logo_frustration
U

Après la Pologne, la Hongrie, la France dans une certaine mesure (en ce que Macron applique déjà une partie de la politique que l’on pourrait craindre de l’extrême droite et a déjà donné des signes de sa volonté de gouverner avec elle), plus récemment la Suède, c’est maintenant au tour de l’Italie de porter au pouvoir l’extrême droite. Face à cette série infernale, l’indignation morale un peu creuse domine parmi les réactions politiques et médiatiques. Les explications brouillonnes et opportunistes de la victoire d’une fasciste en Italie pullulent. Exposé des faits et analyse, pour aller plus loin et préparer la riposte.

Le retour de l’extrême droite à l’ancienne : que s’est-il passé ? 

Le système électoral italien est différent de celui de la France. En Italie, le pouvoir exécutif (le gouvernement) est nommé à la suite des résultats des “élections générales”, c’est-à-dire les élections du Parlement (400 députés, 200 sénateurs). Les italiens votent au suffrage universel pour la force politique qu’ils préfèrent. Cette élection se fait en un tour. Ce modèle d’élections favorise donc les alliances et coalitions entre les partis, car l’Italie n’a pas un système “bi-partisan” comme les Etats-Unis, et un parti n’a que très peu de chances d’obtenir à lui seul une majorité. Après les élections c’est le président de la République (nommé au suffrage indirect, et qui, à la différence de la France ne dispose là-bas que d’un pouvoir essentiellement symbolique et de garant des institutions) qui désigne la présidence du conseil (c’est-à-dire le ou la chef du gouvernement) en veillant à ce qu’elle corresponde aux résultats des urnes. Le mandat des parlementaires est de 5 ans, mais des élections peuvent se dérouler avant en cas d’instabilité politique pouvant entraîner une “dissolution” du Parlement. 

Cette victoire de l’extrême droite a donc été rendue possible grâce à une alliance entre des partis fascistes et la droite des affaires corrompues de Berlusconi.

La nouveauté par rapport aux autres cas comparables en Europe est que l’extrême droite y est la force centrale et que cette extrême droite a un héritage fasciste affirmé, dans le pays qui a vu naître le fascisme, et dont l’accès au pouvoir s’est fait par le même type d’alliance que le fascisme historique.

Giorgia Meloni, nostalgique de Mussolini, et à la tête du parti fasciste Fratelli d’Italia (“Frères d’Italie”) a fait sa campagne sur des thèmes essentiellement identitaires et réactionnaires, avec pour devise “Dieu, patrie, famille”, hurlant dans un meeting contre les homosexuels qu’elle est une “mère, une italienne et une chrétienne” entre deux tirades contre les étrangers. 

Dans cette archive de 1996, elle est alors militante de l’Alliance Nationale, celle-ci est très claire sur ses références politiques : “Moi je crois que Mussolini c’était un bon politicien, tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour l’Italie. Et on ne le trouve pas ça, dans les politiciens qu’on a eu dans les derniers 50 ans”. On aperçoit d’ailleurs dans ses locaux des affiches du dictateur fasciste. Auparavant, elle militait dans le parti ayant précédé l’Alliance Nationale, le MSI (Mouvement Social Italien), qui avait lui-même remplacé le Parti national fasciste italien de Mussolini après son interdiction en 1946. L’Alliance Nationale est ensuite devenue Fratelli d’Italia (tout en conservant le même logo que le MSI). 

Moi je crois que Mussolini c’était un bon politicien

Giorgia Meloni, nouvelle présidente du conseil italien

On rappellera, à toutes fins utiles, que Mussolini, arrivé au pouvoir il y a exactement un siècle, en 1922, fut responsable de l’instauration d’un régime totalitaire et antisémite, enfermant et tuant ses opposants, livrant les juifs aux nazis, commettant des crimes de guerres et des atrocités lors de ses campagnes impérialistes (en Libye, en Ethiopie, en Yougoslavie, en Grèce, en Albanie…).  

C’est donc son héritière, Giorgia Meloni, qui remporté l’élection avec plus de 26% des voix, au sein d’une coalition composée de la Lega (“Ligue”) de Matteo Salvini et de Forza Italiana de Silvio Berlusconi.

