le militantisme ou la fac, que j’ai pu comprendre certains mécanismes dans les institutions et leur gestion coloniale des quartiers populaires. En 2004, je coordonnais un programme autour de la mémoire et l’histoire de l’immigration coloniale porté par la direction régionale culture (DRAC) et le fonds d’aide et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD). Un programme clairement politique et antiraciste ce qui montre bien que, parfois, grâce à un rapport de force politique en son sein favorable, l’institution peut être à l’initiative de dynamiques très militantes. C’est dans le cadre de mon métier de chargée de mission au sein du FASILD, parce que j’y travaillais avec le sociologue Saïd Bouamama, qui participera à écrire l’appel, que j’ai pris connaissance de l’appel des indigènes de la République en 2005, appel qu’un amendement décrétant la colonisation comme positive aura motivé. De 2005 jusqu’en 2012, je serai membre du Mouvement des indigènes de la République (MIR). Mon activité au sein de l’organisation consistait pour l’essentiel à écrire des textes d’analyse publiés dans le journal et sur le site du mouvement. A partir de 2011, ma relation avec les dirigeants de l’organisation s’est dégradée, à cause d’importantes divergences stratégiques. En 2012, alors que je venais d’intégrer la direction politique de l’organisation, et comme je n’ai pas pu y défendre une ligne politique alternative, notamment féministe et ancrée dans la réalité sociale des quartiers populaires, je suis partie.
Tu as eu ensuite des enfants. Qu’est-ce que cela a changé pour toi et ton rapport à la politique ?
Cela a changé mon militantisme. Ce n’est pas la même chose quand tu milites pour tes enfants, ce n’est pas le même propos : tu mets de l’eau dans ton coca et, surtout, tu penses à comment gagner concrètement. Quand on milite dans un territoire précis et que les enfants sont scolarisés dans un endroit particulier, on est en quelque sorte repérés, et la stratégie militante change forcément. Ce qui a donné la teneur du propos du livre, c’est de décrire un vécu discriminatoire en tant que mère, certes… mais que le sujet reste surtout les enfants. Il y aurait pu avoir un malentendu avec les féministes. On aurait pu penser que j’allais parler des mères comme certaines féministes le font habituellement, c’est-à-dire du point de vue des mères, mais uniquement pour les mères : comment on concilie sa vie professionnelle et sa vie familiale, sa vie militante et et sa vie sexuelle ? Dans mon livre, le centre, l’enjeu, ce sont les enfants. Nous, en tant que mères comme sujet politique, ce qu’on peut faire pour nous émanciper… Et surtout, pour protéger et libérer nos enfants !
“Face tu perds, pile tu perds aussi”, expliques-tu dans le livre. Pourquoi la mobilisation politique des personnes de quartiers populaires est toujours perçue négativement, quoi qu’elles fassent ?
Parce que dans les quartiers populaires, nous ne sommes pas considérés comme des sujets politiques, ou comme des citoyens. Quand on gratte un peu, même pas comme des êtres humains à qui il faudrait respecter la dignité ! Tout est fait pour empêcher notre existence politique et que l’on puisse se sentir chez nous en France. Je parle des quartiers populaires, mais j’essaie d’élargir aux classes populaires en général, même si le vécu des habitants des campagnes je ne l’ai pas. Ceci dit, je constate quand même des choses communes en voyageant pour mon travail et après avoir un peu lu sur le sujet. Et je constate aussi que la classe politique, surtout à gauche, se lève le matin pour empêcher les classes populaires de s’organiser politiquement. C’est un objectif, structuré et qui ne date pas d’hier. Quoiqu’on fasse, il s’agit d’un piège de santé mentale à coup d’injonctions paradoxales. Mensonges, délations… si on prend pas cela en compte, ça peut nous neutraliser psychiquement et, du coup, on n’agit plus.
le système discriminatoire, de mépris de classe et de patriarcat, s’est rejoué dans le problème de la cantine scolaire à la maternelle
C’est un problème que l’on a conscientisé en tant que mère et militante. La maternelle, c’est un petit truc, on pense aux doudous et à toutes ces choses là. Mais même sur ce petit détail qui est la cantine à la maternelle, tout le système raciste, de mépris de classe et patriarcal s‘est rejoué. Il y a cette conviction que les parents des quartiers populaires n’aiment pas leurs enfants, et je démarre le livre avec ça. Si je demande quelque chose, même minime, c’est que je vais en faire quelque chose politiquement, mais pas au sens noble du terme : j’ai un plan, un truc caché… Aujourd’hui, je ne sais toujours pas ce que c’est ! On a mobilisé “islamisme”, “communautarisme”… Des mots pour salir, pour discréditer. Avant même que ma fille arrive devant son assiette à l’école, je veux qu’elle ait un repas équilibré. Qu’elle ne soit pas dans un conflit d’autorité : je voulais pas qu’elle mange de viande à la cantine, comme c’était le cas à la crèche (avec des repas végétariens). Auparavant, j’avais galéré deux ans avec elle en allaitement. Quand il y avait le moindre problème à l’hôpital, on me disait que c’était forcément à cause de l’allaitement. Et pourtant, j’ai tenu.
