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Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale et des sports, enchaîne les déclarations mensongères, voire stupides et de mauvaise foi, depuis qu’elle fait partie des gouvernements d’Emmanuel Macron. Épouse d’un ex-PDG de la Société Générale et actuel PDG de Sanofi, nièce d’éditorialistes et ex-directeur de France télévision, multimillionnaire, on pourrait dire, en étant polis, qu’elle est plongée dans un grand nombre de conflits d’intérêts. On pourrait s’indigner de son attitude face à la presse, de ses mensonges répétées (elle a prétendu qu’elle avait mis son fils dans le privé car les enseignants de l’école publique étaient trop souvent absents, ce qui s’est avéré faux) et son maintien en poste malgré le scandale… Mais ce serait oublier qu’elle fait partie de la bourgeoisie : une classe dominante sûre d’elle, persuadée d’être dans son bon droit et dont les idéaux et les façons de penser sont très différents des autres. Tour d’horizon de ce qu’il se passe dans la tête d’un.e bourgeois.e.

1 – Un rapport délirant à l’argent : 

En novembre 2023, Amélie Oudéa-Castéra, qui n’était alors que ministre des sports, est auditionnée par la Commission d’enquête relative à l’identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport sur son passé de directrice générale de la Fédération Française de Tennis, poste qu’elle a occupée durant un peu plus d’un an entre mars 2021 et mai 2022 – alors nommée ministre du second quinquennat de Macron. Interrogée par le député LFI François Piquemal sur l’importance de sa rémunération à ce poste de direction – 500 000 euros par an, 35 000 net par mois, elle répondait en ces termes : “Je comprends très bien que 500 000 euros puisse paraître élevé au regard des standards de vie des Français…” avant de justifier sa rémunération par la manne financière que représente le tournoi de Roland Garros, et d’affirmer “Cette institution ne touche pas le moindre euro de subvention publique“. Sauf que c’est… faux ! La commission d’enquête a établi depuis que la FFT touchait bien de l’argent du contribuable, au moins plus d’un millions d’euros par an. Une fois ce mensonge exprimé, la ministre s’est victimisée devant les députés, précisant que pour aller diriger la FFT, elle avait “divisé par X sa rémunération et que le sujet c’est la passion”.

Ce qu’elle évoque certainement, c’est sa précédente rémunération en tant que “directrice e-commerce, data et transformation digitale” du groupe Carrefour : 1,4 millions d’euros par an. 

“Si je rapporte ma rémunération actuelle (celle de ministre, soit 10 000 euros + 100 000 euros de frais de représentation par an + chauffeur et avantages divers) au volume d’heure que chaque semaine je m’enfourne en bossant jour nuit week-end, je ne suis pas bien payée… c’est pas grave : j’ai une mission fondamentale dans un moment fondamentale pour le pays et je suis passionnée toute entière à mes responsabilités”

Amélie Oudéa-Castéra, novembre 2023

C’est l’argument choc des bourgeois quant à la “relative faiblesse” de leur rémunération : ils sont forcément moins payés que le voisin. Car dans le groupe des 1% les plus riches, les différences sont énormes, bien plus grandes qu’entre une personne qui touche le SMIC et un cadre moyen. On fait partie des 1% les plus riches quand on touche 10 000 euros net par mois, avant impôt, c’est-à-dire en gros le salaire d’un ministre ou d’un commandant de bord chez Air France (le second fait atterrir un Airbus, le premier fait crasher le pays, mais ils sont payés pareil, allez comprendre). Mais ce n’est vraiment rien à côté de ce que touche Bernard Arnault chaque minute (50 000 euros). Or, depuis leur tendre enfance, les bourgeois se classent entre eux : la réputation est étroitement liée au revenu. D’ailleurs, chaque année, le magazine des fans officiels de la bourgeoisie, Challenges, classe le patrimoine des 500 plus grandes fortunes.

En 2017, les députés LREM, ex-cadres sup du secteur privé, faisaient l’expérience de la précarité : 5000 euros d’indemnités mensuelles et 7500 euros de frais de mandat, dur dur. Dans le même temps, ils votaient le pire plan d’austérité sur la santé et réduisaient les APL.