La Lega est le nom de l’ancienne “Ligue du Nord” créée en 1989, qui militait pour la sécession du nord de l’Italie face au sud, qu’elle considérait comme peuplée de “fainéants” et de “parasites”. Petit à petit, la Lega a en partie réorienté son agenda régionaliste pour un nationalisme extrêmement xénophobe. Son leader, Matteo Salvini, a gagné en notoriété lorsqu’il était ministre de l’Intérieur en 2018-2019 du gouvernement Conte I et qu’il multipliait les provocations. Celui-ci a obtenu 9% des voix dimanche dernier.  

Matteo Salvini en Italie sur le balcon où Mussolini, dictateur fasciste avait assisté à un massacre
Article du Parisien du 5 mai 2019

Silvio Berlusconi a quant à lui été président du conseil à trois reprises. Il s’est rendu célèbre, à côté de sa politique libérale en faveur de la bourgeoisie d’affaires, pour ses nombreuses affaires de corruption. Il a été poursuivi dans le cadre de plus d’une vingtaine d’affaires, n’ayant pas souvent donné lieu à des condamnations grâce à la prescription, à la modification de lois et à des amnisties…Il fut tout de même condamné à un an de prison pour “fraude fiscale” en 2012 (peine qui fut évidemment, et comme toujours avec les riches, commuée et aménagée). Auparavant, en 1997 et 1998, il avait été condamné trois fois en première instance pour corruption et financement illicite de parti politique – il a depuis été acquitté ou bénéficié de la prescription. Il a remporté 8% des voix ce dimanche, en tournant essentiellement sa campagne comme un contrepoids aux discours supposés anti-européens de la Ligue et du parti fasciste. 

Silvio Belursconi, ancien président du conseil en Italie , et Alessandra Mussolini, petite fille du dictateur fasciste Mussolini
Silvio Berlusconi aux côtés de son alliée Alessandra Mussolini, petite-fille du dictateur – Article de The Independant du 12 mars 2014

Face à cette alliance des droites extrêmes, se trouvait l’alliance entre le Parti Démocrate d’Enrico Letta et les écologistes, qui fait le score de 26% (19% pour le seul Parti Démocrate). Celle-ci semble payer les bilans de sa politique antisociale menée par Matteo Renzi (2014-2016), par Enrico Letta lui-même (2013-2014) mais surtout par Mario Draghi (2021-2022), ancien banquier de chez Goldman Sachs. Celui-ci est à la tête d’une alliance de circonstances un peu absurdes composée du Mouvement populiste 5 étoiles, de la Lega, du Parti démocrate qui le soutenait vivement, de Forza Italia, des partis centristes et du parti de gauche Libre et égaux.
L’économiste Gilles Raveaud, reprenant les analyses de Dani Rodrik, économiste turc et professeur à Havard, fait d’ailleurs de la “revendication des bienfaits de la mondialisation” par la social-démocratie, et les politiques qui s’en suivent, l’une des principales causes de la montée de l’extrême droite en Europe. 

La troisième force politique importante de l’élection était le Mouvement 5 étoiles, mouvement populiste initialement fondé en 2009 par l’humoriste Beppe Grillo, qui mélangeait confusément des discours “anti-système”, “anti-élites”, “anti-corruption”, écologistes et anti-immigration, rendant le parti difficile à classer sur l’échiquier politique classique. Le parti n’a toutefois pas hésité à s’allier avec l’extrême droite de Salvini quand il le fallait afin de former les gouvernements de Giuseppe Conte (2018-2019 puis 2019-2021), également candidat pour cette élection et responsable de la chute du gouvernement Draghi

Giorgia Meloni est bien une fasciste, mais ce n’est pas (encore) le fascisme

Soyons clair : l’accession au pouvoir d’une fasciste ne signifie pas qu’un Etat prend, du jour au lendemain, une forme fasciste. Pour le moment, les conditions historiques et matérielles de l’avènement d’un régime fasciste ne sont pas réunies : des masses de jeunes hommes militarisés facilement mobilisables, l’instauration d’un parti unique, l’emprisonnement et le meurtre en masse des opposants politiques, une politique impérialiste d’annexion contre l’Ethiopie ou la France, la répression de mouvements révolutionnaires et syndicalistes offensifs qui n’existent plus actuellement… tout ceci est assez peu probable dans l’immédiat.