Ce que mange ma fille à midi est pour moi très important. Je ne pensais pas que l’alternative végétarienne pouvait être un si grand problème, alors qu’on est plusieurs à dire qu’il y a un souci. Un député UDI, Yves Jégo, le proposait aussi. Pourquoi ne pas le faire au niveau local ? La directrice de l’école m’explique, alors que c’est pourtant la ville qui est en charge de la cantine, qu’il s’agit d’un “principe pédagogique, l’enfant doit goûter à tout”. Donc ok, étant scolaire, je vais regarder les études, et je constate que ce n’est pas vrai : concrètement, je ne veux pas que ma fille goûte à la coke, aux crottes, etc..! L’enfant veut s’intégrer dans le groupe à 3 ans… Au contraire : il fait l’apprentissage de la différence à cet âge là (sur les couleurs de peau par exemple). Ils entendent des choses à la maison et ils exacerbent la différence. Cette directrice m’explique aussi que la classe populaire mange moins de viande à la maison, alors que c’est faux également : ça coûte moins cher car ce qui coûte le plus cher, ce sont les repas bios végétariens !
L’accusation de communautarisme est survenue en juin 2016, dès le départ. J’étais la bienvenue à la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), en apparence émancipée de l’islam, de ma “culture arabe”… Du coup, le problème n’est pas purement racial, mais principalement lié au fait que je porte une revendication égalitaire. J’avançais d’autant plus masquée. Avec mon mari, on s’est dit pour les enfants qu’on va mettre le militantisme entre parenthèses, de peur de les bousiller avec ça, et plutôt essayer d’être des parents calmes et sympas avec tout le monde. Finalement, ce qui ressortait quand même dans les comptes rendus, ce sont des phrases comme “Fatima demande un débat sur le halal”. J’avais pourtant insisté sur l’ordre du jour : “la restauration scolaire”, tout simplement ! Le problème de la viande n’étant qu’un détail dans le problème de la cantine scolaire. La viande, ce n’est pas des steaks qui arrivent en cuisine centrale, mais du jus de viande, de la vase blanche retirée et on reconstitue la viande. Les oeufs, c’est de la poudre avec de l’eau… Cette nourriture est issue de l’industriel Elior, un prestataire, avec une qualité bien moindre que si c’était produit par l’établissement lui-même.
A lire, notre série d’enquêtes sur l’alimentation : “comment l’industrie agro-alimentaire a intoxiqué mon enfance ?”, et en particulier cette troisième partie au sujet des légumes de la cantine :
C’est l’expérience du minoritaire dans un groupe majoritaire. Lors d’une réunion, on disait que j’étais violente, on m’a même comparé à Daesh, avec des propos ultra-racistes. J’en ai pleuré, épuisée, mais je ne voulais rien lâcher. J’envoie un mail et je reste à la FCPE. Je constate qu’ils aiment parler, à raison, des problèmes sanitaires dans les toilettes, mais lorsque cela devient trop politique tel que les violences sexuelles entre enfants, la question du consentement ou la pédocriminalité, ça ne les intéresse plus du tout… Je fais de “l’entrisme” lorsque je suis dans la FCPE. Quand j’en sors, car on finit par me virer quand même, et qu’on créé l’association “Ensemble pour les enfants de Bagnolet” (EEB), on nous accuse cette fois de “séparatisme”. Les parents des quartiers populaires sont considérés comme démissionnaires, mais s’ils bougent pour leurs enfants, on les démissionne, on les empêche de faire quoi que ce soit pour améliorer le sort de leurs enfants.
Avec notre petite association, on a côtoyé de grandes associations plus nationales comme L214 ou Greenpeace, intéressées par notre démarche. La mairie a commencé à s’intéresser à l’objet de notre combat sur l’alimentation à la cantine. Elle a alors usé de la technique des partis politiques : créer des associations clones en les subventionnant, la mairie détenant des milliers d’euros.