Ils se sentent donc facilement pauvres ou modestes mais ont surtout le sentiment de mériter de telles rémunérations. L’argument d’Amélie Oudéa-Castéra dans sa réponse au député est, de ce point de vue, particulièrement révélatrice des histoires qu’on peut se raconter pour être à l’aise avec ses propres privilèges : “Si je rapporte ma rémunération actuelle (celle de ministre, soit 10 000 euros + 100 000 euros de frais de représentation par an + chauffeur et avantages divers) au volume d’heure que chaque semaine je m’enfourne en bossant jour nuit week-end, je ne suis pas bien payée… c’est pas grave : j’ai une mission fondamentale dans un moment fondamentale pour le pays et je suis passionnée toute entière à mes responsabilités” – La légende des PDG et des ministres qui bossent nuit et jour – ils comptent là-dedans les dîners, les soirées de gala et autres mondanités atrocement pénibles – devrait être comparée à la réalité du travail de nuit des intérimaires de la logistique, des journées à rallonge des agriculteurs, de la charge mentale des travailleuses et travailleurs de la santé… Et alors on pourrait discuter. 

Qu’Amélie Oudéa Castéra ait un rapport délirant à l’argent – de notre point de vue, celui de gens qui gagnent des revenus moyens ou modestes comme la majorité de la population – s’explique parfaitement. Son enfance dans les beaux quartiers de Paris, son milieu social, ne la mettent qu’en contact avec des gens comme elles qui ne doutent jamais de la pertinence de leur rémunération et qui se jalousent mutuellement. La question est : pourquoi ce sont des gens qui ont un tel rapport à l’argent qui sont chargés de prendre des décisions ayant des conséquences financières pour nous ?

2 – Une confusion totale entre secteur privé et service public

Amélie Oudéa Castéra est mariée à Frédéric Oudéa. Ce nom est sans doute familier à ceux qui s’intéressent aux magouilles financières : ce monsieur a longtemps dirigé la Société Générale. Il a été mêlé à l’affaire des Panama Papers, un énième scandale qui a révélé les pratiques fiscales de grandes fortunes et de banques françaises, parmi lesquelles la Société Générale. En 2016, la presse s’est rendu compte que la Société Générale avait créé de nombreuses sociétés offshore (permettant l’évasion fiscale) avec l’aide d’un cabinet panaméen, alors que Frédéric Oudéa avait affirmé, 4 ans plus tôt, devant une Commission d’enquête sénatoriale, que sa banque n’avait plus de lien avec le Panama. Un mensonge sous serment donc. Mais dans sa grande générosité, les sénateurs ont décidé de ne pas le poursuivre, solidarité de classe oblige. 

Sa participation à la dissimulation de mécanismes d’évasion fiscale de grande ampleur est d’autant plus choquante qu’à la base, Frédéric Oudéa est un inspecteur des finances, c’est-à-dire un poste prestigieux dans la Haute fonction publique. Il a été formé par des grandes écoles publiques, Polytechnique et l’ENA, pour servir l’Etat. Il a même été conseiller ministériel du ministre du budget, un certain Nicolas Sarkozy, dans les années 90… avant de mettre ses connaissances au service d’une banque privée qui a donc arnaqué l’Etat et le contribuable en prenant part à des montages de fraude fiscale.

Frédéric Oudéa, le mari d’Amélie Oudéa-Castéra, a dirigé la banque qui a arnarqué plus d’une fois l’Etat. Désormais il dirige Sanofi. Quelqu’un voit le problème où il faut expliquer ?

Mais en revanche, l’Etat a bien été là pour cette banque, la renflouant de plusieurs milliards d’euros après la crise financière de 2008… ce qui n’a pas empêché ses dirigeants, parmi lesquels Frédéric Oudéa, de tenter de s’octroyer de généreux stock options sur le dos du contribuable. Avant de devoir y renoncer sous pression du gouvernement Sarkozy. 

En tant qu’individu, leur parcours requiert de saisir toutes les opportunités, et les allers-retours publics-privés en sont. En tant que classe, il leur faut tenir à la fois l’Etat et la direction du secteur privé pour s’enrichir pleinement. Ce qu’ils nomment, pour le folklore, “intérêt général”, n’est rien d’autre qu’un intérêt de classe.