Giorgia Meloni, dirigeante des Frères d' Italie , en face du portrait du Mussolini, dictateur fasciste
Giorgia Meloni, devant le portrait de Mussolini (Archive Ina)

Cela n’enlève rien au fait que Meloni soit fasciste : c’est son héritage et son logiciel politique. Elle est une fasciste qui n’aura pas dans ses mains l’intégralité des outils, ni le besoin, pour mettre en place un réel régime fasciste.

Toutefois, cela n’a rien de rassurant : la fascisation est un processus. Mussolini lui-même a joué le jeu des institutions pour un temps, a pris soin de rassurer la bourgeoisie italienne et même européenne, avant de totaliser le pouvoir. C’est la stratégie qu’a imité Hitler et le parti nazi après l’échec du coup d’Etat.

Autrement dit, si l’Italie n’est pas encore fasciste, et même si un fascisme du XXIe siècle n’aura très probablement pas la même forme, pas la même esthétique ni la même configuration que celui des années 1920, il n’empêche que cette dynamique est extrêmement dangereuse. Dans un contexte d’inflation galopante, de guerre en Europe, de risque de crise financière majeure, d’une obsession autour de la crise migratoire, elle pourrait aboutir à la mise en place de nouveaux types de régimes autoritaires et brutaux, voire génocidaires. 

« Génocidaire » le mot est fort, mais ce risque est bien là lorsque l’on tire conséquemment le fil de ce qui est aujourd’hui la matrice de l’extrême droite : « le grand remplacement » présenté comme un « risque vital » contre lequel la seule solution est la « remigration », ainsi qu’une vision belliciste et performative du «choc des civilisations ».

En France, les analyses bidons pullulent

En France, il est difficile de trouver des analyses satisfaisantes de la situation.

La lecture typiquement “LFI” tourne autour de la disparition de la gauche fondue dans la droite centriste et libérale. Incapables d’avoir une réelle alternative sociale, les italiens se tourneraient vers une autre alternance.
Cette explication, qui a des éléments de justesse – l’absence d’une alternative radicale anticapitaliste conséquente -, n’est que moyennement satisfaisante. Si les électeurs italiens avaient voté par colère contre leurs précédents gouvernements, on est en droit de supposer qu’ils n’auraient pas voté pour une alliance dont deux des figures centrales sont Silvio Berlusconi, 85 ans et trois fois président du conseil (1994-1995, 2001-2006, 2008-2011), et Matteo Salvini, ancien ministre de l’Intérieur (2018-2019) ultra-médiatisé du premier gouvernement de Giuseppe Conte. 

Cela reviendrait à dire que les Français voteraient par exemple pour une alliance composée de Nicolas Sarkozy et Manuel Valls par lassitude des précédents mandats… Ce n’est pas pleinement convaincant.

La lecture “souverainiste de droite” incarnée par exemple par Michel Onfray, très vocal sur le sujet, est que cela serait la conséquence d’une “colère contre l’Europe de Maastricht”.
Mais c’est passer à côté du fait que Giorgio Meloni ne propose et ne fera ni la sortie de l’euro, ni la sortie de l’Europe. Le sujet principal de crispation vis-à-vis de l’Union Européenne est autour de l’espace Schengen et de la question migratoire. Mais nous savons déjà que si l’UE n’acceptera en aucun cas la mise en place de programmes économiques et sociaux de rupture, ou même banalement sociaux-démocrates ou keynésiens, comme nous l’avons constaté lors de la crise grecque avant l’abdication lamentable d’Alexis Tsipras, nous savons aussi qu’elle pourra très bien composer avec des régimes xénophobes, comme elle le fait déjà, sous couvert de condamnations morales ponctuelles et inconséquentes. Comme Marine Le Pen et Eric Zemmour avant elle, Giorgia Meloni a largement modéré ses positions sur l’Europe pour les rendre les plus compatibles possibles avec les élites capitalistes italiennes. 