Tu nous as expliqué comment on décrédibilise une mobilisation venant des quartiers populaires : accusation de “communautarisme” ou de “séparatisme”, création d’associations clones… Mais comment la récupère t-on ?
Continuons sur l’exemple de la FCPE. Deux ou trois personnes de cette association de parents d’élèves viennent en mode mouchard dans notre mouvement EEB et observent que ça marche. Et qu’en plus, cela peut intéresser les classes moyennes alentours ! Je constate dans le journal de la FCPE qu’ils prévoient une formation sur la viande, alors même qu’un an avant, sur la même formation, l’une d’entre nous avait été interpellé publiquement pour dire que c’est, au fond, une intervention sur le halal. Ils ont contacté les personnes des associations que nous avions sollicitées auparavant, lors d’une conférence, comme Greenpeace et L214. Ils n’avaient jamais parlé d’alternative végétarienne avant. Les femmes d’EEB ont débarqué dans leur formation pour empêcher leur intervention. A la FCPE, il faut savoir que ce sont des gens qui sont déjà dans des partis politiques qui investissent ces associations, car les parents d’élèves sont électoralement très intéressants. La norme, c’est la récupération, quand ce sont des luttes des quartiers populaires. On leur a mis un stop, à la FCPE, d’arrêter d’en parler sans nous, et ce fut ainsi une récupération avortée. Cette alternative vient des quartiers populaires et personne ne dira le contraire aujourd’hui.
Tu parles de la santé mentale et de la gestion des émotions pendant une lutte. La classe populaire est en effet sans cesse renvoyée à leur “agressivité”, “irrationalité”, ce qui les déstabilise et il devient ainsi difficile de gérer ses émotions. C’est un élément central de ton livre au travers différents dialogues, avec cette phrase qui revient souvent : “Finalement, je ne fais rien”. Peux-tu nous en dire plus ?
Je suis dans une famille militante favorable mais malgré ça, je suis tentée d’arrêter. C’est pas non plus la guerre civile, mais il y a une violence quotidien et insidieuse, alors que tu as d’autres problèmes à gérer. Ce désert politique dans les quartiers se comprend, surtout quand la gauche connaît bien ces techniques de manipulation comme l’islamophobie, une logique née à gauche (à droite, on constate surtout du racisme anti-arabes, anti-migrants, etc). Ils font instrumentaliser des causes nobles : le féminisme, la laïcité…
Je connais beaucoup de gens qui arrêtent, qui sont épuisés. Car il y a eu des effets concrets quand on s’est fait attaquer pour communautarisme : à mon travail, des gens ont envoyé des mails pour parler de moi et de mon engagement pour me dénigrer. En tant que mère, c’était épuisant aussi. Tu as cette idée que tu n’es pas légitime à te plaindre dès lors que ton enfant va bien. Et la mère doit rester sereine, heureuse… Et puis de toute façon, une femme enceinte, ça ne crie pas : il y a aussi cette pression sur la voix, il faut chuchoter, ne pas parler fort… Mais pourquoi en fait ? Pour les enfants, il n’y a pas de raison d’être sur un ton en dessous. Alors déjà, le Français, c’est très monotone, mais là faut vraiment être très neutre ! Et dès qu’on se met à parler normalement c’est pris comme de la colère. Alors que non, c’est juste que je veux parler d’égal à égal et donc je parle normalement.
Mais cela ne concerne pas que la classe populaire, mais les femmes en général, non ?
Tout à fait. On pourrait parler de ces adjectifs stigmatisants comme “hystérique” ou tout simplement “folle”. Donc toute une partie du livre explique ce qu’est le parcours de combattante pour exister politiquement. Déjà pour lutter, pour dire “moi je veux organiser des réunions pour savoir quelle solution on a pour avoir une alternative végétarienne à la cantine”. Mais avant ça, pour en arriver là, il y a toute une lutte pour se sentir légitime. Et ça on ne l’a pas en tête, on peut se dire “les quartiers populaires c’est mort, c’est un désert politique”. Car on fait tout pour empêcher les gens de parler et de se mettre ensemble, avec la stigmatisation de “communautarisme”, on isole les gens.