Amélie Oudéa-Castéra, qui a suivi le même parcours typique de la bourgeoisie française (école, collège et lycée des beaux quartiers parisiens, Sciences Po, ENA – tout ça au frais du contribuable évidemment, mais entre semblables bourgeois) a elle aussi fait des aller-retours entre public et privé. Elle commence elle aussi sa carrière comme haut fonctionnaire, à la Cour des comptes, avant de partir travailler chez Axa puis Carrefour, et de revenir dans le public comme ministre donc. On comprend bien l’intérêt pour le secteur privé de recruter des hauts fonctionnaires : ils connaissent les rouages de l’Etat, y ont toujours des accointances et savent donc utiliser voire instrumentaliser la législation et l’argent du contribuable pour le profit des actionnaires. On comprend aussi l’intérêt pour les jeunes bourgeois d’aller vers la haute fonction publique : quand ils partent dans le privé, ils restent des fonctionnaires détachés et peuvent donc retrouver un poste à tout moment, c’est un peu leur assurance-chômage à eux… Mais quel intérêt pour le citoyen et contribuable d’avoir une ex-dirigeante de Carrefour comme ministre ? Quelle sévérité peut-on par exemple attendre, sur des sujets comme l’inflation alimentaire, de ministres qui pensent toujours à leurs anciennes entreprises (et, généralement, y retournent car cela paye mieux) ? 

La séparation entre le public et le privé est une fable à laquelle nous autres citoyens de base sommes les seuls à croire. Car les bourgeois, eux, s’en moquent. Ils ne font aucune différence, n’ont aucun “sens de l’Etat” comme ils aiment à se le raconter, et la notion “d’intérêt général” leur est absolument inconnue. En tant qu’individu, leur parcours requiert de saisir toutes les opportunités, et les allers-retours publics-privés en sont. En tant que classe, il leur faut tenir à la fois l’Etat et la direction du secteur privé pour s’enrichir pleinement. Ce qu’ils nomment, pour le folklore, “intérêt général”, n’est rien d’autre qu’un intérêt de classe.


Qu’est-ce que la bourgeoisie ? 

La classe bourgeoise est la classe dirigeante dans notre système capitaliste. Elle cumule direction du travail via les entreprises, direction de l’Etat et direction des médias. Cette classe sociale regroupe les personnes qui possèdent les moyens de production et leur famille. C’est-à-dire, tous ceux qui ont du patrimoine financier et immobilier. Mais de l’immobilier productif : posséder des logements que l’on loue à d’autres, et pas simplement le sien. Mais aussi posséder un nombre d’actions conséquent qui nous donne une place dans les orientations stratégiques d’une ou plusieurs entreprises. Au sein d’une même famille bourgeoise, certains sont les détenteurs actif du capital – dans le cas de la famille Oudéa-Castéra, le mari, comme souvent – d’autres occupent les fonctions nécessaires à le valoriser ou le faire fructifier juridiquement ou symboliquement, comme la politique ou la présidence de fondations. Il ne suffit pas d’être riche pour être bourgeois : un joueur de foot rapidement enrichi ou un gagnant du loto ne font partie de cette classe qu’au prix de longs efforts d’intégration sociale, de placements financiers ou de changement de mode de pensée. Ils restent souvent toute leur vie des “nouveaux riches” aux yeux de la bourgeoisie.


3 – Des liens familiaux au service d’une domination de classe

Amélie Oudéa-Castéra est donc une ministre qui a un mari qui a menti devant le Sénat, qui a dirigé une banque qui s’est gavée de l’argent du contribuable, sans que cela ne dérange personne. Désormais, il préside le conseil d’administration de Sanofi. Il représente donc, pour la modique rémunération de 880 000 euros par an, les actionnaires de l’entreprise d’une entreprise pharmaceutique dont les profits dépendent largement de décisions étatiques, notamment la fixation des prix du médicament (qui est régulièrement négociée entre le ministère de la santé et les labos). Ça ne semble déranger absolument personne que son épouse fasse partie d’un gouvernement susceptible de faire grimper les profits de Sanofi. En langage journalistique, on appellerait ça un “conflit d’intérêt”. Mais ce serait faire comme si les intérêts du gouvernement et des grands groupes diffèrent. Nul conflit là dedans : simplement une énorme entourloupe pour les citoyens. 

le 16 janvier dernier, Alain Duhamel était de passage sur le plateau de France Info et cordialement invité à commenter l’affaire Oudéa-Castéra… Une polémique qui concerne donc sa propre nièce. 