Michel Onfray, toujours dans les bons coups…

En Suède, la campagne s’est beaucoup concentrée sur la montée dramatique de l’insécurité (guerres des gangs et attaques à la bombe) dans les communautés immigrées. En Italie, le lien immigration-insécurité n’est pas très persuasif : le crime organisé et l’insécurité y sont un tel phénomène historique que tout le monde sait qu’ils ne sont pas spécialement le fait d’immigrés. D’ailleurs, chose qui pourrait paraître surprenante en France, les militants de gauche italiens sont parfois très actifs dans la lutte contre le crime organisé. Ils sont par exemple très représentés dans l’ONG anti-mafia Libera. L’idée que la lutte contre l’insécurité et la violence qui minent les quartiers populaires aurait été laissée à la droite est donc relativement erronée. 

L’appauvrissement des classes moyennes : l’Union Européenne coupable

Si l’analyse de l’arrivée de l’extrême droite comme une volonté populaire de résistance à l’UE paraît fausse et fantasmée, cela ne veut pas dire pour autant que l’Union Européenne, la forme la plus avancée du programme néolibéral, n’y est pas pour beaucoup dans la situation italienne.

Une analyse de classe de la montée de l’extrême droite repose souvent sur l’appauvrissement réel des classes moyennes. Terrifiées par leur paupérisation, ayant le sentiment – à raison – d’être abandonnées par l’Etat, et excitées en permanence par la bourgeoisie et les médias contre plus pauvres qu’elles, une partie d’entre elles peut être tentée par l’extrême droite ou le fascisme, qui apparaissent comme une manière de conserver sa situation privilégiée par rapport à plus pauvres qu’elle (parfois les immigrés donc). La propagande de droite, non contrebalancée par une propagande de gauche qui ferait émerger une conscience de classe commune et ferait voir les intérêts communs entre les travailleurs pauvres et ceux des classes moyennes, réussit la prouesse de faire croire à ces classes moyennes que leur situation de disparition progressive serait liée aux classes populaires et aux immigrés, qui profiteraient de leurs impôts (pour ceux au chômage), ou monopoliseraient les emplois (pour ceux qui travaillent). C’est une stratégie extrêmement banale du pouvoir bourgeois que de diviser pour mieux régner et de diriger la colère populaire contre les plus vulnérables plutôt que sur les principaux responsables, c’est-à-dire les capitalistes. Et c’est bien très caricaturalement la situation italienne actuelle. 

C’est d’ailleurs tout le malentendu sur le fascisme. Un lieu commun en fait l’action d’une masse des couches populaires enragées. Le plus souvent sa base sociale repose plutôt sur  une classe moyenne qui a cru dans les mythes de la société libérale et rêvait d’embourgeoisement, et qui arrive, du fait d’un déclassement violent, au sein des classes populaires qu’elle se plaisait à mépriser par effet de mimétisme avec la classe qu’elle admirait (la bourgeoisie). La base de l’extrême droite peut donc reposer en partie sur des classes populaires, mais des classes populaires composées de classes moyennes déclassées et frustrées. Une alliance de fait se met ensuite en place avec la droite bourgeoise qui fait mine de s’intéresser aux problèmes de ces nouvelles classes populaires mais toujours sur un mode culturel, xénophobe et répressif. 

Or comme le rappelle l’économiste David Cayla, membre des Economistes atterrés : “L’Italie est sans doute le pays qui a le plus souffert des effets du marché unique et de l’euro. Les italiens sont plus pauvres en moyenne aujourd’hui qu’il y a 20 ans.” Il explique dans ses travaux que l’unification économique de l’Europe a contraint “l’Europe périphérique” à se spécialiser dans les services et le tourisme, et à s’appauvrir. Comme dans beaucoup d’autres pays européens, aucune force de gauche n’a mené de campagne claire sur ce sujet européen central.

L’Italie est sans doute le pays qui a le plus souffert des effets du marché unique et de l’euro

David Cayla, membre des ÉCONOMISTES ATTERRÉS


Cet appauvrissement est donc bien lié à l’Union Européenne. Sans discours de classe offensif contre les responsables, c’est bien une forme de discours mélangeant xénophobie et quelques éléments populistes anti-riches et nationalistes qui prend le dessus, au bénéfice d’une bourgeoisie rassurée de voir une énergie potentiellement révolutionnaire se mobiliser contre d’autres éléments de la population qu’elle craint (les travailleurs pauvres, les  immigrés…). 