Mais moi je m’adresse aux gens (en particulier les femmes des quartiers populaires) et je mets des mots dessus, je leur dis “ce n’est pas vous le problème”. Parce que moi au début, je pensais que je faisais partie du problème : je me disais “j’en fais trop”, et autour de moi les gens me le disaient. L’environnement n’aide pas. Donc, c’est bien un système. Mais l’autre élément c’est de dire “regardez, si on reste soudé, on réussit”. Et ce n’était pas évident au début, face à la pression des femmes de mon groupe qui me disaient “moi j’arrête, mon frère s’est fait virer”, ou encore “j’ai une demande de logement social, je ne peux pas faire de vagues”. Chez nous il y a toujours des problèmes de logements trop petits, donc c’est très important. Il y avait cette tentation de rompre. Moi je leur disais “il faut rester soudés”. En fait, on a tenu parce qu’on riait ensemble. Et on a gagné : l’alternative végétarienne on l’a maintenant, à Bagnolet. Alors oui, ça a pris entre 4 et 5 ans. Mais c’est une des rares victoires d’une lutte venue des quartiers populaires en France.
A gauche, on entend beaucoup « mobilisez-vous ! », alors qu’il s’agit d’un slogan souvent abstrait…
Parmi les gens qui disent “mais pourquoi vous ne vous mobilisez pas ?”, il y en a qui ne veulent pas que tu te mobilises. Ils disent “les quartiers populaires devraient se mobiliser”, mais dans le même temps, ils font tout pour que ça n’arrive pas. En ce moment par exemple, on retrouve certains écologistes qui demandent à la classe populaire “mais pourquoi vous ne vous intéressez pas aux questions écologiques alors que vous en êtes les premières victimes ? C’est quand même bête !”. Ce qui est sous-entendu c’est que dans les quartiers populaires on est trop occupé par le chômage, par la misère, par des trucs considérés comme primaires, immédiats. C’est comme des animaux non humains, en fait… Avec ce fantasme de la démographie galopante des quartiers populaires. Comme s’il y a avait une hiérarchie des causes. Il y a un attitude paternaliste et condescendante vis-à-vis des classes populaires de leur part.
La rénovation urbaine, c’est souvent catastrophique pour les quartiers populaires : ça s’accompagne souvent de gentrification et de paupérisation
Pourtant, quand tu es élu, par exemple, il y a des choses à mettre en place pour que les gens puissent se mobiliser. Typiquement, est-ce qu’il y a dans un quartier donné une agora, un espace où on peut discuter ? Je prends l’exemple du quartier des Malassis à Bagnolet. C’est un quartier en rénovation urbaine. Précisons que la rénovation urbaine, c’est souvent catastrophique pour les quartiers populaires : ça s’accompagne souvent de gentrification et de paupérisation. Et aux Malassis, il y avait un grand espace, un truc mal entretenu, mais avec de la place pour les enfants, et les gens s’y retrouvent. Avec la rénovation urbaine, cet espace a été parcellisé. Ils ont coupé et ils ont mis des grilles. Et donc il n’y a plus cet espace où les gens se retrouvent après l’école. C’est visuellement oppressant, ça réduit l’horizon dont celui des enfants.
L’élu, le bailleur et Vinci ne se concertent pas en se disant “comment on va les compartimenter pour les empêcher de faire de la politique ?”. Non, mais c’est un mouvement plus général où en fait dans les quartiers populaires, ont remet en question les grands espaces et on compartimente. Donc si quelqu’un, un politique, veut que “les quartiers populaires se mobilisent”, il faut qu’il ouvre des espaces et des locaux. Nous, pour mener notre lutte, on n’avait pas accès à des locaux. Nous on ne demande pas à avoir de l’argent, on veut un endroit où se réunir !
Les dispositifs participatifs au niveau local, c’est globalement une mascarade
Alors bien sûr, les politiques vont répondre “oui, mais il y a les conseils citoyens” (instances de “démocratie participative”) qui proposent, en parallèle des institutions représentatives, des propositions émanant des “citoyens”. Bon, on sait que ça ne marche pas. Le collectif « Pas sans nous » a étudié leur fonctionnement sur plusieurs années et ça fonctionne toujours de la même façon : les conseils citoyens où tu vas dans le sens des collectivités territoriales, on te laisse, l’élu vient, on discute de tout, tout ce que vous voulez, à partir du moment où vous êtes d’accord avec nous. Mais dès qu’il y a un espace de contre-pouvoir, l’élu vient et sucre tout. Tout espace de contre-pouvoir est combattu. Par exemple dans le quartier de la Capsulerie, la mairie voulait repeindre les façades des immeubles et ils ont demandé au conseil citoyen de choisir la couleur. Donc il y a eu tout un débat et le conseil a choisi vert, ou bleu je crois. Résultat : ils ont mis… du rose. Les dispositifs participatifs au niveau local, c’est globalement une mascarade et tout sauf un espace de mobilisation.