Mais ce n’est pas le seul lien familial qui peut être utile à la bonne fortune des Oudéa-Castéra et de leur classe sociale. La ministre de l’éducation et des sports est aussi la nièce de deux piliers du monde médiatique français : Alain et Patrice Duhamel. Le premier est éditorialiste BFM TV après une longue carrière dans un grand nombre de chaînes TV et radio (France culture, RTL, France 2 etc.). Le second a longtemps dirigé le groupe France Télévision. Son épouse n’est autre que Nathalie Saint Cricq, ex directrice du service politique de France 2 et désormais éditorialiste. Leur fils est Benjamin Duhamel, “étoile montante” de BFM TV et “journaliste politique” (ça veut dire commentateur de politique politicienne, comme dans un bistrot mais sans Picon bière). Ces gens sont des éditocrates, c’est-à-dire des gens qui ont le pouvoir d’influence médiatique susceptible de dire si, oui ou non, cette affaire-là est un scandale, si cette loi-là est injuste, si les Français sont des cons, ou non, de ne pas aimer Macron. 

Benjamin Duhamel (BFM TV) est le fils de Patrice Duhamel (ex-directeur de France Télévision) et Nathalie Saint Cricq (ex-directrice du service politique de France 2). Journaliste politique, il est payé pour commenter les débuts d’un gouvernement dont fait partie sa cousine, Amélie Oudéa-Castéra.

Et la profession ne semble pas du tout trouver ça problématique : le 16 janvier dernier, Alain Duhamel était de passage sur le plateau de France Info et cordialement invité à commenter l’affaire Oudéa-Castéra… Une polémique qui concerne donc sa propre nièce. 

Il ne faut pas sous-estimer l’importance de la famille dans la classe bourgeoise. Comme l’ont bien montré les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot dans leurs nombreux travaux sur la classe dominante, la famille est à la fois pour eux un moyen et une fin. Un moyen parce que les nombreux liens qu’elle crée, au sein de familles nombreuses (les bourgeois font des “cousinades”, des grandes festivités où les cousins et cousines s’échangent leurs bons plans), permettent à tous ses membres de parvenir et de s’enrichir. Mais c’est aussi une fin car, comme l’aristocratie avec laquelle la bourgeoisie française s’est hybridée au 19e siècle, elle tient à faire fructifier et à transmettre son capital de génération en génération. Encore aujourd’hui, des entreprises entières sont tenues par la même famille sur des générations : on ne peut ainsi pas posséder ou diriger une entreprise du groupe Mulliez si on ne fait pas partie de la famille. 

4 – Une classe plus réactionnaire qu’on le croit. Être fasciste lui demanderait peu d’effort

Si Amélie Oudéa-Castéra est sous le feu des projecteurs c’est parce qu’elle a envoyé ses trois enfants dans le privé et a raconté des mensonges pour couvrir ce choix un poil contestable pour quelqu’un qui prétend diriger l’éducation nationale. Mais elle ne les a pas envoyés n’importe où : dans le complexe scolaire Stanislas.

Stanislas, comme l’École Alsacienne où la plupart des politiques inscrivent leur progéniture et où Gabriel Attal a pu devenir un “jeune homme brillant” est un établissement privé et sélectif qui permet d’abord aux bourgeois d’assurer à leurs enfants un entre soi. L’objectif est de faire en sorte qu’ils ne rencontrent que des gens de leur classe sociale et, qu’ensemble, ils nouent des relations utiles pour l’avenir. Le secteur privé permet cela pour la grande bourgeoisie à Paris et pour la moyenne bourgeoisie dans toutes les autres villes de France, qui ont toujours leur collège ou lycée Sainte Marie de la Praline où les gens respectables peuvent espérer s’assurer que leur marmaille fasse les bonnes rencontres.