Les dégâts de la banalisation médiatique de l’extrême droite 

Les médias capitalistes jouent le même rôle qu’à l’époque de l’avènement du fascisme. On se demande souvent comment des régimes aussi criminogènes pouvaient être acceptés aussi largement : ce fut le rôle des médias qui ne craignaient rien d’autre plus que le communisme (aujourd’hui « l’islamo-gauchisme » ou le wokisme, c’est selon). 

Pendant toute la période fasciste, d’importants dispositifs de propagande venaient euphémiser et dissimuler en permanence la nature réelle des régimes fascistes.

Il faut faire le lien entre le moment d’extrême révisionnisme que nous vivons et la banalisation actuelle du fascisme qui se fait en deux actes : dire que la montée du fascisme aujourd’hui n’est pas fasciste pour la normaliser, tout en relativisant le fascisme du XXième siècle. En France, l’opération est, notamment, menée par Zemmour, lui-même ancien journaliste, et sa vision pétainiste de la collaboration, mais aussi par le Figaro s’agissant du franquisme. En effet, Zemmour s’est évertué à répandre la vision consistant à faire du Maréchal Pétain un “moindre mal” ayant permis de temporiser voire de “sauver des juifs”. En plus d’être contestée par les historiens, cette ligne est celle qui a servi de défense aux collaborationnistes après la guerre. Quant à lui, Le Figaro (qui d’ailleurs employait pendant longtemps Zemmour à 9 700 euros par mois), s’est fait le relai de la propagande franquiste rendant responsable de la gauche espagnole des violences de la guerre civile (1936-1939). Les historiens sérieux se sont dit “atterrés” par cette entreprise de “falsification”. 

Dans le cas de Giorgia Meloni, cela passe par l’invention de termes flous et peu définis comme “post-fascisme”. Parfois la qualification politique est totalement absente, comme par l’agence Reuters qui se contente de montrer l’émotion des partisans de Meloni. L’insistance, par exemple de la BBC, sur “la première femme à être présidente du conseil” qui nous ferait presque passer son éléction pour un progrès. Une liste plus exhaustive de ces euphémismes a été faite par Joshua Potash, militant américain. 

La banalisation ne porte pas que sur les politiques, mais aussi sur les idées et les solutions de l’extrême droite. En mobilisant en permanence les chaînes de télévision sur des thématiques réactionnaires et jamais sociales, les médias capitalistes participent à préparer les esprits à des solutions autoritaires.
Quel bilan brillant pour ceux qui affirmaient qu’exposer partout les idées d’extrême droite permettrait de mieux les combattre… 

Des résistances possibles ?

L’élection d’une fasciste et d’un gouvernement d’extrême droite ne signifie pas un soutien populaire massif derrière celui-ci. L’élection a été marquée par l’abstention de près d’un tiers des électeurs et des premiers actes de résistance se mettent en marche, comme des occupations d’écoles à Milan

Toutefois, ne rêvons pas : avec des organisations de gauche et des syndicats balayés, une propagande fasciste croissante, la situation va être dure pour les travailleurs et les pauvres en Italie.

Karl Marx débute Le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte (1852) par une idée qui semble plutôt bien résumer sa pensée et éclairer une partie de l’actualité politique européenne : “Hegel remarque quelque part que tous les grands faits et les grands personnages de l’histoire universelle adviennent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.” Il est possible que les années 2020 soient la répétition grotesque des années 1920, et Giorgia Meloni, nouvelle présidente du Conseil italien, la version farcesque de Mussolini. 

Cela nous donne une direction : rediaboliser le fascisme en rappelant sa nature profonde, mais en dépassant la simple indignation morale, afin de montrer ses liens intrinsèques avec le capitalisme et la bourgeoisie. Même si cela peut sembler un voeu pieux, nous ne pouvons rien faire d’autre que de plaider pour l’affirmation d’un mouvement social décomplexé, anti-UE et anticapitaliste, qui cesse de se corrompre avec l’adversaire, prêt à tout pour défaire les nouveaux fascistes – alliés de la bourgeoisie. 


Rob Grams