Mais ces établissements n’ont de privé que le nom : en réalité, ils sont bel et bien financés par le contribuable – l’enseignement privé coûte 12 milliards d’euros par an aux finances publiques – et, dans le cas des lycées parisiens, de façon bien plus copieuse que les établissements publics équivalents. Dans une enquête intéressante, le journal Le Monde le montre clairement : sur les 30 lycées parisiens les mieux dotés par l’Etat, un seul est public. Tous les autres sont “privés” et confessionnels, essentiellement catholiques ou juifs. Pourtant, ce sont aussi eux qui concentrent les élèves les plus aisés. 

C’est toute l’originalité et l’astuce de la bourgeoisie française par rapport à ses semblables britanniques ou nord-américaines : elle fait payer à l’ensemble des contribuables ses établissements privés d’exceptions dans le secondaire et ses grandes écoles dans le supérieur. Elle a obtenu la concentration des moyens de l’Etat pour ses enfants et assiste, le sourire aux lèvres, à la dégradation des formations qui sont réservées aux restes de la population. 

La classe bourgeoisie fait payer à l’ensemble des contribuables ses établissements privés d’exceptions dans le secondaire et ses grandes écoles dans le supérieur. Elle a obtenu la concentration des moyens de l’Etat pour ses enfants et assiste, le sourire aux lèvres, à la dégradation des formations qui sont réservées aux restes de la population. 

Mais ce n’est pas tout : les établissements privés dans lesquels elle place ses enfants au frais du contribuable sont donc très souvent religieux et conservateurs. Cet été, un rapport d’inspecteur de l’Education Nationale est arrivé sur le bureau du ministre de l’époque, Gabriel Attal. Il montre les dérives hallucinantes du groupe scolaire Stanislas, celui des enfants d’Amélie Oudéa-Castéra. D’abord, il montre que l’établissement sous contrat avec l’Etat ne respecte clairement pas la laïcité puisqu’il oblige tous ses élèves à assister à des séances de catéchisme. En théorie, ce n’est pas légal : mais le député Paul Vannier, co rapporteur d’une mission parlementaire sur l’école privé, explique à Mediapart que les contrôles de l’Etat à Stanislas comme dans le reste du secteur privé sont très léger et qu’il y a une reconduction tacite des contrats…, Ensuite, il a un règlement intérieur complètement délirant qui commente point par point la tenue convenable pour les filles (interdiction des dévardeurs, des sweats à capuche, de certains type de décolleté, de pantalon trop larges etc.). La non-mixité est possible, si les parents le choisissent pour leur enfant. Pour finir, il accueille des intervenants homophobes et anti-avortement. Mercredi 17 janvier, Mediapart a revelé l’enregistrement d’un intervenant qui, devant des élèves de première, explique que le « désir homosexuel est un désir de viol ». Il prône aussi la « guérison » pour les personnes gays, les appelant à faire « vœu d’abstinence ».

Quand on pense qu’au moment où Gabriel Attal a reçu ce rapport accablant il a déployé son énergie à combattre le port de l’Abaya à l’école, le faisant passer pour tenue religieuse à interdire au nom de la laïcité, cela montre bien ce qu’est devenue cette notion : le bras armée d’une politique anti-musulmane.

Mettre ses enfants à Stanislas est donc un choix politique et moral. C’est accepter l’obscurantisme religieux catholique, l’homophobie et le sexisme. Accessoirement, c’est un énième “conflit d’intérêt” pour la ministre qui devrait, dans un pays démocratique mais ce n’est pas le cas, intervenir pour remettre cet établissement où ses enfants sont scolarisés dans le droit chemin. Combien d’autres établissements fréquentés par les enfants de la bourgeoisie sont aussi réactionnaires que Stanislas ?

On comprend mieux, quand on voit avec quelle conservatisme la bourgeoisie fait élever ses enfants, ce que sont ses conceptions profondes de la société. On comprend mieux pourquoi Macron, un temps célébré comme un type libéral mais ouvert sur les mœurs, est en train de devenir un pétainiste qui rêve de politique nataliste et mise au travail forcée de la population. On s’étonne moins de savoir que sa belle-fille a ouvert une école privée dotée d’un enseignant néo-nazi. 

Cette classe bourgeoise n’est pas seulement profiteuse, menteuse, perpétuellement dans la triche et la magouille : elle est aussi autoritaire et décidément prête pour le fascisme. Et nous, est-on prêt à lui prendre ce qu’elle nous vole, à commencer par le pouvoir sur nos vies ?


Nicolas Framont


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